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Interview Nadine Tarbouriech : Bollywood or not Bollywood ?

Publié lundi 8 mars 2004
Dernière modification dimanche 9 mars 2014
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Par Eulika, Suraj 974

Dossier Centre Pompidou : vous avez dit Bollywood ! (2004)
◀ Projecteur sur les festivités Bollywood du Centre Pompidou !
▶ Interview N. Tarbouriech : Origine de la rétrospective

Interview de Nadine Tarbouriech, programmatrice et chargée de mission du Centre Pompidou pour la rétrospective « Vous avez dit Bollywood ! », le 22 janvier 2004 au café Plein Soleil à Paris, dans le 11eme arrondissement, de 14 h 30 à 16
h environ.

Suraj : Pourquoi cette affiche ?

Nadine Tarbouriech : J’ai choisi l’affiche d’un film de V. Shantaram parce que ce cinéaste n’est pas très connu, il est l’un des moins connus de l’âge d’or du cinéma
populaire indien.

Eulika : C’est très kitsch comme affiche…

Nadine
Tarbouriech
 : Très kitsch, mais en même temps le visuel est très lyrique.

Eulika : C’est l’affiche qui va servir à la publicité et à toute la promotion
 ?


Nadine
Tarbouriech :
Oui. Moi, je préférais ça à une affiche, à une image d’un film,
quelque chose qui soit trop concret comme Devdas. En
plus,Devdas
n’est pas forcément le meilleur film, et cette rétrospective joue sur du cinéma
plus ancien.

E&S : Pourquoi avoir choisi ce titre pour la rétrospective, « Vous avez dit Bollywood ! » ?

Nadine
Tarbouriech
 : Parce que, pour moi, c’est une façon de jouer avec le mot Bollywood.
Parce que ce mot en Inde est très contesté, voire agressif, pour beaucoup d’Indiens
(ndlr : Amitabh Bachchan a souvent critiqué l’emploi de ce terme), mais
au stade actuel, on ne peut plus le faire disparaître et, en même temps, il a
du sens. L’emploi du point d’exclamation plutôt que du point d’interrogation
signifie que derrière
le mot il y a beaucoup de choses.

Eulika : Quel est votre rôle dans ce festival ? Programmatrice ?

Chargée de mission. En peinture, on dit commissaire d’exposition, chargée de mission en est l’équivalent pour le cinéma.

Eulika : Comment avez-vous connu Bollywood et le cinéma indien ?

Nadine Tarbouriech : Cela remonte à très loin. Moi-même, je viens du cinéma français
avec lequel j’ai travaillé pendant plus de 20 ans. Quand j’ai commencé toute
jeune, deux cinéastes indiens étaient comme mes maîtres en France : d’une part,
Satyajit Ray, dont on pouvait voir les œuvres ici, et d’autre part, Ritwick Ghatak,
que j’adorais particulièrement
 ; il est moins connu que S. Ray, mais moi, je le place au-dessus.

Eulika : Mais comment les avez-vous découverts, ces cinéastes ?

Nadine
Tarbouriech :
En France, et de fait, après 20 ans de cinéma français, j’ai
eu le désir d’aller vers une autre cinématographie, de m’intéresser à autre chose. À cette époque,
on ne voyait plus rien du cinéma indien en France, sauf de façon très sporadique
dans les festivals. On avait complètement perdu la connaissance de ce cinéma-là.
Alors, j’ai demandé à partir en mission avec le ministère des Affaires étrangères
pour faire un rapport de mission sur l’état du cinéma indien aujourd’hui. J’ai
parcouru l’Inde pendant trois mois en rencontrant des réalisateurs, en allant
de festival en festival, en interviewant, en essayant de comprendre. J’étais
complètement sur le terrain. Depuis, je passe une partie de mon temps - voire
la moitié cette année - en Inde dans les festivals, à rencontrer des gens et
maintenant à essayer
de programmer des choses.

Eulika : Vous avez rencontré beaucoup de réalisateurs et d’acteurs ?

Nadine
Tarbouriech :
Oui, j’en ai rencontré, de plus en plus. J’ai fait le festival
de Marrakech cette année et j’ai été amenée à rencontrer plus de gens de Bollywood
qu’auparavant. Comme je viens du cinéma d’auteur, je n’étais pas préparée à rentrer
dans un cinéma plus commercial. Mais, tout doucement, en prenant en compte tous
les cinémas de l’Inde, je me suis rendu compte qu’il y avait là aussi quelque
chose qui se passait. Ce cinéma avait une histoire, une histoire fascinante qui
remontait à l’origine du cinéma. C’était un genre toujours en mouvement, et j’ai
pensé qu’il ne fallait pas le négliger pour l’avenir
en dehors de toute question de mode.

J’ai donc proposé un programme pour Marrakech, sachant aussi que le public du Maroc est quand même très très connaisseur de ce cinéma-là.

Nadine Tarbouriech : J’ai rencontré Amitabh Bachchan à Paris (ndlr : ce vieil Amitabh, sacrée fripouille, va !! mdr).
Je n’avais pas envie de présenter des films avec Amitabh ou de le présenter,
lui, pour lui rendre un hommage, j’avais plus envie qu’il s’exprime à travers
un choix de films. C’est quelqu’un d’éminemment intéressant, un bel ambassadeur
pour le cinéma indien. Il a démontré une grande connaissance de ce cinéma à travers
son choix : il a choisi quatre grands classiques et pas seulement du cinéma
populaire : Kaagaz Ke Phol, l’un de ses films préférés qui va être
présenté au Centre Pompidou, Satya de Ram Gopal Varma, un classique récent
que j’aime aussi énormément. Il a également choisi Le salon de musique (Music
Room
) de Satyajit Ray, un superbe film, et Ardh Satya, un film moins
connu de Govind Nihalani, cinéaste peu connu (ndlr : 1983, avec Om Puri, Smita Patil, Naseerudhin Shah).

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