Kalathur Kannamma
Traduction : Kannamma de Kalathur
Langue | Tamoul |
Genre | Classique |
Dir. Photo | T. Muthuraj |
Acteurs | Kamal Hassan, Savitri, Gemini Ganesan, Balaiah, Devika, S. V. Subbiah, Ashokan, Manorama |
Dir. Musical | R. Sudharsanam |
Paroliers | Vaali, Kannadasan, Kothamangalam Subbu |
Chanteurs | T. M. Sounderarajan, A. M. Rajah, P. Susheela, M. S. Rajeshwari, S. C. Krishnan |
Producteur | A. V. Meiyappan |
Durée | 176 mn |
Dans le train les ramenant à leur petit village de Kalathur, le fils du zamindar (Balaiah) et la fille de son serviteur se croisent, et peu à peu tombent amoureux. Sachant très bien que leurs parents n’accepteront pas cette union, Gemini et Savitri se marient en secret. Mais l’affaire se complique, quand il doit partir à l’étranger. Livrée à elle-même, elle s’aperçoit qu’elle est enceinte, doit dévoiler son mariage, et se retrouve exclue du village avec son père. Son fils, joué par le tout jeune Kamal Hassan, abandonné à la naissance, est élevé dans un orphelinat. Elle va de ville en ville et de travail en travail.
Bien plus tard, quand le père revient en Inde, il est dévasté par le départ de sa bien-aimée dont il ne connaît bien sûr pas la raison, et sombre dans l’alcoolisme. A l’occasion de la fête de l’orphelinat, dont son père est le mécène, il se prend d’affection pour le petit Kamal. Dans le même temps, sa mère trouve un emploi d’institutrice dans ce même orphelinat. Le sort les réunira-t-il ?
Kalathur Kannamma est un triangle amoureux peu conventionnel, puisqu’il est centré sur les parents et leur enfant.
Savitri et Gemini Ganesan, dans les rôles principaux, sont vraiment très bons, il y a une vraie alchimie qui s’opère entre eux dans les scènes romantiques et qui, du coup, rend plus poignante leur séparation. Savitri est très juste en femme blessée, et Gemini, même s’il en fait un peu trop en alcoolique, est dans l’ensemble très bon aussi. C’est surtout le tout jeune Kamal Hassan, 4 ans, qui crève l’écran en faisant preuve d’une précocité assez hallucinante pour son âge.
Le film est resté célèbre précisément pour cela. Il est vrai qu’on a rarement vu un enfant tenir aussi brillamment un rôle dans un film indien, et même avoir un rôle aussi bien écrit pour lui - à part peut-être le petit Birju dans Mother India ou, plus proche de nous, le film Anjali ; néanmoins ce serait occulter la qualité d’écriture du film.
Le scénario s’inspire visiblement des histoires d’amour impossibles à la Devdas, où les amoureux sont séparés à cause d’une différence de niveau social. Il évite toutefois les redondances de ce genre d’histoires en passant assez vite sur la rencontre des deux amoureux, en montrant en quelques scènes rapides mais réussies comment leur relation se concrétise.
Mais il se démarque considérablement du tout-venant avec le rôle prépondérant accordé à l’enfant. Cela donne vraiment au film une toute autre dimension : il a un rôle à la hauteur des adultes, avec des scènes entières qui ne tiennent que par sa seule présence. C’est un choix très courageux quand on sait à quel point il est difficile de diriger des jeunes enfants, qui sont par nature imprévisibles.
Bhimsingh, l’un des réalisateurs-phares de l’époque et spécialiste des mélodrames, rend totalement justice au scénario. Sa réalisation est sobre mais très efficace. Sans jamais sombrer dans le pathos, les personnages sont toujours dignes, ce qui donne un côté très humain au drame et ne le rend que plus touchant.
Voilà pourquoi plus d’un demi-siècle plus tard, Kalathur Kannamma reste un classique formidablement frais et novateur, qui se regarde avec toujours autant de plaisir !