Krrish 3
Langue | Hindi |
Genre | Film de science-fiction |
Dir. Photo | S. Tirru |
Acteurs | Priyanka Chopra, Hrithik Roshan, Vivek Oberoi, Kangana Ranaut, Arif Zakaria |
Dir. Musical | Rajesh Roshan |
Parolier | Sameer |
Chanteurs | Mohit Chauhan, Sonu Nigam, Alisha Chinai, Neeraj Shridhar, Mamta Sharma, Anirudh Bhola, Rajesh Roshan, Monali Thakur, Bob, Zubeen Garg |
Producteur | Rakesh Roshan |
Durée | 152 mn |
Krrish 3 démarre où Krrish s’était arrêté en 2006. Krishna (Hrithik Roshan) est marié à la belle Priya (Priyanka Chopra) et vit avec son père le Dr Rohit Mehra (également Hrithik Roshan), dans une belle maison à l’écart de la ville. Rohit, génial et un peu autiste, vient d’inventer un dispositif à même de concentrer l’énergie du soleil pour redonner la vie. Ce n’est pas encore tout à fait au point, mais la trouvaille semble prometteuse.
Priya a une jolie situation comme journaliste à la télévision. Au contraire Krishna enchaîne les petits boulots. Il se fait régulièrement licencier car son identité secrète l’occupe plus que ses employeurs ne peuvent le supporter. Krishna est en effet Krrish, le superhéros qui veille sur Bombay. Il sauve les innocents et met un terme aux funestes actions des méchants, sans que les habitants de la ville ne devinent que le doux Krishna se cache derrière un dur masque noir.
Mais le Mal n’est jamais très loin. Kaal (Vivek Oberoi) est son incarnation tapie dans son repère montagneux. Une affection mystérieuse l’a laissé complètement paralysé à l’exception de ses deux index. Il est doté d’une intelligence diabolique et du pouvoir de faire bouger les objets à distance. Ses talents démoniaques lui servent à gagner suffisamment d’argent pour financer les recherches qui pourraient lui rendre l’usage de ses membres. Aidé par Kaya (Kangna Ranaut) qu’il a créée, il répand un virus mortel en Namibie. La terreur inspirée par l’épidémie fulgurante doit lui permettre de vendre au prix fort l’antidote qu’il est seul à posséder…
Pendant la promotion du film, son réalisateur Rakesh Roshan n’a eu de cesse de répéter que l’Inde ne possédait pas comme les États-Unis de culture du superhéros, et que le personnage de Krrish était une tentative de créer cette mythologie. Krrish est donc doté de tous les attributs de ses collègues américains. Enfin, tous sauf un. Il lui manque une fêlure, une fragilité, une blessure… Peter Parker traine sa douleur d’être orphelin et une forme de culpabilité pour la mort de son oncle. Clark Kent aussi est orphelin, et ses pouvoirs sont si grands qu’il doit se cacher comme s’il en avait honte. Il n’aura jamais Loïs Lane…. Krishna l’indien est marié, heureux en ménage, a des amis et vit dans le confort.
Krrish est finalement un superhéros très atypique si on le compare à ces confrères. Son seul ressort c’est la bonté ; sans rien qui puisse le faire hésiter à remplir son devoir d’aider son prochain. Krrish n’a qu’une face parfaite et terriblement lisse. Il lui manque quelque chose, une autre face sombre peut-être, pour qu’il nous ressemble un peu et suscite l’empathie. Maintenant, il faut reconnaitre qu’à l’instar de tous les superhéros, c’est un personnage qui réagit plus qu’il n’agit. Il n’existerait simplement pas s’il n’arrivait pas d’accidents ou si les méchants se tenaient tranquilles. C’est l’adversité qui révèle le héros, et ici aussi, la sympathie du spectateur.
La construction de Krrish 3 respecte les canons du genre. Il commence par nous présenter l’étendue des pouvoirs du superhéros (être ultra rapide et sacrément costaud) dans sa vie de tous les jours de sauveur de Bombay. Puis, il s’agit de le mettre en présence du Boss qu’il affrontera à la fin du tableau. Bien sûr, on commence par les sbires : Kaya et ses amis. Cette escouade malfaisante est la création directe de Kaal, un peu comme des démons engendrés par le diable. Les auteurs ont succombé aux sirènes de la mondialisation, alors comme d’habitude, les monstres naissent dans les éprouvettes de savants fous. Leurs superpouvoirs sont hérités d’animaux, un mélange d’XMen et de l’Ile du Docteur Moreau.
L’idée était peut-être de leur donner une personnalité bestiale implicite, mais étrangement, seule Kaya a droit à un personnage de cinéma. Elle est censée être issue du croisement avec un caméléon, ce qui nous donne l’occasion de voir de belles séquences de morphing. Au-delà de la performance technique et malgré un texte pauvre, Kangna Ranaut s’approprie totalement la lumière. Après Fashion, elle éclipse à nouveau Priyanka Chopra qui a en face d’elle la fadeur plastique d’une poupée Barbie. Les auteurs ont pourtant fait de leur mieux en l’affublant d’un justaucorps disgracieux et en lui donnant une démarche « couture » déplacée. Mais elle se sort de tous ces pièges haut la main. S’il faut une raison d’aller voir Krrish 3, c’est pour elle.
