Chhalia
Traduction : Tricheur
Langue | Hindi |
Genres | Drame, Films sociaux |
Dir. Photo | N. Satyen |
Acteurs | Raj Kapoor, Pran, Nutan, Rehman |
Dir. Musical | Kalyanji-Anandji |
Parolier | Qamar Jalalabadi |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Mohammad Rafi, Mukesh |
Producteur | Subhash Desai |
Durée | 115 mn |
Shanti (Nutan) arrive du Pakistan où elle s’est retrouvée coincée après la partition. Elle rejoint les siens après sept ans d’absence et de silence forcés, toute contente de retrouver ses parents et son mari.
Mais la légende de Sita et Rama se reproduit, son mari ne veut pas croire qu’elle lui est restée fidèle, d’autant plus qu’elle est flanquée d’un petit garçon (de sept ans) doté d’un prénom musulman. Il la rejette, ses parents aussi. Pour couronner le tout, son petit garçon disparaît.
Heureusement Chhalia (Raj Kapoor) entre en scène. Un peu paumé, un peu artiste, il la convainc de partager sa masure -en tout bien tout honneur-. Peu après, Shanti aperçoit son fils qui a été recueilli par une institution où son mari est professeur. Rassurée, estimant que son fils est dans de meilleures mains là où il est, elle renonce à son petit garçon. S’occuper de Chhalia, son ange gardien, la maintient en vie, mais elle n’a qu’un rêve en tête : reconquérir son mari. Pendant ce temps, Chhalia tombe amoureux.
Ce film en noir et blanc, tourné presque entièrement en studio, a un charme fou. Sur le mode doux-amer, il navigue constamment entre rire et larmes, sans jamais forcer ni sur le comique "à la Charlot" dont Raj Kapoor a fait sa marque, ni sur le mélodrame auquel le thème se prête pourtant. On reste sur le fil du rasoir, comme Shanti et Chhalia, équilibristes de la vie, entre sommets idéalisés et abîmes bien réels de la solitude et de la misère. Le troisième homme est Kewal (Rehman), le mari de Shanti, le professeur qui se retrouve malgré lui protecteur du petit garçon de Shanti.
Kewal vit dans le monde de la raison, de l’avenir rationnel, alors que les autres vivent d’idéal, d’espoir, mais sont mis au ban d’une société qui ne les reconnaît pas. L’ombre de Gandhi plane, lui aurait reconnu Shanti et Chhalia. Les films qui traitent de façon aussi directe un des dommages collatéraux de la partition, ne sont pas nombreux.
Le film doit beaucoup à Raj Kapoor et Nutan, qui ont un charisme extraordinaire et donnent une sorte de douceur angélique à leurs personnages. Si la mise en scène est souvent théâtralisée, leur jeu, lui, reste très naturel, les dialogues semblent leur appartenir, les sentiments aussi. L’image en noir et blanc est très belle, les portraits en particulier sont splendides, font ressortir le regard clair de Raj, l’ossature fine et les immenses yeux de Nutan.
Les chansons de Kalyanji Anandji interprétées par Mukesh, Chhalia mera naam, Dum dum diga diga et Mere toote hue dil se, font partie des classiques de cette époque.
Chhalia est un des tout premiers films de Manmohan Desai (Aa Gale Lag Jaa, Coolie, Amar Akbar Anthony). Le scénario n’est certes pas toujours crédible, le dénouement force un peu trop sur la fibre dramatique, mais globalement, c’est un film qu’on regarde avec plaisir et sans ennui, même s’il n’a pas l’envergure de Sujata où Nutan est inoubliable.