Khubsoorat
Traduction : Belle
Langue | Hindi |
Genre | Classique |
Dir. Photo | Jaywant Pathare |
Acteurs | Rekha, Ashok Kumar, Shashikala, Dina Pathak, Rakesh Roshan |
Dir. Musical | R. D. Burman |
Parolier | Gulzar |
Chanteurs | Asha Bhosle, Sapan Chakraborty, Rekha, Ashok Kumar |
Producteurs | N.C. Sippy, Hrishikesh Mukherjee |
Durée | 121 mn |
La belle (khubsoorat) Rekha, dans toute la splendeur de sa jeunesse, illumine ce joli film de 1980 qui chronique la vie d’une famille où l’ordre règne jusqu’à ce que Manju vienne y mettre son grain de sel…
Manju (Rekha) s’ennuie depuis que sa sœur Anju s’est mariée et s’est installée chez sa belle-famille à Bombay. Elle décide de lui rendre visite et s’installe chez les Gupta où vivent les parents, les quatre frères dont le dernier est adolescent, les deux belles-filles dont Anju, et la petite-fille Munni. Manju découvre vite que la famille est menée d’une main de fer par la Mère (Dina Pathak), une femme de devoir qui se dévoue corps et âme à sa famille et trouve encore l’énergie de s’occuper chaque jour d’une association de femmes en détresse.
Nul doute que ces femmes ne trouvent un modèle en Mrs Gupta, forte comme un roc, dont le moindre regard cloue le bec à n’importe qui. Même à Manju, qui pourtant n’a pas la langue dans sa poche.
La jeune fille se révolte de voir tous les membres de la famille plier sous la férule de la mère, et se rend compte que chacun a son jardin secret, ils n’y ont renoncé qu’en façade. C’est trop injuste, se dit Manju, tout le monde devrait avoir le droit de s’exprimer, rire, danser, chanter… De plus, elle n’est pas insensible au charme d’Inder (Rakesh Roshan) et réalise qu’elle ne pourra jamais vivre dans cette famille si les choses n’évoluent pas. Elle décide donc de s’y employer.
Khubsoorat est un film charmant. Rien de très spectaculaire, mais on ne s’y ennuie pas un instant, on s’attache aux personnages, on suit les petites aventures des uns et des autres avec plaisir. Le talent de Rekha y est pour beaucoup, elle est vive, drôle, espiègle, avec un minimum de rouerie mais beaucoup de spontanéité en même temps ; elle diffère du phrasé un peu compassé des héroïnes de cette époque et se rapproche plutôt de Kajol ou Preity. Le film s’appuie essentiellement sur des personnages féminins (Manju et Mrs Gupta) et s’écarte des stéréotypes d’héroïnes au regard baissé en mettant en scène des caractères bien trempés, c’est un vrai bonheur et cela a empêché le film de vieillir (sauf la fin, un peu trop "old school" par rapport au reste du film).
Les hommes ne s’en sortent pas si mal, avec beaucoup de bonté et un brin d’humour ; le film met bien en valeur la façon dont ils apprécient et respectent la Mère, ils sont satisfaits de leur sort et de la discipline qui règne, ils en reconnaissent les effets positifs, ils savent que tout cela est fait pour leur bien.
Mais ils ont aussi trouvé des chemins de traverse pour se soustraire à son emprise.
Mine de rien, Khubsoorat est d’une grande sagesse, et très pédagogue : il montre que dans l’éducation et les relations familiales, l’amour va de pair avec le sens des responsabilités, que les règles qui en résultent sont nécessaires, mais jusqu’à un certain point. Il nous alerte sur le risque d’étouffement et donc de déviances cachées qui pourraient en être les effets pervers. Sans exploiter la fibre dramatique, le film interroge en douceur les parents qui attendent de leurs enfants un comportement trop lisse et conforme à ce qu’ils en attendent.
Je me souviens avoir lu dans une interview de Sanjay L. Bhansali que pour lui Hrishikesh Mukherjee était le dernier des grands réalisateurs. Khubsoorat, même s’il n’a pas le souffle d’un grand film, est de très bonne facture, le scénario, les dialogues, la mise en scène, les décors, tout est finement ciselé, pour notre plus grand plaisir.
La musique et les danses tiennent une place importante, elles sont le souffle de la liberté. La musique de RD Burman est d’un dynamisme peu commun (surtout pour l’époque), il a su créer des mélodies à l’image de Rekha : jeunes, pétillantes, virevoltantes. Une jolie scène de danse indienne classique vient rappeler que la fronde menée par Rekha n’a pas pour but de tuer la tradition, bien au contraire.
A noter une adorable Rekha aux cheveux courts, dans une des plus jolies scènes du film : Manju met en scène une pantomime où masculin et féminin s’emmêlent…
A noter encore : la ressemblance entre Rakesh Roshan et son fils Hrithik, étonnante ! Rakesh avait 31 ans lors du tournage du film, et on retrouve des expressions, des regards, les mêmes yeux verts… Cela dit Hrithik a bien fait de se mettre à la muscu’ et au régime protéiné, cela lui donne quand même une autre allure !
Khubsoorat a gagné en 1981 le Filmfare Award du meilleur film, et Rekha celui de la meilleure actrice. Ce film est un classique des années 80 et fait partie des meilleurs rôles de cette grande actrice, avec Muqaddar Ka Sikandar, Silsila, Khoon Bhari Maang et Umrao Jaan.