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Dostana

Publié jeudi 23 octobre 2008
Dernière modification mardi 7 octobre 2008
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Par Jordan White

Rubrique Albums
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Le duo Vishal/Shekar nous a tellement habitués ces dernières années à livrer de bons morceaux qu’on serait presque tenté de leur en vouloir d’en livrer des moyens voire des mauvais. La régularité qualitative étant devenue leur marque de fabrique en sus d’une capacité à capter l’air et les envies du moment, l’attente est là et ils le savent. Ils ont aussi montré qu’ils étaient en osmose avec leur public et les attentes qu’il exprime. Un public jeune et urbain majoritairement. Dostana est-elle à la hauteur ?

Comme pour Bachna ae haseeno et Khuda Jaane, la Bo commence par une chanson posée, moins mélodique que ne l’était le titre précédemment cité généreusement fourni en émotion grâce à la voix de Shilpa Rao. Avec un rythme mid-tempo qui ne permet aucun excès Jaane Kyun se positionne comme un titre d’ouverture certes non paresseux mais un peu passe-partout. La voix de Vishal est agréable. On peut penser en écoutant les premières notes, assez ironiques, à la chanson Lovecats de The Cure. Le refrain est correct et chanté en choeur comme c’est devenu une habitude dans pas mal de BO. L’air du temps veut aussi que l’on mêle un petit côté système D avec les claps de mains mais aussi l’utilisation de l’électronique qui se fait beaucoup sentir durant les morceaux qui suivent.

Desi Girl est le morceau le plus accessible, le plus soutenu aussi au niveau de son rythme montant crescendo. On pense bien sûr à Jogi Mahi ou à quelques titres de Singh is Kinng. Est-ce à dire que le titre punjabi par disque est devenu indispensable à toute Bo qui se respecte ? Sans doute, à en croire la réception du bhangra qui peut plaire aux fanas d’ambiance électrique mais aussi aux allergiques des morceaux romantiques pour qui le ciné hindi rime avant tout avec spectacle et couleurs euphorisantes. Le morceau s’inscrit logiquement dans une grande tradition de la musique populaire auquel il apporte des touches électro qui prennent de plus en plus de place : le bhangra se fait peut-être plus synthétique, plus électro aux dépens de l’utilisation classique d’un instrument tel que le dhol. La boîte à rythme permet de compresser un son qui aurait pu être encore plus énorme.

D’une façon assez curieuse le troisième morceau, Maa Da Laadla, sans paraître bâclé, semble difficilement trouver sa place, entre l’intro et les cinq minutes de bhangra. L’intro tout comme le refrain ne convainquent pas vraiment. Peinant à trouver le ton juste, se limitant parfois à la simple présence de la voix face à une instrumentation lissée, sans envergure, ce morceau déçoit.

C’est sans doute pour permettre à un titre comme Shut up and Bounce de pouvoir s’immiscer dans l’esprit de l’auditeur comme le second titre single en puissance. Un titre qui, écouté au casque, n’a pas du tout le même rapport émotionnel qu’écouté dans un magasin (vous pouvez en faire l’expérience) avec le son poussé dans ses retranchements. Le rapport au rythme s’en trouve bouleversé, le morceau étant essentiellement axé dessus. La mélodie n’est pas très originale, et la volonté manifeste des auteurs est de mettre en avant la boucle rapidement obsédante du rythme initial axé danceclub. Un titre dance qui entre dans la tête et se retient facilement. Mission accomplie à défaut d’être bouleversante, pour un registre qui convient à la voix un peu nasale de Sunidhi.

Les deux morceaux qui referment le disque, à défaut d’être novateurs, apportent à leur manière la touche vocale féminine en offrant une présence minuscule à Shreya Ghoshal le temps d’un morceau ou, plus précisément, de quelques instants avec Khabar Nahi. Une présence minimaliste difficile à expliquer, surtout qu’elle porte au final préjudice au disque qui aurait pu rebondir de plus belle voire faire totalement la différence avec un relatif classicisme en la mettant en avant comme l’avait fait la Bo de Chamku avec Aaja Milke, ou Singh Is Kinng avec Teri Ore. Il faudra se contenter du minimum et c’est forcément frustrant pour celle qui possède sans doute la plus belle voix parmi les chanteuses indiennes.

Une BO qui déçoit par l’inégalité de ses morceaux même si elle réserve de bons moments aux amateurs de musique concoctée pour les danceclubs.


Année : 2008

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