Kora Kagaz
Traduction : Feuille blanche
Langue | Hindi |
Genre | Films semi-commerciaux |
Dir. Photo | Bipin Gajjar |
Acteurs | Jaya Bachchan, Vijay Anand, Achala Sachdev, A. K. Hangal, Dinesh Hingoo |
Dir. Musical | Kalyanji-Anandji |
Parolier | M.G. Hashmat |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Kishore Kumar |
Producteur | Sanat Kothari |
Durée | 127 mn |
Kora Kagaz est un des rares films hindis qui traitent de la vie après le mariage. Précurseur de Chalte Chalte et de Saathiya, il met en scène ces petites choses et ces grands malentendus qui peuvent mettre à mal le plus beau des sentiments amoureux.
Dès le début, le spectateur est prévenu : Archana (Jaya Bhaduri Bahchan) ressemble à une veuve, elle a renoncé à la séduction (elle porte des grosses lunettes, c’est un signe qui ne trompe pas !), elle traîne son mal de vivre dans une école perdue où elle enseigne.
Flash-back. Archana vit avec ses parents et rencontre un charmant professeur (Vijay Anand), qu’elle épouse au bout d’une heure de film. Cette première heure est la plus lente, un quart d’heure aurait suffi à nous présenter personnages et situation, mais en même temps l’approche du cinéaste est intéressante ; dès le départ, le film s’attache au quotidien d’une famille middle class : pas de grand escalier, les filles dorment dans le salon, même si le père a un grand bureau-sanctuaire. Ce dernier est le proviseur du lycée local, sa femme râle parce que leur vieille voiture est tout le temps en panne mais il n’est pas question d’en changer.
Comme toutes les mères, celle-ci veut le bonheur de sa fille, avec plus ou moins de diplomatie et de finesse. Or, si la maison familiale d’Archana est loin d’être luxueuse, elle est pourtant d’un autre standing que celle qu’Archana va habiter avec son mari et la tante de celui-ci…
L’histoire avance par petites touches, il n’y a ni bon ni méchant, juste des êtres humains avec leurs qualités, leurs défauts, leurs rêves. Et la réalité. Ce film est un remake du film bengali Saat Pake Bandha (1963), et on sent cette touche bengalie dans le réalisme des situations et des caractères, dans la sobriété de la mise en scène, dans l’intimité qu’elle crée avec les personnages.
L’autre intérêt du film, c’est qu’il est centré sur le personnage féminin, ce qui est relativement rare. Jaya Bhaduri Bachchan est parfaite de simplicité, son personnage lui colle à la peau. D’ailleurs elle dit dans une interview qu’après ce film, qui a rencontré un vrai succès, on ne lui a plus proposé que des variantes de cette histoire. Les seconds rôles l’accompagnent efficacement, le frère et son copain sont un peu lourdingues mais ils apportent un peu de loufoquerie dans un univers trop sage, et ils ont une vraie place sur l’échiquier. Seul regret, le personnage de son mari est très peu exposé, c’est dommage.
La musique, comme la mise en scène, est sobre et s’applique à souligner les sentiments de Jaya, avec un joli thème récurrent, Mera Jeevan Kora Kagaz. Le duo Kalyanji Anandji a d’ailleurs gagné le Filmfare Award de la meilleure musique.
Si Kora Kagaz retient l’attention, c’est qu’il tranche agréablement sur des productions plus habituelles qui font dans la surenchère de sentiments, de drame, d’intervention divine… La simplicité du film est rafraîchissante, et la « morale » de l’histoire intéressante, à la fois parfaitement en ligne avec les valeurs traditionnelles, et innovante dans son traitement.
Kora Kagaz est un film-phare de la carrière de Jaya Bhaduri avant que son nom ne soit accolé à celui d’Amitabh Bachchan. A mi-chemin entre cinéma d’auteur et cinéma commercial, c’est un film atypique qui ne laisse pas indifférent. Il a remporté le National Award du meilleur film populaire, et Jaya a remporté le Filmfare Award de la meilleure actrice pour ce film.
Petite précision : il ne faut pas se fier à la couverture du DVD qui ne donne vraiment pas envie de voir le film, en donnant à Jaya une expression hagarde qui ne lui correspond pas du tout, et qui laisse penser qu’elle est écrasée par son mari, ce qui n’est pas le cas non plus.