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Ayiratil Oruvan

Traduction : Un homme sur mille

LangueTamoul
GenresFilm fantastique, Film d’action
Dir. PhotoRamji
ActeursReema Sen, Karthik , Andrea Jeremiah, R. Parthiepan
Dir. MusicalG. V. Prakash Kumar, Prakash Kumar
ParoliersVairamuthu, Veturi Sundararama Murthy, Selvaraghavan, Andrea Jeremiah
ChanteursKarthik, Dhanush, Vijay Yesudas, G. V. Prakash Kumar, Bombay Jayashri, Andrea Jeremiah, Nithyasree Mahadevan, Aishwarya R. Dhanush, Neil Mukheriee, Shri Krishna, P. B. Sreenivas, Big Nikk
ProducteurR. Ravindran
Durée182 mn

Bande originale

Oh Eesa (Composers Mix)
Maalai Neram
Un Mela Aasadhaan
The King Arrives
Thaai Thindra Mannae (The Cholan Ecstasy)
Pemmane
Celebration of Life
Thaai Thindra Mannae (Classical Version)
Indha Padhai
Oh Eesa (Club Mix)

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Suraj 974 - le 23 août 2010

Note :
(7/10)

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Selvaraghavan, qu’on connait plus pour ses films sur les rapports hommes-femmes qui l’ont rendu célèbre, essaye depuis quelques films de se diversifier. Pudhupettai, polar sombre mettant en scène sont petit frère Dhanush, fut une première tentative d’explorer un nouveau genre. Avec Ayiratil Oruvan ("un parmi mille"), il s’attaque cette fois au film fantastique, genre moins codifié que le polar où il donne libre cours à son imagination débordante.

Aux alentours de l’an mille, le royaume tamoul des Chola régnait sur une partie du sud de l’Inde, s’étendant du Bengale à l’Indonésie actuelle. Avec son drapeau floqué du tigre, ce royaume a marqué son temps, donnant ainsi son nom à la côte de Coromandel (qui vient de chola mandalam, littéralement "le pays des Chola"). Sans cesse en rivalité avec le royaume Pandya, les Chola sont finalement vaincus. Mais le prince héritier parvient à s’enfuir, ainsi qu’une partie de la population, entraînant avec elle de nombreux trésors dont une précieuse statue de la divinité vénérée par les Pandya, qui avait été capturée précédemment. Ils partent vers l’inconnu, avec l’ordre de se cacher et d’attendre un messager qui viendra leur faire signe qu’ils peuvent revenir dans leur royaume en Inde. Malgré leur victoire militaire, les Pandya et les héritiers n’auront de cesse de remuer ciel et terre pour retrouver ces derniers Chola, et leur statue. Par la suite, cette quête devient celle des savants indiens d’aujourd’hui, et c’est en croyant avoir enfin trouvé leur cachette qu’un célèbre archéologue disparaît sur une petite île au large du Viêt-Nam. Une expédition est mandatée par le gouvernement pour le retrouver. La biologiste Anita (Reema Sen) en prend le commandement, avec l’aide de Lavanya (Andrea), la fille du savant et seule habilitée à pouvoir les guider puisqu’elle connaît par cœur les travaux de son père. Ils se mettent donc en quête du savant et de la mythique demeure des Chola, accompagner d’une escouade militaire et de nombreux porteurs dirigés par Muthu (Karthik).

D’entrée, avec un tel pitch, il est clair que Ayiratil Oruvan est un film extrêmement ambitieux qui entend ne ressembler à aucun autre. Par bonheur, c’est exactement ce a quoi il parvient : Selvaraghavan nous transporte dans un monde incroyable, rivalisant d’imagination et de beauté visuelle, pour nous offrir un film époustouflant, du jamais vu en cinquante ans de cinéma tamoul. C’est un film d’aventures fantastiques ancré dans l’histoire tamoule (avec de très grandes libertés, cela dit) qui est totalement unique. Au niveau de sa structure comme de son scénario général, il surprend sans cesse. Le spectateur est comme les personnages : entraîné vers l’inconnu. Ce n’est pas si souvent qu’un film indien arrive à vous surprendre ! Ici, il est impossible de prévoir ce qui va arriver, et c’est un délice. Selvaraghavan brise joyeusement les carcans du cinéma commercial tamoul : pas d’histoire d’amour, pas de héros macho séduisant des héroïnes/plantes vertes glamour, pas de gimmicks lourds.