Hrithik Roshan dans sa trinité superhéroïque fait un Ken idéalement assorti à Priyanka Chopra. Il a beau pleurer — ce doit d’ailleurs le seul superhéros à le faire —, son jeu est aussi glabre que son corps est imberbe. Il manque certes d’un peu de temps, tout occupé qu’il soit à courir et sauter pour mieux taper sur les crapules qui attaquent sa ville. Mais on ne peut pas s’empêcher de remarquer sa mono-expression qui consiste à faire gonfler les veines de son cou pour signaler sa douleur intérieure. Lorsqu’il incarne Rohit, il se donne une sorte d’allure de Charlot dodelinant de droite à gauche. Walter Bishop dans la série Fringe est infiniment plus convaincant dans un rôle comparable.
Certainement pour compenser la faiblesse de son jeu d’acteur, il s’est construit un physique à faire se pâmer. La caméra le caresse a deux reprises dans le film, ce qui a causé un peu d’émoi de la part des spectatrices dans la salle (et pourrait aussi faire pousser des cris d’admiration dans les bains turcs). Il bouge avec énergie ce corps splendide et enchaîne remarquablement les chorégraphies de combats de Siu-Tung Ching. La grande force de Krrish 3, c’est assurément l’action.
Parce qu’on a beau chercher, il n’y a pas de message. Le prêchi-prêcha sur la prééminence génétique de la filiation porté par Kaal laisse de marbre. Cela se voulait peut-être l’argument « philosophique » qui souligne l’importance de la famille dans l’univers de Krrish, mais il tombe à plat et ne constitue en définitive qu’un argument de l’affrontement ; car il faut bien un…
Vivek Oberoi est un antagoniste transparent. Sa voix est belle, mais cloué à son fauteuil roulant, il ne peut pas faire grand-chose. Lorsqu’il se lève enfin, c’est entouré d’une armure qui semble réalisée en papier d’aluminium avec un casque en boite de conserve. Il nous donne alors l’occasion d’assister à une lutte titanesque… reprise presque plan par plan de Matrix Revolutions (avec de beaux morceaux de Hancock). Le combat final dans le film des frères Wachowski était suprêmement ennuyeux, il est ici fort heureusement raccourci. On peut également noter de la bonne volonté dans le plagiat, car avec beaucoup moins de moyens, les effets spéciaux sont souvent remarquables. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas à d’autres moments.
La copie est d’ailleurs la grande faiblesse de Krrish 3. Kaal est un mélange du Dr Xavier et de Magneto, les mutants sont dérivés de XMen et on ne peut pas compter les plans déjà vus dans des films américains. Même la musique de fond a un air de déjà-entendu, dans Spiderman par exemple. Je reconnais pourtant que c’est avec plaisir que Salim-Suleiman m’a donné l’occasion de retrouver quelques notes de Tangerine Dream….
Les chansons chorégraphiées sont au nombre de quatre et mettent toutes en valeur les qualités de danseur d’Hrithik Roshan. La musique de Rajesh Roshan comme les chorégraphies de Raju Khan et Remo D’Souza ne resteront cependant pas dans l’histoire. La meilleure est peut-être God Allah Aur Bhagwan, astucieusement sous-titrée Le Tout-Puissant.
Avec Krrish 3, la famille Roshan a ajouté un film de plus à la série commencée en 2003 par Koi… Mil Gaya. Ici point d’humour ni de réflexion, peu d’émotion, on est dans l’action ! Le superhéros indien est là pour en découdre et justement, ça tombe bien, il y a un superméchant qui point le bout de son doigt.
Le niveau technique des effets spéciaux est acceptable, le montage est nerveux, l’histoire se laisse voir et les sous-titres sont remarquables. Certes, il plagie sans vergogne la galaxie Marvel (entre-autres), mais c’est un divertissement familial accessible à tous et auquel on ne s’ennuie pas.
Le verdict revient aux plus jeunes car c’est à eux que le film est finalement destiné. Celui de mes filles qui m’accompagnaient au cinéma est sans appel :
– Alors c’était comment ?
– Zoé (13 ans) : c’était supeeeeerrr !
– Mia (10 ans) : géniaaaaal !!
– Par rapport à Spiderman ?
– Zoé : C’est bien mieux. Spiderman, c’est pour les 5 ans !
– Mia : Moi je préfère Rohan ! (pour Mia, Hritrik Roshan sera à jamais Rohan)
– Votre note ?
– Zoé : 8/10 ou 9/10, Hritrick il est troooooop beau !!! Et Priyanka, je l’adooooore !!
– Mia : 10/10, encore mieux que Ra. One !
Tout est dit.