Chashme Baddoor
Traduction : Au loin le mauvais œil
Langue | Hindi |
Genre | Comédie |
Dir. Photo | Sanjay F. Gupta |
Acteurs | Siddharth, Anupam Kher, Rishi Kapoor, Ali Zafar, Divyendu Sharma, Tapsee Pannu, Lillete Dubey |
Dir. Musical | Sajid-Wajid |
Paroliers | Jalees Sherwani, Neelesh Misra, Kausar Munir |
Chanteurs | Mika Singh, Shreya Ghoshal, Sonu Nigam, Ali Zafar, Wajid, Neuman Pinto |
Producteur | Viacom 18 Motion Pictures |
Durée | 145 mn |
Sid (Ali Zafar), Jai (Siddharth) et Omi (Divyendu Sharma) sont trois amis qui partagent le même appartement à Goa, loué à Miss Josephine (Lilette Dubey). Alors que Sid est un étudiant sérieux, ses deux acolytes sont de sympathiques cossards qui occupent leur temps à courir les filles ou au bar de Mr Joseph (Rishi Kapoor), à qui ils doivent pas mal d’argent. Omi est passionné de poésie, un bon moyen pour draguer les filles, et Jai ne rêve que de cinéma, au point de savoir des dialogues entiers de films par cœur ou de tapisser son coin de chambre d’affiches de film « photoshopées » à sa gloire personnelle.
L’amitié de nos trois larrons est mise à l’épreuve lorsque Seema (Tapsee Pannu), qui a fui une fois encore le mariage arrangé que lui réserve son père, arrive dans le voisinage. Omi et Jai s’empressent de la courtiser, sans succès, mais ils se gardent bien de révéler leur échec à Sid, à qui ils racontent une tout autre histoire. La chose aurait pu en rester là, si Sid n’avait fait la connaissance, par hasard, de Seema dont il tombe amoureux, ce qui n’est pas du tout du goût de Omi et Jai. Ces deux-là sont de vrais intrigants, bien gentils, certes, mais ils ne peuvent s’empêcher d’essayer d’arranger les choses pour servir leurs intérêts. C’est ainsi qu’après avoir échafaudé des plans pour que Mr Joseph et Miss Josephine tombent amoureux l’un de l’autre et qu’ils oublient leurs dettes au passage, ils décident de tout faire, très maladroitement d’ailleurs, pour séparer Sid et Seema, quitte à entacher la réputation de la jeune femme. Néanmoins, voyant le chagrin que cause cette rupture à leur ami, Jai et Omi intriguent de nouveau, toujours lourdement, pour les remettre ensemble…
À la lecture de ce début de synopsis, on aura compris que Chashme Baddoor est une comédie loufoque, qui plus est, réalisée par un des maître en la matière, David Dhawan. C’est aussi le remake d’un classique du même nom, datant des années 1980. Je n’ai pas vu ce film, ce qui m’a permis de regarder la version 2013 sans a priori et sans attentes particulières, juste pour le plaisir de me détendre et de rire un peu. Car c’est bien là le propos de Chashme Baddor qui n’a d’autre prétention que de vous faire passer un bon moment, avec plus ou moins de réussite, selon les scènes, étant donné que David Dhawan, le compère de Govinda, ne donne pas dans la dentelle et peut être, par moments, aussi léger qu’un éléphant sur une balançoire.
En effet, le comique de Chashme Baddoor peut parfois s’avérer un peu lourdingue dans certaines situations, en particulier en ce qui concerne les personnages secondaires, je pense notamment aux jumeaux infernaux joués par Anupam Kher ou à la grand-mère un peu « foldingo ». Il peut aussi avoir un goût douteux quand Jai, aspirant acteur, passe un casting et fait mine jouer un personnage qui tente de violer sa partenaire. Néanmoins, le timing comique étant très bon, en particulier grâce au duo Siddharth et Divyendu Sharma, le tout passe assez bien, sans trop d’indigestion.
C’est plutôt dans le sens du détail que Chashme Baddor est plaisant. On rit en voyant les chemises plus qu’improbables que porte Jai/Siddharth, au point qu’on se croirait parfois dans un film telugu. On guette la référence cinématographique — une marque de fabrique du sieur Dhawan, paraît-il — dans les dialogues ou les décors (les affiches détournées). Et l’on est amusé par le personnage de vieux loup de mer bardé de tatouages composé par Rishi Kapoor. D’ailleurs, l’intrigue secondaire entre Mr Joseph et Miss Joséphine, qu’il joue en duo avec Lilette Dubay, est une des qualités du film et, semble-t-il, un clin d’œil à l’original grâce à la scène du « Chamko » (vous comprendrez en voyant le film).
Si les deux personnages joués par Siddharth et Divyendu Sharma sont les deux pitres de service, Ali Zafar joue le rôle du gendre idéal, le jeune homme bien sous tous rapports. Les trois amis, bien que très différents du point de vue du caractère — regardez comment chacun d’eux est habillé, c’est très révélateur —, sont assez complémentaires. Quant aux acteurs qui les incarnent, ils rendent leur personnage très crédible et sympathique.
Dans les interprétations, c’est finalement Tapsee Pannu qui est la moins convaincante, ce qui est un peu regrettable puisqu’elle est censée être l’héroïne. Elle a un joli sourire, certes, mais elle a peu de présence à l’écran, du coup elle se fait facilement voler la vedette par nos trois larrons. Elle n’a pas une once de crédibilité lorsqu’elle interprète la colère à cause de son jeu pas très subtil et grimaçant. Ce n’est pas aussi navrant que Nargis Fakri dans Rockstar, car le film n’a pas les mêmes prétentions, mais j’ai trouvé que globalement sa prestation de jeune femme délurée et spontanée sonnait faux. Cela dit, elle s’en tire assez bien dans les séquences dansées où contrairement au reste du temps, elle est plutôt naturelle.
La musique, avec son côté rétro-kitsh assumé, et les chorégraphies sont l’autre point fort du film qui n’en est pas avare. Les trois garçons ont droit à plusieurs séquences dansées, ce qui est assez agréable vu qu’ils le font bien, et Ali Zafar interprète même un ou deux morceaux. J’ai surtout retenu la chanson principale « Har Ek Friend Kamina Hota Hai » qui nous raconte que dans chaque ami, il y a un saligaud qui s’ignore.
Pour finir, Chashme Baddoor a obtenu de bons scores au box-office et des critiques mitigées. Les puristes, ceux qui avaient vu l’original, ont décrié la version 2013. Il est vrai que le film est sorti peu de temps après Himmatwala, autre remake des années 1980, qui a fait un bide monumental, si bien que des voix se sont élevées pour remettre en cause l’intérêt de ce principe de « remaking ». Quant aux autres, ils ont tout simplement vu une comédie divertissante. Alors laissez-vous tenter par ce dernier cru de « comédie de potes »…