Kal Ho Naa Ho
Traduction : Demain sera ou pas
Langue | Hindi |
Genre | Comédie dramatique |
Dir. Photo | Anil Mehta |
Acteurs | Shah Rukh Khan, Saif Ali Khan, Preity Zinta, Jaya Bachchan, Sonali Bendre, Satish Shah |
Dir. Musical | Shankar-Ehsaan-Loy |
Parolier | Javed Akhtar |
Chanteurs | KK, Sadhana Sargam, Udit Narayan, Alka Yagnik, Sonu Nigam, Shaan, Shankar Mahadevan, Vasundhara Das, Loy Mendonsa, Madhushree, Richa Sharma, Ravi Khote |
Producteurs | Karan Johar, Yash Johar |
Durée | 180 mn |
Kal Ho Naa Ho a suscité les passions au point de faire l’objet de deux chroniques publiées coup sur coup, les 2 et 3 octobre 2004. Les voici.
L’avis de Suraj974 (7/10) :
Après le succès de ses films précédents, Kuch Kuch Hota Hai et Khabi Khushi Kabhie Gham, Karan Johar revient avec son troisième film, mais cette fois uniquement en tant que producteur et scénariste, puisqu’il cède la casquette de réalisateur à son ancien assistant Nikhil Advani.
L’histoire située dans la communauté indienne de New York, est centrée autour de trois personnages, Naina (Preity Zinta), Rohit (Saif Ali Khan), et Aman (Shah Rukh Khan). Naina est issue d’une famille instable, brisée par le suicide du père et rythmé depuis lors par les conflits incessants entre la mère catholique (Jaya Bachchan) et la grand-mère hindoue. Rohit le meilleur ami de Naina, est un jeune cadre new-yorkais, célibataire, recherchant désespérément l’âme sœur. Aman va s’immiscer dans leurs vies, résoudre leurs problèmes et embellir leur vie, au mépris de la sienne.
Le film s’organise en deux parties, ce qui devient une habitude chez Karan Johar puisqu’il procédait de même dans KKHH et K3G. La première partie est une comédie totalement jouissive, alors que la seconde se veut beaucoup plus dramatique.
La première partie est de loin la plus brillante du film. Elle adopte un ton résolument comique, débridé et désinvolte. Les dialogues remarquablement écrits sont redoutablement efficaces et les situations très bien pensées. Tout est parfaitement agencé et exécuté grâce à des procédés assez innovants, tel les split-screens, les effets d’avance rapide, de ralenti ou même de gel de l’image. Le film se permet de parler de sujets sensibles, comme l’homosexualité, mais en utilisant l’humour ce qui désamorce toute tension. Tous les types de comiques (répétition, situation, langage), sont employés avec un talent certain.
C’est aussi un régal pour l’amateur de films hindis, de par l’abondance de clins d’œils à d’autres films et la présence en caméos de comédiennes des précédents films de Karan Johar. C’est devenu une marque de fabrique, mais ici il les multiplie. Il y a notamment une séquence d’anthologie où il reprend en intégralité la chorégraphie de ‘Chale Chalo’ de Lagaan, mais en la resituant dans le contexte de la rénovation d’un restaurant !!! Un grand moment…
La réussite de cette première partie est en grande partie due aux acteurs, qui y sont tous excellents. Shah Rukh Khan plus sobre qu’à l’habitude retrouve avec bonheur son ton cabotin de Shakti et se révèle vraiment très drôle. Saif Ali Khan montre de très bonnes dispositions tant pour la comédie que pour le drame, même s’il est un peu éclipsé dans la seconde partie. Il confirme amplement tout le bien qu’on pensait de lui après sa déjà prometteuse performance dans Dil Chahta Hai. Mais c’est surtout Preity Zinta qui sort du lot. Elle porte littéralement le film sur ses épaules et nous sert une performance toute en sensibilité qui à elle seule vaut de voir le film.