Comme dans tous ses films précédents, Selvaraghavan confirme qu’il est avec Mani Ratnam un des rares réalisateurs indiens à offrir aux actrices des rôles consistants et des scénarios ambitieux. Ici, le rôle principal est tenu par Reema Sen, qui interprète brillamment une aventurière intrépide qui n’hésite pas à tirer sur tout ce qui bouge. Karthik est relégué au second plan, même si son rôle est central il ne devient important qu’en seconde partie. C’est rarissime et tout à l’honneur du jeune acteur dans une industrie où les superstars sont sans cesse mises en avant aux dépens du scénario. Le script est le personnage principal, comme dans n’importe quel bon film occidental. C’est à la fois un film totalement original dans le sens où il n’est le remake d’aucun film à ma connaissance, mais aussi parce qu’il s’inspire de toute une tradition de films d’aventures (Les Indiana Jones notamment, comme une évidence) sans vraiment en copier un en particulier, ce qui est tout à l’honneur du réalisateur.

Par moments, il faut se pincer pour se rappeler qu’on regarde un film indien tellement Ayiratil Oruvan ne ressemble en rien à ce qui se fait en Inde. Bon, certes, les effets spéciaux "limités" sont aussi là pour nous ramener sur terre, mais globalement, le film est techniquement largement au-dessus de la moyenne. C’est une expérience visuelle à couper le souffle. C’est à la fois un film outrageusement original, et aussi totalement indien, en particulier dans sa manière d’imaginer l’incroyable : même si la racine de tout est l’histoire indienne, c’est en allant loin et en traversant symboliquement les mers que l’on se dépasse, qu’on découvre quelque chose qui nous transcende. C’est aussi en côtoyant des adivasi (aborigènes non hindous) qu’on touche aux limites, et qu’apparaissent la magie et les arts occultes qui ponctuent la seconde partie.
C’est aussi malheureusement un film très indien par ses longueurs… eh oui, malgré toute ses qualités, AO pèche par un manque de rythme patent. On n’échappe pas non plus aux chansons peu inspirées qui n’ont pas vraiment leur place, et s’oublient aussi sec.
Enfin, AO rappelle avec plaisir les vieux films d’aventures tamouls romanesque des années 60-70 avec MGR, à qui il est d’ailleurs fait explicitement référence.

Cette volonté de briser les règles, et de faire quelque chose de nouveau, est peut-être aussi la faiblesse du film. A trop vouloir en faire, Selvaraghavan se perd en dernière partie pour finir à l’emporte-pièce en laissant en suspens toutes les questions qu’il pose… c’est un peu dommage car cela laisse l’impression qu’il s’en fallait de peu pour que ce soit parfait. Il manque un petit quelque chose qui donnerait un meilleur équilibre à l’ensemble. Mais AO n’a peut-être pas vocation à être un film parfait, et quelque part c’est mieux ainsi. Il cherche à ouvrir des brèches, à montrer ce qui peut être fait en s’inspirant de l’histoire indienne et des moyens technologiques actuels.

Au final, Ayiratil Oruvan n’est donc pas un film irréprochable, mais c’est incontestablement une oeuvre très courageuse de la part d’un réalisateur indien de premier plan. Il a utilisé tout les moyens du cinéma commercial tamoul pour faire un film tout sauf commercial, selon les critères établis. C’est un effort pour tirer vers le haut le cinéma populaire, au-delà de ses habitudes quotidiennes, tout en conservant une qualité qui n’a rien à envier aux plus gros blockbusters occidentaux. A la hauteur de l’ambition du film, on ne peut pas dire qu’il soit totalement réussi, mais il y a des notes qui valent tellement plus…

Alors laissez-vous tenter par l’aventure !

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