Kaviya Ilango, illustratrice engagée
Publié mercredi 28 mars 2018
Dernière modification mardi 27 mars 2018
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Kaviya Ilango, 29 ans, est une illustratrice indienne résidant à Bombay. Le grand public la connaît sous le pseudonyme « wallflowergirlsays ».
Issue de la génération des millennials [1], cette dernière est bien évidemment très présente sur les réseaux sociaux.
Alors qu’elle explore son feed Instagram, un constat la frappe : toutes les images qu’elle fait défiler sont lisses, dépourvues de défauts, retouchées à outrance. Notre société n’est que mensonges, faux-semblants, euphorie exagérée. Cela l’attriste… l’exaspère.
Suite à cette constatation, elle décide d’user de ces mêmes réseaux pour lancer son grand projet : le Dirty Laundry Project.
Ses objectifs ? Tacler Twitter-Instagram-Facebook, dénoncer le body-shaming et tous les tabous liés au corps : poils-vergetures-règles, ou encore lutter contre les stéréotypes ; pendant 100 jours.
Kaviya Ilango alias wallflowergirlsays sur Instagram, le 6 juin 2017 :
« I am a millennial. As my mom would say, someone from the lazy spoilt generation. Spoilt for choice - from the bread, veggies & sauces in my Sub to the left or right swipes on Tinder. Choice is a powerful thing. Choices determine my life - be it my career, the people I choose to call my friends, my sexuality, my habits ; in short they’re a reflections of who I am. Don’t be afraid to be the REAL you, Dove screams at me.
But the hard truth is, we millennials are often choosing the ’unreal’ us… We are choosing wrong to carefully construct alternate identities of who we want to be rather than acknowledging who we really are. We are curating & constructing ideal version of ourselves, all thanks to huge bubble of social media. If I judged people by their constructed social profiles, I would be assuming that my entire friend list is either vacationing or partying. If not that, atleast social media tells me everyone is happy. Like perennially euphoric. But I am neither perfect nor forever happy. Nor is anyone I know. Why then is all I see around unreal versions of people ?
Because, lets admit it, who wants to hang their dirty laundry in public, when I can’t even hang my bra in my balcony without my next door aunty judging me. Nobody wants to talk about their dirty thoughts or anxiety disorders or their wild desires, just because we don’t want to be judged. .
But my pile of dirty laundry has been growing and is now so big, I have decided this - why not do a 100 day project on the dirty pile ?So here goes #100daysofdirtylaundry - I hope to cover everything unholy, uncomfortable, cringe-worthy - be it complicated love, indefinable sexuality, masturbation, periods, over-gloried travel, manic materialism, alcohol binges, smelly farts, burps, ugly scars, anything & everything I am guilty about, ashamed to share in public. .
This project is going to be uncomfortable to do. But such dirt is a part of who I am. Who we all are. Just that some acknowledge it, some speak about it but most people hide it. I am just going to draw and rant about it.
Half hoping someone, somewhere says ’Hey, this is relatable’ ; half hoping I can be at my peace with my body, with my desires, with my thoughts, my confusions however wild or dirty they sometimes are. »
Day 55 - This week’s episode of ’Monday Blues’ is sponsored by Kylie’s yet another Botox. #bodystandards #celebrityobsession #bodypositivity
Elle admet se focaliser essentiellement sur le corps féminin, ainsi que sur tous les standards de beauté irréalistes dont les médias et la pop culture font l’incessante promotion.
Kaviya s’inspire de l’imagerie traditionnelle indienne, de la mythologie, de l’art contemporain pour réaliser ses dessins au graphisme souvent minimaliste.
Ses créations sont empreintes d’humour noir et de cynisme, afin de dénoncer toutes les problématiques énoncées précédemment.
Day 8 - Liar Liar, Pinocchio’s nose is on fire. Only you know who you really are. Kindly douse your raging fires yourselves. #biglittlelies(Model ref : Yamini, Bharatnatyam dancer, Stock)
Peut-on qualifier son art de « féministe » ?
Au-delà du fait que chacun en sera seul juge, l’illustratrice répond à cette question :
« Aujourd’hui, le mot “féministe” est balancé à tort et à travers. Suis-je convaincue que les hommes et les femmes méritent un traitement et des droits égaux ? Oui. Cela fait-il de moi une féministe ? Absolument, et j’en suis fière. Pour autant, mon art ne parle pas uniquement de féminisme. De nombreux thèmes abordés dans mes dessins sont sans rapport avec le genre, comme l’addiction aux technologies ou la procrastination. Mais il est évident que je travaille beaucoup sur des sujets liés aux femmes comme la misogynie, le harcèlement sexuel ou les règles. Des thèmes auxquels j’ai été moi-même confrontée. Lorsque je traite de ces problématiques, je ne pointe pas seulement les hommes ou le système patriarcal, je signifie aussi que nous sommes tou·te·s concerné·e·s, qu’en laissant faire ou en se taisant, chacun·e d’entre nous contribue à perpétrer les inégalités hommes/femmes. »
Propos recueillis par Audrey Renault.
Vous trouverez également d’autres catégories d’illustrations, contenant toujours des clins d’œil à l’Inde et à ses richesses culturelles : des représentations de villes (Bombay, Chennai, Bangalore), des revisites d’affiches de films (La La Land, Roméo et Juliette, Star Wars) ou encore de séries (The Big Bang Theory, Les Simpson).
Si vous êtes sensibles aux dessins ainsi qu’aux messages de Kaviya Ilango, vous pouvez consulter son travail ou vous abonner à son compte Instagram ici.
[1] « La majorité des recherches et études démographiques s’intéressant à la « Millennial Generation » évoquent une génération dont les membres sont nés entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990. PricewaterhouseCoopers et Edelman évoquent 1980 et 1995. Gallup utilise les années 1990 à 1996. Ernst & Young : de 1981 à 1996. Idem pour The Financial Brand. […] Le cabinet de tendances Nelly Rodi apporte un consensus : les Millennials englobent deux familles de population. D’un côté la génération Y (individus nés entre 1980 et 1995) et de l’autre la génération Z (nés entre 1996 et 2010), soit les 15-35 ans » [cf.www.agencepoupeesrusses.com].