Entretien exclusif avec Tammanah
Publié vendredi 18 mars 2016
Dernière modification vendredi 11 mars 2016
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Début août 2015, nous avons eu l’immense privilège d’assister au tournage du remake tamoul/telugu du succès français Intouchables, grâce à la gentillesse de Barbara Breheret, productrice exécutive. Ce film, titré Thozha en tamoul et Oopiri en telugu, réunit un casting bilingue de prestige… Tammanah, la coqueluche des cinémas du sud reprend ici le rôle tenu par Audrey Fleurot. L’actrice, d’une gentillesse et d’une disponibilité incroyable a acceptée de répondre à nos questions, entre deux scènes à l’aéroport de Lyon, lors d’une retouche coiffure/maquillage.
Bonjour et merci de m’accorder ces quelques minutes. Avant toute chose, félicitations pour l’énorme succès de Baahubali ! Vous devez être heureuse et fière.
Tammanah : Merci !! Et bien oui, je suis fière pour plein de raisons différentes, mais avant tout parce que tellement de gens ont fait des efforts incroyables, ont travaillés d’arrache pied pendant trois ans et je suis très heureuse pour chacune de ces personnes-là individuellement. Il n’y a pas que Rajamouli, Prabhas, Rana, Sweety (le vrai prénom d’Anushka, ndlr) et même moi ; c’est un nombre incroyable de gens qui ont tout donné pour ce projet, qui ont travaillés des mois.
Vous êtes sur le projet depuis un an, c’est cela ?
Tammanah : Oui tout à fait, presque un an.
Quand vous étiez sur le tournage, pensiez-vous que cela serait un tel succès, que cela battrait tous les records en Inde et même ailleurs ?!
Tammanah : Non pas du tout, en fait c’est assez compliqué d’imaginer ce genre de choses. On ne pouvait pas prévoir l’ampleur du projet, ceci étant dit, on avait tout de même conscience de fabriquer quelque chose de spécial, d’inédit et pour une actrice comme moi, c’était tellement rafraîchissant et différent. Les scénarios se ressemblent tout de même assez et c’est plutôt rare pour une actrice d’avoir quelque chose de concret à jouer. Baahubali c’est pour moi un film dans lequel personne ne m’attendait, une surprise, c’était une belle opportunité de jouer un tel rôle. Je suis extrêmement reconnaissante envers Rajamouli d’avoir cru en moi et de me laisser cette chance de m’exprimer différemment.
La première partie est concentrée sur votre personnage, Avantika, serez-vous présente dans la suite ?
Tammanah : Oui mais beaucoup moins, mon personnage apparaît dans des flash-back, donc j’ai moins de jours de tournages à consacrer à ce projet en 2016. La seconde partie sera plus centrée sur les personnages d’Anushka et Prabhas.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais les producteurs indiens veulent sortir le film en France. Nous l’attendons avec impatience.
Tammanah : Je suis très heureuse de l’apprendre, je suis sure que ça plaira au plus grand nombre. C’est un film de guerre indien pur et dur, évidemment on a déjà vu beaucoup de films de guerre sous le prisme de Hollywood, mais là c’est vraiment très indien dans sa nature profonde, nous sommes très fiers de porter ça à l’attention d’un public international.
Est-ce que vous pensez que ce film marquera une nouvelle ère dans votre carrière ?
Tammanah : J’espère que oui, mais il a déjà permis d’ouvrir de nouveaux horizons pour moi et le genre de films que je veux faire. En fait, les rôles que je vais choisir dans le futur seront forcément différents, après avoir connu une expérience telle que celle-ci, j’ai envie de rester dans le même potentiel de rôle, de faire des choses que je n’ai jamais joué avant .
Pensez vous que les gens notamment du nord, vont se mettre à regarder plus de films des industries du sud ?
Tammanah : Vous savez, le truc c’est que le nord a toujours absorbé les films du sud, depuis les années 80, bien sûr beaucoup de films font constamment l’objet de remakes au nord mais on ne peut nier que Baahubali étant un film doublé (cas extrêmement rare dans le cinéma hindi, ndlr), qui est tellement sous les feux des projecteurs, que cela va obligatoirement donner au public du nord envie d’en voir plus et la prochaine fois qu’un film du sud sortira sur leurs écrans, ils le verront sous un jour différent. Oui définitivement cela a ouvert l’horizon pour les cinémas du sud.
