Kannathil Muthamittal
Traduction : Un bisou sur la joue
Langue | Tamoul |
Genres | Drame, Classique, Films sociaux |
Dir. Photo | Ravi K. Chandran |
Acteurs | Madhavan, Prakash Raj, Simran, Nandita Das, J. D. Chakravarthy |
Dir. Musical | A. R. Rahman |
Paroliers | Vairamuthu, B. H. Abdul Hameed |
Chanteurs | Chinmayi Sripaada, A. R. Rahman, Karthik, Devan Ekambaram, Hariharan, Tippu, Swarnalatha, Sujatha, Balram, Minmini, P. Jayachandran, Anupama, Febi Mani, Noel, Manikka Vinayakam, A. R. Reihana, M. S. Viswanathan, Srimathumitha, Rafique |
Producteurs | Mani Ratnam, G. Srinivasan |
Durée | 137 mn |
Le film débute par le mariage de deux jeunes Tamouls sri-lankais, Dileep, un activiste, et Shama (Nandita Das), dont le bonheur est de courte durée, pour ensuite se focaliser sur la vie heureuse d’un couple, Thiru (Madhavan) et Indira (Simran), et de leurs trois enfants. L’aînée des enfants, Amudha, a été adoptée. Le père décide de dire la vérité à sa fille le jour de ses neuf ans. Celle-ci est d’abord choquée par cette nouvelle, puis elle se ressaisit et exprime sa détermination à retrouver sa mère biologique. Les parents, d’abord réticents, décident finalement de l’aider. La recherche va conduire la famille au Sri-Lanka, un pays plongé dans une sanglante guerre ethnique (Tamouls contre Cinghalais)…
Une fois n’est pas coutume, nous allons laisser Bollywood de côté et nous intéresser au deuxième centre cinématographique de l’Inde : Madras (plus communément appelé Kollywood). C’est là que sont produits les films tamouls, largement diffusés dans le sud de l’Inde. Ce cinéma tamoul a pour fer de lance un réalisateur, Mani Ratnam, reconnu à la fois au nord et au sud du pays pour son sérieux ainsi que pour les qualités artistique et commerciale de ses films. En effet, il utilise dans ses réalisations toutes les ficelles de Bollywood (chansons, histoire d’amour) tout en abordant des sujets sensibles.
Après avoir parlé d’enfant handicapé (Anjali), de conflits religieux (Bombay), de terrorisme (Dil se, Roja), Mani Ratnam aborde dans Kannathil Muthamital deux thèmes sensibles, l’adoption et la guerre civile, et les relient pour nous offrir l’un des films indiens les plus émouvants de ces dernières années.
La grande force de ce film se trouve dans sa simplicité. Mani Ratnam a tendance à créer des personnages pompeux et irréels ; or, dans ce film, on a l’impression que les personnages existent vraiment, et leurs interactions sont touchantes et sincères (notamment la relation entre Amudha et Indira). Le scénario, solide et plein de subtilité, est raconté avec beaucoup de maturité et d’à-propos. Certaines scènes vous prennent à la gorge et d’autres vous tirent des larmes. Il y a trois scènes d’anthologie : la première est quand la fille apprend la vérité, la deuxième est une bataille comme vous n’en avez jamais vues dans un film indien et la dernière, surtout, est la rencontre entre la mère et sa fille.
La performance des acteurs est remarquable. Contrairement aux autres films où les comédiens surjouent et pleurent à tout va, ici, rien de tout cela. Les acteurs jouent juste, avec sobriété. La belle Simran, dans le rôle de la mère adoptive, est excellente et prouve ainsi qu’elle peut jouer autre chose que les rôles « glamour ». Madhavan est bon, il ne lui manque pas grand-chose pour être un grand acteur. Nandita Das est une grande actrice, mais ça, on le savait déjà ! La grande révélation de ce film est incontestablement P.S. Keertana qui, dans le rôle d’Amudha, est tout bonnement extraordinaire. Elle joue comme un vétéran malgré son jeune âge. Ses expressions naturelles et spontanées attirent immédiatement notre sympathie. Ses parents (acteurs très connus en Inde du Sud) peuvent en être fiers !
Les qualités de ce film ne se limitent pas toutefois à son scénario ou au jeu des acteurs. Le film brille aussi au niveau technique. La mise en scène est impeccable. Le travail de la caméra (éclairage et cadrage) de Ravi Chandra augmente l’impact émotionnel du film. La scène de bataille entre les militaires et les activistes est tout simplement hallucinante (hommage à Soldat Ryan et à Gladiator ?), preuve que les Indiens, avec peu de moyens, sont capables de rivaliser avec les Occidentaux. Ajoutez à cela de magnifiques photos et des paysages splendides, et vous obtenez un film d’une beauté à couper le souffle. La musique et les chants composés par A. R. Rahman sont doux et hypnotiques, et, comme dans tous les films de Mani Ratnam, ne font pas partie intégrante de l’histoire.
Le film a bien sûr quelques défauts (mais vraiment très légers !). Premièrement, on peut se demander pourquoi des parents modèles comme Thiru et Indira décident de dire la vérité à Amudha alors qu’elle n’a que neuf ans. Deuxièmement, l’histoire d’amour entre Thiru et Indira aurait pu être écourtée. Et troisièmement, la famille sort un peu trop souvent indemne de situations périlleuses.
En résumé, Mani Ratnam nous livre son film le plus abouti. Le scénario est solide, l’interprétation est excellente, et c’est techniquement très brillant. Bref, vous l’avez compris, c’est le meilleur film indien de l’année. À voir absolument, surtout qu’il ne dure que 2 h 20 min (c’est court pour un film indien !).