Malheureusement tout retombe dans la seconde partie. Pourtant, le scénario laisse planer un doute tout le long du film, on sent que quelque chose de terrible va arriver, mais lorsque le drame se noue…. Il ne se passe rien. Ou plutôt si, mais on n’y croit pas. Autant la réalisation était précise, aiguisée, stupéfiante de maîtrise dans la première partie, autant elle pêche totalement dans la seconde. Elle est pourtant servie par un excellent scénario, réglé comme du papier à musique, mais se révèle étrangement maladroite. Autant dans Kuch Kuch Hota Hai on était en larmes, autant dans Khabi Khushi Kabhie Gham notre cœur se retournait, autant là on est au mieux un peu ému. Même Shah Rukh khan qui bénéficie de passages particulièrement larmoyants et émouvants, donc taillés sur mesure, est peu convaincant. On ne croit pas un seul instant à ce qui lui arrive, alors que dans Devdas sa douleur était criante de vérité.
On pourrait dire qu’il y a un manque d’équilibre dans la structure du film, on a l’impression que le réalisateur a voulu faire une comédie et le producteur un drame. Si bien que les deux se télescopent et fonctionnent difficilement ensemble.
Pour parachever la déception, l’un des plus gros défauts concerne la musique - impardonnable pour un film Bollywood. Elle est plus que moyenne. En dehors de la très belle chanson-titre, remarquablement interprétée par Sonu Nigam et bien mise en scène, les autres sont nettement un ton au-dessous, elles manquent cruellement d’intensité.
Néanmoins, sous son aspect comique, le film aborde des sujets plus profonds et plus graves, qu’effectivement seul l’humour pouvait permettre de traiter sans tomber dans un didactisme un peu scolaire. Le message du film est clairement qu’il faut profiter de chaque instant que nous offre la vie (son tire signifie littéralement « Demain peut ne pas être »). Mais au-delà, on peut voir en lui un message patriotique typiquement indien, prônant l’unité entre les différentes communautés indiennes (ici les gujrati et les punjabis) qui ne cessent de se disputer inutilement même en dehors de leur pays, en montrant à chacune ses défauts. C’est Aman venant directement de l’Inde qui vient résoudre leurs problèmes, comme un symbole de l’Inde aidant ses enfants égarés, se sacrifiant pour eux. De même, c’est en transformant leur restaurant ‘café New York’ en ‘café New Delhi’ qu’ils trouvent le succès. Le film prône la tolérance, l’altruisme, à l’image d’Aman qui se sacrifie pour le bonheur des autres sans rien espérer en retour, au mépris de sa propre vie déjà si fragile. .
Par ailleurs on peut trouver au film un autre niveau de lecture, lié à la religion hindoue, qui va au-delà de la trame scénaristique apparente. La dernière phrase prononcée par Aman : "ce qui n’est pas achevé dans cette vie le sera dans les prochaines", inscrit le film dans une logique karmique. De même ce personnage qui lève tout les obstacles, peut évoquer un Ange, mais aussi le dieu Ganesh qui a également cette fonction. En fin de compte, ce film qui paraît occidentalisé sous prétexte qu’il est situé à New York, est on ne peut plus traditionnellement Indien, il est même certainement plus indien que bien des films situés en Inde.
En définitive, loin d’être le chef-d’oeuvre attendu, Kal Ho Naa Ho vaut principalement pour sa première partie hilarante et ses interprétations de grande qualité. On peut toutefois regretter que cette très bonne impression soit gâchée par une seconde partie dramatique trop convenue qui tombe un peu à plat. Il en ressort malgré tout que le talent de Nikhil Advani est certain, car ce premier film est déjà une belle réussite.