Cette année vous avez célébré vos dix ans de carrière… félicitations ! Vous êtes encore tellement spontanée et fraîche, vous dégagez tellement de joie, comme si vous veniez de débuter !
Tammanah : J’avais quinze ans sur mon premier tournage… je suis encore une jeune femme qui a beaucoup à apprendre, oui, mais j’aime infiniment ce que je fais. En fait, durant toute la promotion de Baahubali je n’ai pas arrêté de répéter que pour moi, c’était comme un nouveau départ dans ma carrière parce que le rôle et la façon dont on me l’a fait aborder étaient tellement inédit, j’avais l’impression de recommencer à zéro.
Pouvez-vous nous parler de vos débuts ?
Tammanah : J’ai fait une publicité pour une crème blanchissante très populaire et j’étais mannequin à cette époque, ce qui m’a amenée à travailler beaucoup. Puis une chose en entraînant une autre, le destin peut-être… me voilà à tourner mon premier film dans le Sud.
Vous avez travaillé en hindi, tamoul et telugu, voyez-vous une quelconque différence entre ces industries ?
Tammanah : Au final, le plus important c’est de raconter une belle histoire et c’est ce que je cherche dans chaque industrie. L’Inde est tellement riche de cultures différentes, chaque région a ses caractéristiques particulières, donc évidemment chaque film montre un aspect différent de la culture dont il est issu. C’est plus simple pour le public régional de se retrouver dans les choses filmées localement, c’est pourquoi il y a tant de remakes régionaux d’un même film, pour que le public puisse s’identifier plus facilement.
D’une manière générale et plus technique en fait, il n’y a pas vraiment de différences, la façon de faire est la même.
Vous êtes en train de tourner le remake d’Intouchables, l’avez-vous vu ?
Non, je ne l’ai pas vu. Mais je sais bien évidemment de quoi ça parle et je suis très heureuse de pouvoir jouer un rôle comme celui-ci, comme je disais tout à l’heure, encore un personnage fort. Nous avons adapté évidemment le scénario pour plaire au public indien, donc les émotions seront plus présentes, le public indien aime particulièrement cette débauche de sentiments. Puis nous avons dû changer quelque peu les préférences de mon personnage.
C’est mon premier tournage en France je me languis d’aller à Paris, même si Lyon est une ville sublime.
Vous avez attendu quatre ans avant de retourner un film tamoul.
Non, Baahubali est un film tamoul aussi puisqu’il a été tourné dans les deux langues, tamoul et telugu. En fait, depuis quelques temps je travaille sur beaucoup de projets bilingues parce que je suis assez demandée dans les deux industries. Mon vrai film simplement tamoul c’est Vasuvum Saravananum Onna Padichavanga avec Arya sorti à la fin de l’été. Mais j’ai tendance à faire des films qui se tournent dans les deux langues, c’est ce qui est le plus logique en fait.
Avec qui voudriez vous travailler maintenant ?
Plein de gens… c’est une vraie combinaison de plusieurs facteurs. Les films ont toujours été le média des réalisateurs, donc il est absolument important d’en avoir un bon, qui ait une véritable identité. Parfois des gens qui débutent ont des idées tout à fait novatrices. Je veux essayer de travailler avec de nouvelles personnes, parce que c’est aussi un des challenges en tant qu’acteur, faire confiance à des visions inédites.
Que pensez-vous de la place des femmes dans le ciné du sud ?
Les actrices sont vraiment respectées dans le sud et j’ai commencé à travailler extrêmement jeune donc c’est quelque chose que j’ai vite appris, que j’apprécie. Mais le plus important pour moi a été l’accueil chaleureux qui m’a été réservé. Je suis une fille d’un autre état, du nord de l’Inde, et pourtant j’ai été acceptée très rapidement. Ils ont été très patients, le temps que j’apprenne correctement le tamoul et le telugu, langues que je parle couramment maintenant. (oh je suis tellement envieuse !!) Ah, non, c’est moi qui suis envieuse, je rêve d’apprendre le français, c’est une langue si belle !
Merci !
Merci à Brigitte et Gandhi Tata pour leur aide précieuse !