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Le Vagabond

Publié vendredi 7 août 2015
Dernière modification dimanche 9 août 2015
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Par Marine

Rubrique Littérature
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Rabindranath Tagore fut un auteur prolifique qui s’est essayé à presque tous les genres littéraires : la poésie, l’essai, le théâtre, la nouvelle, le roman… Membre raffiné de la société bengalie à l’heure de la domination britannique, il fut couronné du Prix Nobel de Littérature en 1913. Premier asiatique et premier non occidental à décrocher ce titre prestigieux.
Ceux qui ont depuis longtemps délaissé les livres pour le plaisir plus facile du 7e art le connaissent peut-être pourtant sans le savoir. Ainsi, plusieurs de ses romans comme Charulata ou la Maison et le monde ont trouvé le chemin des salles obscures grâce à Satyajit Ray.

Le livre que nous proposons de vous présenter aujourd’hui a pour titre Le Vagabond et autres histoires. « Le vagabond », cela nous fait tout de suite penser à un certain Raj Kapoor avec une veste trop grande pour lui, élimée aux coudes, un pantalon trop court et un chapeau déformé. Ce Raj Kapoor de Shree 420 et Awaara. Mais ce n’est pas de lui qu’il s’agit car il n’a jamais incarné de personnage de Tagore.

Voici en fait neuf nouvelles [1], éditées sous ce titre en 2002 et réimprimées en 2011. Le recueil est doté d’un glossaire intéressant et bien documenté. On doit la traduction française d’après le bengali, à l’Unesco. Pour le centenaire de la naissance de Tagore en 1961, l’organisme a soutenu la traduction d’un certain nombre de ses œuvres dans les langues officielles de l’ONU, dont le français. