Hamara Dil Aapke Paas Hai
Traduction : Mon cœur vous appartient
Langue | Hindi |
Genre | Mélodrame / Romance |
Dir. Photo | Kabir Lal |
Acteurs | Aishwarya Rai Bachchan, Anil Kapoor, Anupam Kher, Sonali Bendre, Johnny Lever, Smita Jaykar, Himani Shivpuri, Mukesh Rishi, Jaspal Bhatti, Anang Desai, Puru Raajkumar, Tanaaz Currim Irani |
Dir. Musical | Sanjeev-Darshan |
Parolier | Javed Akhtar |
Chanteurs | Kumar Sanu, Udit Narayan, Alka Yagnik, Vinod Rathod, Hema Sardesai, Kavita Krishnamurthy, Abhijeet Bhattacharya, Sonali Bendre |
Producteur | Surinder Kapoor |
Durée | 159 mn |
Un enseignant se fait agresser par la pègre locale devant une centaine de personnes inertes. Lorsque la police arrive sur les lieux, seule Priti (Aishwarya Rai Bachchan) a le courage de témoigner contre Bhavani Chaudhry (Mukesh Rishi), et ce, malgré les protestations de son père qui craint les représailles. C’est à cette occasion qu’elle rencontre Avinash (Anil Kapoor), un riche homme d’affaires, qui la félicite pour son geste. Seulement, peu après, Bhavani Chaudhry parvient à sortir de prison grâce à son frère Babloo (Puru Raajkumar). Pour la punir, Babloo viole Priti qui est alors rejetée par tous. Heureusement, Avinash la prend sous sa protection, malgré les pressions sociales et familiales. Ensemble ils élèvent les deux enfants, nés hors mariage, du propre père d’Avinash et forment une famille unie.
Bien évidemment l’histoire n’en reste pas là et les deux personnages principaux, surtout Priti, doivent faire face à de nombreuses déconvenues. La route est semée d’embûches pour parvenir au bonheur…
Tout le film est donc basé autour d’un acte répréhensible, le viol de Priti, et de la réaction de la société (un personnage à part entière dans le film) face à ce geste. Force est de constater que celle-ci est écœurante. On s’aperçoit rapidement que Priti est victime à plus d’un titre. Non seulement elle doit faire face à son traumatisme physique et psychologique, mais le monde entier la considère comme une pestiférée. Et alors qu’on s’attendrait à ce qu’on soigne ses blessures, c’est à peine si on ne la considère pas comme coupable. Il se peut alors que vous ayez envie, devant votre écran, de passer un savon à ces personnages. Surtout quand on vous apprend que, pour une femme, épouser son violeur, c’est retrouver son honneur (situation mise en scène dans Raja Ki Aayegi Baarat avec Rani dans le rôle principal) !
Heureusement, nous avons Avinash pour remettre les choses à leur place. Ne cherchez plus l’homme parfait, Anil Kapoor nous l’interprète ici-même ! Il est juste, fort, doté de bon sens, sensible et généreux. C’est le super-héros sans les collants rouges : de quoi tomber folle amoureuse. A chaque fois qu’un obstacle surgit, vous savez qu’il va sauver la situation. On pourrait trouver peu crédible un tel personnage et se détacher du film, mais non. Sa perfection ne fait que pointer un à un les défauts et les pesanteurs d’une société "bien-pensante" qui, dans Hamara Dil Aapke Paas Hai, ressemble plutôt à une pomme pourrie de l’intérieur. Cette société est incarnée par la foule des voisins d’Avinash et Priti, qui sont également chargés des scènes "comiques" du film. Joués par Anupam Kher, Johnny Lever, Himani Shivpuri et Jaspal Bhatti, entre autres… la bêtise, l’adultère, le mensonge, l’hypocrisie sont fustigés tour à tour. On fait même un tour du côté de la corruption des autorités. La honte et le mépris sont aussi de la partie, mais appartiennent plus particulièrement aux parents des deux protagonistes. Plus qu’être le héros par excellence, Avinash est surtout le reflet de ce que devrait être la société.
Dans beaucoup de films, on suit l’évolution des héros, comment ils deviennent plus forts. Ici, c’est la situation inverse : les personnages principaux ne changent pas (hormis leurs sentiments), ils n’en ont pas besoin. C’est leur entourage qui doit progresser.
Un an après Hum Aapke Dil Mein Rethe Hain, Satish Kaushik tourne à nouveau avec Anil Kapoor un film dans lequel on peut retrouver une forme similaire : un drame social, un "clan des comiques" et des scènes de bagarres. Rien de bien nouveau me direz-vous, si ce n’est que l’on a l’impression qu’ici c’est "trop beau pour être vrai". Paradoxalement, je trouve Hamara Dil Aapke Paas Hai plus abouti, et avec moins de défauts, que le sympathique HADMRH : pas de litres de sauce tomate et des personnages plus contents, par exemple.
Face à Anil Kapoor, très à l’aise dans son rôle, et du coup très crédible aussi, Aishwarya Rai livre une belle prestation de femme blessée. Cela lui a valu une nomination pour le Filmfare Award de la meilleure actrice en 2001 (remporté par Karisma Kapoor pour Fiza). Elle met en lumière toute la difficulté qu’il y a à apprécier le meilleur quand le monde vous fait subir et vous accuse du pire, toutes les luttes internes…
Les deux acteurs ne sont pas avares en émotions et cela fait plaisir à voir. D’autant plus que, comme à son habitude, Aishwarya Rai est magnifique.
Du côté du reste de la distribution, le choix d’Anang Desai pour jouer le père d’Anil Kapoor semble étrange : pas assez vieux, pas assez convaincant, si ce n’est un capital sympathie inexistant, alors que Smita Jaykar incarne bien la mère abandonnée. Sonali Bendre est mignonne dans son rôle fonctionnel. Les voisins dans les "scènes comiques" sont assez lourds mais pas insupportables comme les pitres de Hum Aapke Dil Mein Rethe Hain. D’autant plus qu’ici, on peut leur trouver une véritable fonction. Seulement, si leurs scènes avaient été moins longues et moins nombreuses, on aurait pu avoir plus de bande pour avoir une fin moins abrupte (oui, on peut toujours rêver d’un final bien développé).
La musique et les clips sont assez variés. On commence avec It’s My Family, la chanson familiale, avec les mascottes peluches du parc d’attraction, un peu du type Ta Ra Rum Pum du film éponyme, le côté animation en moins. Puis il y a la très jolie complainte Gum Hai Kyon, avec les ventilateurs à fond dans la maison mais très touchante. Viennent ensuite les chansons romantiques Hamara Dil Aapke Paas Hai, I Love You, Kya Maine Aaj Suna et Shukriya Shukriya qui nous font voyager. Valent surtout le détour pour la musique, Hamara et Gum Hai Kyon.
Je n’hésite pas à mettre à ce film, qui m’a fait découvrir et apprécier Anil Kapoor en héros romantique, un 8/10. Il est agréable à regarder et ne met jamais mal à l’aise malgré le thème abordé (une des mes craintes initiales). Et si, au final, il est tout de même très idéaliste, il propose des acteurs de très haut niveau. C’est un film, et ce sera ma grande tirade finale, avec beaucoup d’amour, profondément humain, où l’on retrouve autant les défauts qui défigurent les hommes que les qualités qui les font vivre et survivre.