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Khilona

Traduction : Jouet

Bande originale

Sanam Tu Bewafa Ke Naam Se
Khush Rahe Tu Sada
Khilona Jaankar Tum Kyu
Main Sharabi Nahi
Roz Roz Rosy
Yeh Natak Kavi Likh Gaye

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La critique de Fantastikindia

Par Marine - le 28 avril 2015

Note :
(8/10)

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Vijay Kamal (Sanjeev Kumar), un poète d’une riche famille s’est enfermé dans la folie depuis qu’il a vu la femme qu’il aimait mettre fin à ses jours sous ses yeux, alors qu’elle venait d’être contrainte d’en épouser un autre. Le père de Vijay Kamal, sur les conseils du médecin, veut le marier afin d’effacer chez lui le traumatisme d’avoir vu la mariée mourir. Il demande donc à Chand (Mumtaz), la fille d’une tawaif, elle-même danseuse, de jouer le rôle d’épouse. Celle-ci fini par accepter le rôle (et l’argent) afin d’aider le poète dont elle admire tant les vers.

Il y a quelque temps, l’actrice Deepika Padukone a étonné tout le monde en révélant avoir eu un épisode dépressif au début de l’année 2014, après tous ses succès de 2013. Dans un pays où il est mal vu d’avoir une maladie mentale (mais où est-ce « bien » vu ?), elle a décidé de créer une association pour aider à la compréhension de ces maladies et ouvrir le dialogue sur ce sujet tabou. Khilona, c’est justement l’histoire d’un homme tout à fait normal, appartenant à la classe aisée et lui-même très cultivé qui devient fou un jour suite à un événement tragique. Dès lors, la famille se déchire : que va-t-on faire de lui ? Le frère aîné veut le placer à l’asile. La mère veut le garder sous son toit (mais le toit, justement, suffira). Et le père écoute le médecin. Le film montre deux points importants. Le premier est que « la folie » peut se déclencher chez n’importe qui, suite à un événement traumatisant. Ce n’est pas forcément le résultat d’une mauvaise action. Le second point est que c’est réversible. On peut en guérir. Et surtout, il y a des façons plus ou moins adaptées pour s’occuper des malades.

Mais la folie n’est pas la seule grande thématique de Khilona. En effet, quand on naît dans le corps d’une fille et qu’on est assez sensible aux histoires de karma, il vient un moment où on se dit qu’on a vraiment fait quelque chose de mal dans une vie antérieure pour mériter ça. Car oui, en tant que fille/femme, on n’a pas fini de pleurer. Plus ou moins en fonction de l’endroit du globe, il est vrai. Il y a même un mot qui a été tout particulièrement créé pour pourrir la vie des filles, le mot « honneur ». Il a bon dos celui-là. Les cas d’injustice ne manquent donc pas et le cinéma indien s’y intéresse de temps en temps. C’est le cas de Chhalia par exemple, et puis regardez le personnage mythologique de Sita aussi. Ici, la courtisane Chand est un mouchoir en papier. On l’utilise quand on a besoin d’aide, et on la jette quand elle ne sert plus à rien, d’où le titre : « jouet ».
Cependant, pour sauvegarder la bonne morale du film, on va nous trouver des justifications tirées par les cheveux. Ainsi, à la fin, l’honneur est sauf et c’est l’essentiel mais peut-on vraiment croire que cette famille qui méprisait tant l’héroïne quelques instants à peine plus tôt va l’accepter finalement ? Bollywood est un monde merveilleux.

Alors pour bien nous montrer que les réactions de la famille de Vijay Kamal contre Chand sont injustes, on nous montre en détail les nombreux défauts du frère aîné. Celui qui considère la maladie de son frère comme une tare, tout comme le fait d’avoir une courtisane à la maison, fricotte avec sa secrétaire et détourne les fonds de l’entreprise familiale. Bel exemple de noblesse. Au passage, on remarquera que les grandes maisons de l’aristocratie sont si vastes qu’il peut s’y passer n’importe quoi, on peut même y tuer quelqu’un sans se faire remarquer

La prestation de Sanjeev Kumar est superbe et contribua à faire de lui l’un des acteurs les plus reconnus de son époque. Dans un rôle où il doit jouer un homme privé de ses repères et même bestial ou infantile, il n’est jamais ridicule. Et pourtant son talent se fait discret pour mettre l’histoire et Mumtaz plus en valeur. Quelques flash back nous permettent également d’apprécier le personnage dans son état « normal ». Au début du film, Mumtaz est plutôt irritante avec des poses apprêtées qu’on ne comprend pas bien. L’émotion du personnage de se retrouver face à son poète préféré ? Mais au fur et à mesure du film, elle est plus naturelle et incarne parfaitement son personnage. On s’étonne que Jeetendra, qui joue le jeune frère de Vijay Kamal, ne soit pas crédité au générique alors qu’il a un rôle plutôt significatif et même décisif pour le dénouement.

Le film a reçu le Filmfare du meilleur film et celui de la meilleure actrice pour Mumtaz. Il arrive dans le top 5 des films ayant le mieux marché en 1970, derrière Kati Patang. Il y a eu quatre autres nominations dont celle de meilleur acteur pour Sanjeev Kumar. Tout ceci est mérité car Khilona est un bon film. Agréable à regarder, avec de bons acteurs principaux et un thème intéressant. Prenez le temps d’écouter la très belle complainte Khush Rahe Tu Sada.
Cependant quelques défauts pèsent sur l’ensemble. Le plus notable est celui des parties "comiques" du film. Procédé souvent utilisé dans les films indiens jusqu’à une période encore récente (Hum Aapke Dil Mein Rehte Hain), des personnages presque extérieurs à l’histoire ont leurs propres petites péripéties sensées faire rire le public. Ici c’est le secrétaire qui est affublé d’une épouse bigote encadrée de deux harpies. Ces dernières trouvent tous les prétextes pour empêcher les époux de consommer leur union. Il est heureux que désormais la plupart des films intègrent les parties comiques pleinement dans leur scénario avec les acteurs principaux. L’autre défaut est peut-être une fin peu crédible mais plus facile à regarder. Seulement, je l’admets, la fin eut été différente que le film m’aurait déçue. Parce qu’au fond, je suis un bisounours.

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