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Fantastikindia à Cannes, lundi 20 mai - J. 3

Publié mercredi 22 mai 2013
Dernière modification mardi 21 mai 2013
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Par Swiss-Bolly

Dossier Fantastikindia à Cannes, le journal de bord
◀ Fantastikindia à Cannes, dimanche 19 mai - J. 2
▶ Fantastikindia à Cannes, Mardi 21 mai - J 4

Lundi matin, 7h25, direction le Palais des Festivals, je croise quelques fêtards passablement éméchés à la recherche d’un taxi, la projection commence dans une heure, mais je ne veux pas rater l’entrée en compétition de Wara no tate, le film de Takashi Miike, l’un des meilleurs réalisateurs japonais.

Et une fois de plus Miike m’a surpris. Certes ce n’est pas son meilleur film, mais le réalisateur japonais nous livre un thriller "moitié moitié", on y retrouve le Miike un peu fou, surtout dans la première partie, la plus réussie, puis dans la seconde, c’est le Miike assagi, certains diront en recherche de reconnaissance, plus bavard, moins efficace. Mais il n’empêche que son film nous renvoie toutes les contradictions d’une société japonaise tellement lisse en apparence et qui pourtant souffre en profondeur du poids de ses traditions, une société parfois un peu malade. Bref, entre série B, polar jouissif et quelques longueurs et maladresses, ce film reflète le cinéma de Miike d’aujourd’hui, un cinéma qui se cherche, entre le punk d’antan et le réalisateur invité à Cannes.

Malheureusement, en majorité, le public et la presse n’ont pas vraiment aimé, et le matin, en projection de presse, le film a été sifflé. Personnellement je trouve cela honteux, on peut ne pas aimer un film, mais respecter le réalisateur et le travail de ses acteurs. Cela montre la méconnaissance de la presse occidentale face au travail du réalisateur japonais. Je trouve courageux de la part du Festival d’avoir sélectionné un film différent, mais la critique cannoise ne supporte guère la différence. On m’a d’ailleurs rapporté ces propos d’un spectateur ulcéré qui, à la fin de la projection, s’est levé en hurlant "Va vendre des sushis !". À Cannes les gens ont parfois du mal à se contrôler, et ce n’est pas beau ni à voir ni à entendre. Pour finir cette matinée Miike j’ai assisté à la conférence de presse du réalisateur en présence des acteurs.

Autre grand moment de cette très belle journée, la projection de Inside Llewyn Davis des frères Coen, le film qui fait le buzz depuis deux jours. L’entrée en salle ne m’est pas garantie, car j’ai raté la projection presse, ainsi que les projos sur invitation, c’est une projection du lendemain. Vu les critiques dithyrambiques, nous sommes nombreux à vouloir rattraper notre retard et plusieurs dizaines de personnes font la queue depuis des heures. Avec ma carte presse je passe prioritairement… En résumé, la presse à elle seule remplit quasiment la salle sous le nez et à la barbe de ceux qui n’ont pas la bonne accréditation et qui ont attendu pendant des heures… Le journaliste devant moi s’est fait traité de "voleur !" par deux petites vieilles furieuses qui ont tout de même réussies à entrer. Le festival, c’est comme un gros gâteau, tout le monde en veut une part, mais nous sommes trop nombreux, et dès qu’un film fait parler de lui, et bien c’est la guerre ! Et le film me dirait-vous ? C’est sans doute l’un des meilleurs Coen, et sa petite musique vous accompagnera encore longtemps après le générique de fin. C’est une balade folk, drôle et poétique, un grand film qui devrait sans doute se retrouver au palmarès, pour l’instant mon film coup de cœur.

Cannes, ce sont des films, mais aussi des gens, partout, des gens prioritaires, des gens qui entrent partout et d’autres nulle part. Et puis il y a les gens qui viennent regarder ; ils regardent les gens venus pour qu’on les regarde. Partout, les gens photographient des gens connus, sans être vraiment sûrs qu’ils le soient, mais on ne sait jamais, comme cela ils pourront montrer leurs photos à d’autres gens jaloux en disant : "Tu as vu les gens connus, je les ai vus en vrai, enfin je crois…"

Le Festival, c’est plusieurs sélections, et mon prochain film sera donc un film de la Quinzaine des réalisateurs, il s’agit d’un premier film Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne, l’adaptation de son spectacle. Un peu en décalage avec une salle conquise dès les premières minutes, il m’a fallu un peu de temps pour me laisser porter par le film. Mais à force de bonnes idées, de répliques très drôles et de personnages savoureux, je me suis laissé conquérir et j’avoue avoir passé un excellent moment. La projection s’est terminée par une longue standing ovation pour l’équipe du film très émue.

Rendez-vous demain pour mon avis sur le dernier Soderbergh et quelques affiches de films Bollywood !

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