16 Vayathinile
Traduction : À 16 ans
Langue | Tamoul |
Genre | Drame |
Dir. Photo | P. S. Nivas |
Acteurs | Kamal Hassan, Rajinikanth, Sridevi, Kantimathi |
Dir. Musical | Maestro Ilaiyaraaja |
Paroliers | Gangai Amaren, Kannadasan, Alangudi Somu |
Chanteurs | Maestro Ilaiyaraaja, P. Susheela, S. Janaki, Malaysia Vasudevan |
Producteur | S. A. Rajkannu |
Durée | 133 mn |
Dans un petit village du Tamil Nadu…La jeune Mayil, âgée de 16 ans (d’où le titre), est non seulement la plus jolie du village mais, intelligente, elle se destine à devenir enseignante. Espiègle, elle n’est encore qu’une enfant sur bien des points, notamment dans son comportement envers Chapani, jeune homme mentalement déficiant qui vit avec sa mère et elle. Mayil profite, un peu cruellement, de l’amour inconditionnel de ce dernier à son égard pour obtenir ce qu’elle veut.
Malheureusement, elle excite également la convoitise de Parattayan, un voyou incapable qui passe ses journées à boire et à se battre.
Le cours tranquille de la vie du village est bousculé par l’arrivée d’un vétérinaire ayant vécu à l’étranger. Mayil tombe sous le charme et découvre les premiers sentiments amoureux.
Pathinaru Vayathinile est un superbe drame qui illustre la fragilité et la vulnérabilité des jeunes filles face à leurs premiers émois amoureux. L’histoire se passe au Tamil Nadu à la fin des années 70, mais le message de fond est étonnemment parlant pour une jeune fille de notre époque. Le spectateur assiste tout au long du film au changement profond de Mayil, passant de la femme-enfant fragile et enjouée, à la jeune femme consciente des hommes, du danger qu’ils peuvent représenter, et au fait des devoirs qu’elle se doit d’accomplir.
Ce film marque également un tournant dans le cinéma tamoul. Il inaugure la vague du cinéma "réaliste".
Jusque là, les "villages" représentés dans le cinéma étaient propres, colorées, reconstitués en studio, plein de villageois souriants aux outils à peine utilisés et costumes neufs, parlant un dialecte inventé de toute pièce. C’est bien là l’une des plus belles réussite de 16 Vayathinile. Bharathiraja a effectué un gros travail d’écriture pour faire parler à ses personnages le jargon villageois le plus proche de la réalité, afin de mieux retranscrire le cynisme de certains et l’émotion des autres.
Si l’on se penche d’un peu plus près, ce film brise toutes les règles en vigueur alors dans le cinéma tamoul. Bharathiraja sort des studios pour mener la caméra dans la poussière de la région, et brise la règle du beau héros tiré à quatre épingles (quel que soit le rôle qu’il interprète) pour dépeindre un homme au faible QI, sale et repoussant, passant les deux heures du film avec les mêmes vêtements quasiment en lambeaux…
La musique est signée Ilayaraaja, qui encore une fois nous régale de belles mélodies, à commencer par la sublime Sindhoora poove.
Le trio principal qui évolue dans 16 Vayathinile composé d’acteurs plutôt inconnus à l’époque, est un délice, et l’on ressent leur alchimie à l’écran, notamment Kamal Hassan/Sridevi, qui seront réunis plusieurs fois par la suite…
Sridevi est adorable en femme-enfant, agaçante parfois, mais assez juste dans le ton, et très attachante au final.
Pour tous ceux qui pensent que Rajnikant ne sait faire que des masalas sans scénarios dans lesquels il n’a qu’à lever le petit doigt pour mettre KO dix ennemis….regardez donc ses anciens films, comme celui-ci, dans lequel il campe un voyou totalement détestable et méchant. C’est d’ailleurs son personnage avec ses répliques bien senties qui se trouve être le plus populaire du film au Tamil Nadu…
Enfin Kamal Hassan délivre une performance notable, il s’est enlaidit physiquement pour le rôle, et si on ne connaît pas l’acteur, on serait tenté de croire qu’il s’agit d’un véritable déficiant mental…
L’image a certes vieillie, les couleurs un peu ternies mais cela reste un excellent film tamoul , qui a marqué l’industrie, ayant même obtenu un National Filmfare pour le meilleur film en 1978. 16 Vayathinile fut également un succès populaire, le bouche à oreille ayant parfaitement fonctionné. Belle destinée pour ce qui, de l’aveu même du réalisateur, ne devait être qu’un petit film d’art et d’essai en noir et blanc et qui s’est avéré être un gros succès commercial ayant fait l’objet de deux remakes, Padaharella Vayasu en telugu et Solva Sawan en hindi.