Kaminey
Traduction : Racailles
Langue | Hindi |
Genre | Thriller |
Dir. Photo | Tassaduq Hussain |
Acteurs | Priyanka Chopra, Shahid Kapoor, Amole Gupte, Chandan Roy Sanyal |
Dir. Musical | Vishal Bhardwaj |
Parolier | Gulzar |
Chanteurs | Mohit Chauhan, Kailash Kher, Vishal Dadlani, Sunidhi Chauhan, Suresh Wadkar, Sukhwinder Singh, Rekha Bharadwaj, Vishal Bhardwaj, Kunal Ganjawala |
Producteur | Ronnie Screwvala |
Durée | 134 mn |
Guddu et Charlie sont frères jumeaux, frères ennemis. Guddu est étudiant, amoureux de Sweety qui étudie sur le même campus. Charlie est une petite frappe des bas-fonds, qui rêve de jouer le cheval gagnant. Mais lorsque le frère de Sweety, caïd de son état, décide d’avoir la peau de Guddu et que Charlie est recherché à la fois par la police et par un puissant mafieux, les événements se précipitent et leurs destins s’emmêlent inextricablement, dans un univers glauque qui ressemble à un cauchemar, à un labyrinthe dont on ne sait pas, jusqu’à la dernière minute, s’il mène à la rédemption ou en enfer.
Kaminey est avant tout un film d’action, un thriller aux multiples rebondissements, mené à un rythme rapide, soutenu par une musique qui "déchire" et porte à son paroxysme l’atmosphère à la fois survoltée et délétère du film, jusqu’au feu d’artifice final. Les images sont souvent comme entrechoquées, pour mieux rendre compte du stress de Charlie et Guddu, de leur course éperdue dans un monde dont ils ne maîtrisent plus rien. Comme dans Omkara et Maqbool, Vishal Bhardwaj ne se contente pas de filmer des scènes, il crée un univers et nous fait plonger dans la psychologie particulière de ses personnages, faite de doutes et de projections "qui suis-je, qui devrais-je être, qui voudrais-je être". Mais il ne s’appesantit pas, l’action rebondit déjà, l’objectif est de distraire avant tout, et si l’univers est sombre, il n’est pas dénué d’humour.
Après le tandem Ajay Devgan et Saif Ali Khan d’Omkara, nous avons le tandem Shahid Kapoor – Shahid Kapoor. Comment Vishal Bhardwaj a-t-il eu l’idée de confier ce double rôle au gentil jeune homme lisse de Vivah et de Jab We Met ?! Sans doute aime-t-il les challenges, et le résultat est probant.
Paradoxalement, l’acteur est presque plus crédible en Charlie qu’en Guddu. Sa composition du frère damné est étonnante, comme s’il se débarrassait de son masque de gendre idéal pour mettre à jour une personnalité plus complexe, fébrile, fragile, qui perce sous les postures avantageuses et les muscles savamment travaillés.
Le paisible Guddu est plus proche des personnages habituels de Shahid Kapoor, si ce n’est que le réalisateur a ajouté, là aussi, un challenge : Guddu est bègue et son handicap s’accroît lorsqu’il est stressé, le résultat là encore est digne d’éloges.
Priyanka Chopra en Sweety défendant son Guddu bec et ongles, a enfin trouvé un rôle qui fait oublier Miss Monde. Certes, elle a plus de cernes et on ne profite guère de sa plastique de rêve, mais elle n’a jamais été aussi vivante, aussi convaincante. D’ailleurs c’est elle que les spectateurs encourageaient le plus, applaudissant ses dialogues musclés de fille peu impressionnable.
Ces mêmes spectateurs, hindiphones, ont ri à plusieurs reprises, là où malheureusement la traduction est limitée : le personnage de Charlie est doté lui aussi d’un défaut de prononciation, il transforme les s en f, l’équivalent du "zozotement" en français, ce qui semble donner aux dialogues de certaines scènes un piquant qui m’a échappé. La salle a applaudi à la fin. Sans aucun doute, le film gagne à être vu sur grand écran avec le son à fond, mais j’espère que vous l’apprécierez aussi sur votre lecteur DVD. Dans la même veine que Dev. D, c’est un film à montrer à ceux de vos amis qui trouvent que "Bollywood, c’est gnan-gnan". De quoi les guérir définitivement de leurs idées reçues.