L’avis de Maya (8/10) :
Naina (Preity Zinta) vit à New York dans une famille disloquée où l’on se déchire quotidiennement. Sa mère Jenny (Jaya Bachchan) et sa grand-mère se détestent, cette dernière hait sa petite sœur adoptée. Chaque jour Naina doit lutter contre l’animosité ambiante. Elle ne sait plus sourire depuis longtemps. Elle ne trouve un peu de réconfort qu’auprès de son ami Rohit (Saif Ali Khan) empêtré dans ses déboires sentimentaux. La situation financière de la famille s’aggrave et il ne reste qu’un recours : prier pour qu’un ange gardien vienne tout arranger.
Et le voilà ! Il s’installe dans la maison d’en face : Aman (Shah Rukh Khan), tornade de bonne humeur, bouscule les uns et les autres et décide de réapprendre à Naina à sourire, malgré l’hostilité affichée de la jeune fille.
De danse en chanson, de pitrerie en émotion partagée, Aman, Rohit et Naina deviennent amis. Naina retrouve le sourire, découvrant d’adorables fossettes. Elle tombe amoureuse d’Aman pendant que Rohit tombe amoureux d’elle. Aman est amoureux de Naina. Le triangle classique ? pas tout à fait : Aman ne peut pas s’engager dans cette relation et laisse croire à Naina qu’il ne l’aime pas. Elle est désespérée. Aman fera tout pour que l’amitié qu’elle ressent pour Rohit se transforme en amour, en mariage, en vie heureuse.
Ange gardien de toute la famille, il dénouera aussi certains secrets trop enfouis et réconciliera grand-mère, mère et filles.
Kal Ho Naa Ho, "Demain sera ou pas", est un vrai film Bollywood. De l’émotion, encore de l’émotion, encore plus d’émotion, des rebondissements, des histoires qui se croisent autour de ce grand thème universel : l’amour.
Le film est souvent poignant, comme l’est Aman son personnage principal, taisant son propre amour par amour de l’autre. Shah Rukh Khan est magistral, il porte et emporte le film dans un tourbillon de rires et de larmes, communiquant aux spectateurs sa bonne humeur, son énergie et sa souffrance infinie.
Il y a du Cyrano de Bergerac dans ce film, dans Aman qui prête sa voix et ses mots à Rohit plus inhibé, Aman qui aime et qui souffre en silence tout en distribuant la joie autour de lui. Dans Naina aussi qui comme Roxane ne découvre que trop tard l’amour que lui porte cet homme hors norme, insaisissable et omniprésent.
Les interprétations de Saif Ali Khan, de Preity Zinta et de Jaya Bachchan forcent l’admiration. Dans des rôles plutôt difficiles et face à la présence très forte de Shah Rukh Khan, ils savent imposer leurs personnages, très attachants eux aussi. Les second rôles sont nombreux et ont une vraie place dans Kal Ho Naa Ho, chacun a sa personnalité propre, son histoire, ils deviennent au fil du film nos voisins, nos amis…
La mise en scène de Nikhil Advani - dont c’est le premier film - est plutôt originale avec ses arrêts sur image, ses clins d’oeil à la caméra, elle fera sans doute taire les mauvaises langues qui ne voyaient en lui que l’ombre de Karan Johar (scénariste et co-producteur avec son père Yash). Le film est très rythmé, les plans rapides, les contrastes bien menés, les scènes de danse et les chansons s’intègrent parfaitement à l’histoire et l’ensemble du film est une véritable ode à New York, cosmopolite, animée, romantique…
Côté musique, la création du trio Shankar Ehsaan Loy est une réussite plutôt innovante, avec un beau thème central : Kal Ho Naa Ho, avec un mélange de musique indienne et de rythmes occidentaux (ou bien l’inverse ?). Le film nous réserve de vraies chorégraphies de groupe, "It’s time to disco", parodie drôle et sexy de danse "à la Travolta", "Pretty Woman" et sa chorégraphie de rue qui oscille entre "Fame" et les clips rap de MTV. Mais aussi une belle scène de groupe dans le plus pur style Bollywood avec "Maahi Ve", qui nous réserve bien des surprises, faisant bondir la salle de cinéma toute entière à chaque apparition.