L’Inconnue de Bangalore
Publié vendredi 10 juillet 2015
Dernière modification lundi 22 juin 2015
Article lu 320 fois
Par
◀ | Sous un ciel de marbre |
▶ | Le Vagabond |
L’Inconnue de Bangalore d’Anita Nair, paru en mai 2013, est maintenant disponible en livre de poche ; si vous ne l’avez pas encore lu, c’est le moment.
Le roman d’Anita Nair, l’auteur de Compartiments pour dames, a cette fois-ci pour cadre la ville de Bangalore, la Silicon Valley indienne, moderne et cosmopolite. L’écrivain s’essaye avec bonheur à un nouveau genre littéraire, le roman noir. Et le résultat ne le cède en rien aux meilleurs polars.
C’est dans l’envers du décor, la face cachée de cette flamboyante cité, que nous convie à entrer ce thriller. Prenez un vieux flic intègre, désabusé et revenu de toutes ses illusions, Borei Gowda, adjoignez-lui un jeune inspecteur, Santosh Gowdare, qui a encore toutes les siennes, et plongez les deux dans le quartier musulman de Shrivaji Nagar, pendant la première nuit du Ramadan. Un meurtre horrible est commis dans une ruelle sombre, celui d’un jeune prostitué. On le retrouvera au petit matin, brûlé vif et abandonné dans un fossé. D’autres meurtres tout aussi atroces ont lieu les jours suivants, indiquant la présence d’un tueur en série.
Les pistes sont ténues, une mystérieuse et très belle femme a été vue sur les lieux de certains crimes… Corruption, pressions musclées et magouilles, anciens truands devenus politiciens ayant pignon sur rue, milieu fermé des eunuques, les hijras de Bangalore, etc., l’enquête progresse lentement pendant un mois. Elle va s’accélérer dans une dernière phase où l’on suit Gowda heure après heure. La vérité se révèlera tragique et plus que sordide.
La romancière, comme à son habitude, excelle dans la description des sentiments qui animent ses personnages, Ici, les rapports complexes de Gowda avec Santosh sont au cœur du récit, et leur évolution est tout aussi passionnante qu’émouvante. Ils sont un écho aux relations qu’entretient le vieux policier avec sa famille en train de se disloquer, sa femme qui préfère résider loin de la ville, son fils qui a le même âge que Santosh. Pour couronner le tout, réapparait dans sa vie, son ancien amour de jeunesse, Urmila. L’auteur nous convie en parallèle à entrer dans la tête du tueur et dans sa fuite en avant dans le crime. Si le procédé n’est pas nouveau, sa personnalité et son histoire le sont davantage. On a du mal à poser le livre avant sa dernière page.
Anita Nair, originaire du Kérala, vit aujourd’hui à Bangalore après avoir séjourné en Angleterre et aux États-Unis. La romancière, traduite en 29 langues, est aussi poète, essayiste et nouvelliste. Elle a débuté comme chroniqueuse au Times of India et a travaillé dans la publicité avant d’écrire son premier roman. Plusieurs ont été traduits en français. Le précédent, Quand viennent les cyclones, a été adapté au cinéma par Unni Vijayam, avec Adil Hussain et Roshni Achreja dans les rôles principaux, sous son titre original Lessons in forgetting. Il a reçu le prix du meilleur long métrage en anglais aux National Film Awards indiens de 2013. L’écrivain en a signé le scénario.
Fiche bibliographique :
L’Inconnue de Bangalore
Anita Nair
Traduit de l’anglais (Inde) par Dominique Vitalyos
Albin Michel, mai 2013, 392 pages
ISBN 978-2-226-24684-4
Livre de poche, 29 avril 2015, 480 pages
EAN / ISBN : 9782253093046
(Edition originale, Cut like Wound, Harper Collins Publishers India, 2012)