]]>

Jodhaa Akbar


Bande originale

Azeem-O-Shaan Shahenshah
Jashn-E-Bahaara
Khwaja Mere Khwaja
In Lamhon Ke Daaman Mein
Mann Mohana

En savoir plus

Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 5 avril 2008

Note :
(7/10)

Article lu 26796 fois

Galerie

Jodhaa - Akbar a remporté 4 prix aux Filmfare Awards 2009, et les mêmes 4 prix à l’IIFA 2009 :
Meilleur film, meilleur acteur pour Hrithik Roshan, meilleur réalisateur pour Ashutosh Gowariker, meilleur parolier pour Javed Akhtar.

voir la news d’Amanpreet et celle de Madhurifan.

Vous pouvez vous procurer le DVD ou le Blu Ray, avec sous-titres français et version française : plus d’info ici.

****************************

Enfin un film dont la magnificence peut rivaliser avec celle de Devdas ! C’est assez surprenant de la part d’Ashutosh Gowariker (dont Lagaan et Swades étaient plutôt sobres), mais Jodhaa Akbar en met plein la vue : costumes, décors, mise en scène, tout est ouvertement surdimensionné, majestueux. Hrithik Roshan domine l’ensemble de toute une tête, au sens propre comme au figuré. Il EST l’empereur, c’est indéniable, avec un charisme, une puissance à tomber par terre. A ses côtés, Aishwarya Rai se défend bien mais ferait presque figure de faire-valoir, c’est dire…

L’histoire nous emmène au 16ème siècle, les Moghols venus de Perse et d’Afghanistan ont envahi l’Hindoustan. L’enjeu pour le jeune empereur est de se faire reconnaître comme suzerain par les Rajah qui trônent sur leurs fiefs depuis bien plus longtemps, et de se faire accepter par le peuple, hindou, alors que les « envahisseurs » sont musulmans. C’est dans ce cadre que s’inscrit le mariage entre Jalaluddin (pas encore Akbar, « Le Grand ») et Jodhaa, princesse rajpoute hindoue, fille du Rajah d’Amber*.
Elle est rebutée par la perspective d’aller vivre au sein d’une communauté qui ne reconnaît pas ses dieux, ressent comme un déshonneur le fait d’être unie à un non hindou. Elle essaye même de faire échouer la transaction en exigeant des conditions impensables : disposer d’un temple hindou dans la forteresse moghole. A sa grande surprise, Jalaluddin accepte.

Après le mariage, elle le découvre tolérant, respectueux, humaniste, soucieux du bien-être de son peuple, prêt à modifier des lois injustes, ce qui lui vaudra bientôt le titre « Akbar ». Ils tombent amoureux, tout pourrait aller pour le mieux si la nourrice fort influente du jeune empereur ne complotait pas pour évincer cette si jolie princesse qui empiète un peu trop sur son territoire.
Par ailleurs, des princes Rajputs encaissent mal cette alliance et s’organisent pour contre-attaquer.

C’est là, précisément, que le scénario fait défaut. Pour nourrir ce film de 3h30, il eut fallu de solides intrigues politiques, au-delà de l’histoire d’amour et des sympathiques aspirations humanistes du monarque. Or, autant le moindre rebondissement de la romance est traité avec beaucoup d’attention, autant la partie politique est plutôt évasive. On a du mal à suivre les jeux d’alliance, qui se manifestent aussi un peu tard et semblent ne prendre vraiment corps que lorsque les femmes s’en mêlent ( !). Bref, pas très crédible.
Du coup, le scénario qui semble lorgner quand même du côté de Troie ou Asoka, est assez loin d’en atteindre l’intensité politique et guerrière, malgré plusieurs scènes de bataille énormes, avec éléphants, milliers de figurants, hémoglobine, corps à corps et tout ça. Mais à vrai dire, ces scènes elles-mêmes, malgré leur grandiloquence, manquent de consistance : le réalisateur semble bien plus à son aise dans les palais des mille et une nuits et les face-à-face musclés (la lutte entre Hrithik et l’éléphant est mémorable), que sur les champs de bataille.

On peut également regretter que le personnage de Jodhaa n’ait pas été plus développé, la jeune femme défend bien ses propres intérêts, mais au-delà de la fierté (de l’orgueil ?), on ne lui laisse guère l’occasion de s’exprimer. Le titre du film commence par Jodhaa, pourtant c’est clairement Akbar le héros.

Cela dit, Jodhaa Akbar reste un très beau film, agréable à regarder, une merveilleuse ode à l’amour incarnée par des acteurs superbement mis en valeur, dans des décors splendides. Les scènes y sont conçues comme des tableaux vivants, avec un très grand soin du détail et de la lumière.

La musique d’AR Rahman est plutôt douce, avec des tonalités classiques qui servent bien le film, notamment un beau qawali (Khwaja Mere Khwaja). Mais aucune mélodie ne reste vraiment en mémoire.
Et surtout, surtout, pourquoi Gowariker nous a-t-il privés de scènes de danse interprétées par Aishwarya et Hrithik ??? Il a sous la main pendant des mois deux des meilleurs danseurs de Bollywood, et il ne trouve pas moyen de les faire danser ! Ni ensemble, ni séparément d’ailleurs, à part trois petits tours de derviche esquissés par Hrithik. Quel gâchis ! Les duels au sabre sont sans doute censés compenser, mais c’est du déjà-vu (La dernière Légion), et je reste frustrée par la partie dansée, avec une seule chorégraphie à grand spectacle, Azeem O Shan, Shahenshah, réunissant des centaines de danseurs. Et encore, on admire plus la prouesse de la mise en scène que la danse elle-même.

Décidément, même si les costumes ont été conçus par Neela Lulla, qui a créé ceux de Devdas, les deux films ne réunissent pas les mêmes qualités : s’ils rivalisent en magnificence, on ne peut pas en dire autant de la musique, de la danse, des personnages féminins, ni de l’intensité dramatique. Jodhaa Akbar est un beau film, mais on attendait de la part d’Ashutosh Gowariker, un grand film.

* La véracité historique du film a été amplement remise en cause en Inde, le Rajasthan a même voulu bannir le film de ses écrans, mais la demande n’a pas été jugée recevable par la cours. Ashutosh Gowariker a lui-même expliqué que l’histoire avait été inventée à 70%. Il s’inspire beaucoup plus d’un contexte que de la réalité des faits. On ne lui en voudra pas, surtout en regardant la longue liste des épouses, concubines et rejetons du vrai « Akbar » : beaucoup moins romantique ! (voir article sur Wikipedia )

Commentaires
21 commentaires