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Aadukalam

Traduction : Confrontations

LangueTamoul
GenreDrame
Dir. PhotoVelraj
ActeursDhanush, Tapsee Pannu, Jayabalan, Kishore
Dir. MusicalG. V. Prakash Kumar
ParoliersYugabharathi, Snehan, Yegathasi, V. I. S. Jayapalan, Yogi B
ChanteursKK, Navin Iyer, G. V. Prakash Kumar, Velmurugan, Alwa Vasu, Yogi B, S. P. B. Charan, Prashanthini
ProducteurKathiresan
Durée155 mn

Bande originale

Yathe Yathe
Otha Sollaala
Porkkalam
En Vennilave
Ayyayo
Warriors
A Love Blossoms

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Gandhi Tata - le 20 avril 2012

Note :
(8.5/10)

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« La valeur n’attend point le nombre d’années » et cette citation sied parfaitement au réalisateur Vétri Maaran. Il s’est fait une réputation et a confirmé son talent, en deux films, Polladhavan (2007) et Aadukalam (2011). Sa vision du cinéma est claire, il ne renie pas l’industrie du divertissement qu’est Kollywood, mais en même temps, pas question de tomber dans le travers du masala commercial. Pour Vetri Maaran, le scénario est le véritable héros du film et il le démontre de belle manière dans Aadukalam, déjà un film référence !

Aadukalam, c’est une histoire de confrontations (ça tombe bien, c’est aussi son titre français !). Celles qui opposent les coqs, mais aussi les hommes, pour l’honneur, la fierté et la suprématie. A Madurai, dans le sud de l’Inde, Pettaikaran est le champion incontesté des combats de coqs, depuis de nombreuses années. L’officier de police Rathnaswamy, est son plus farouche concurrent et tente de le détrôner par tous les moyens, même déloyaux. Karuppu qui représente la relève dans cette discipline, fait partie de l’équipe de Pettaikaran et le considère comme son père spirituel. Dans l’une des nombreuses querelles opposant les deux camps, Karuppu fait la connaissance de Irène Claude, une jeune métisse anglo-indienne. A côté de leur idylle naissante, les rivalités s’attisent, les égos se heurtent et les coqs combattent, jusqu’à l’effusion de sang, qui sera aussi humain….


Le générique de début du film voit défiler les noms des acteurs, sur fond de vieux clichés et de commentaire évoquant l’aspect ancestral de ce sport. Cette séquence percutante, annonce la couleur et les intentions du réalisateur. Tout se jouera sur la terre battue des combats de coqs où les hommes s’affronteront… à mort.

La grande victoire de Vetri Maaran dans Aadukalam, est d’avoir signé un film aussi authentique que divertissant. Malgré quelques longueurs, l’ennui ne nous prend jamais, grâce au talent du réalisateur qui parvient à nous plonger dans cet univers, plein d’effervescence. Le long métrage est très réaliste car il est si bien ancré dans le contexte, qu’il est impossible d’y voir des acteurs « jouer des rôles ». Les personnages semblent tout droit sortis des ruelles tamoules de Madurai et on en oublie que Karuppu est incarné par Dhanush.


Dès l’ouverture, Vetri Maaran fait un parallèle intelligent entre les combats de coqs et les animosités humaines, à l’aide de références historiques et sociologiques. Ce procédé permet de planter le décor et donner la véritable orientation aux spectateurs. Ainsi, on sait que les arènes, ne sont qu’une toile de fond. Le cinéma de Vetri Maaran n’est pas simpliste et accorde une importance particulière aux rôles complexes, comme c’était le cas dans Polladhavan. Ici, il donne une dimension Shakespearienne à son œuvre avec la composition du personnage de Pettaikaran, qui nous rappelle vaguement Lago dans Othello. Au départ, on le croit bienveillant, mais son machiavélisme qui se révèle dans l’adversité, finit par tout consumer autour de lui.


Aadukalam emprunte également aux grands mythes religieux comme le Mahabaratha, avec des thèmes comme la jalousie et la manipulation, qui sont centraux dans le scénario. Au final, on ne peut pas dire que Vetri Maaran ait volé sa récompense, aux National Awards, tant son travail d’écriture et son exécution, contribuent à porter cette banale histoire de rivalité à un niveau presque épique.


La solidité du film, repose sur la mise en scène efficace de Vetri Maaran et ses acteurs fabuleux qui livrent ici, une copie parfaite ! Les deux acteurs a avoir été distingués aux National Awards sont aussi ceux qui portent cette intrigue, de bout en bout. D’un côté, Dhanush qui s’égarait dans des productions calibrées pour le grand public, retrouve ici, toute sa crédibilité d’acteur. Il est en état de grâce dans le rôle de Karuppu, car sa gestuelle, son jargon et le cœur qu’il met à l’ouvrage, apportent énormément de justesse dans son interprétation. Les non-tamoulophones, ne le percevront pas, mais le tamoul qu’il parle, est typique de Madurai et Dhanush ne singe jamais. Ses intonations, son débit et sa façon de moduler sa voix, m’ont rappelé les habitants de cette ville, que j’ai croisé par le passé. Le perfectionnisme ne s’arrête pas là, puisque le comédien maitrise à merveille la palette d’émotions exigé par le scénario, et fait intelligemment évoluer son personnage tout au long du film. C’est un quasi sans faute, du jeune apprenti dévoué à l’homme désabusé, en passant par le compétiteur passionné.


Mais la surprise du chef, se nomme Jayabalan, un acteur inconnu jusque là, mais qui a littéralement crevé l’écran dans Aadukalam. Donner corps au personnage de Pettaikaran n’était pas aisé, car il n’est pas l’habituel méchant manichéen du cinéma tamoul. L’épaisseur, la multiplicité et l’instabilité psychologique de ce vieux briscard, demandait un travail de composition colossal. Jayabalan semble avoir saisi toutes les nuances du scénario et fait le même travail que Dhanush, en faisant vivre cet infâme Pettaikaran ! Derrière les deux lauréats des prix d’interprétation, Kishore et Tapsee, ne font pas pâle figure et il en est de même pour l’ensemble des seconds rôles.


Enfin, le succès de Aadukalam est parachevé par une équipe technique qui pète du feu de dieu ! La musique signé G.V.Prakash n’est pas une compilation de hits, mais de morceaux appropriés et illustrant parfaitement les scènes fortes. La bande son, tantôt énergique et mélancolique, est un très beau résultat du travail d’équipe de Vetri Maaran avec le compositeur. La photographie de Velraj, aux tons chauds et teintée d’ocre (en référence à la terre battue des arènes), retranscrit fidèlement la ferveur des confrontations. Le montage signé Te. Kishore, donne la bonne cadence durant les combats de coqs et renforce le climat tendu, lorsque l’étau se resserre autour des personnages, dans les scènes finales. Le chorégraphe de danse, Dinesh Kumar, ne s’attendait surement pas à remporter une statuette pour l’unique séquence dansée du film, mais la spontanéité qu’il y a insufflé, rend le clip de « othe sollala » jouissif !


Pour terminer, on a souvent reproché dans les films indiens, l’amateurisme des effets spéciaux, mais Aadukalam parvient à redresser la barre en partie. Pour éviter les plaintes de la ligue protectrice des animaux pour maltraitance des coqs, le réalisateur a opté pour des volatiles en images de synthèse pour les scènes de combat. Ce travail a été confié au studio indien de Ocher, et malgré quelques approximations, le résultat est plutôt satisfaisant. D’ailleurs, la manière dont le coq de Karuppu a été modélisé et la façon dont Vetri Maaran l’a mis en scène, donnent une véritable âme à ce volatile qui fait littéralement, corps avec Dhanush dans les ultimes affrontements.


Aadukalam est incontestablement, un des meilleurs films indiens de l’année 2011, grâce à la volonté de son réalisateur de sublimer son sujet et la force des acteurs, dont les interprétations sont criantes de vérité. Bien sur, les 6 National Awards ont très justement consacré ce film, mais le fait important, est la confirmation d’un talent de la réalisation, capable de tirer le meilleur de son équipe. Souvenez-vous de son nom, c’est Vetri Maaran !


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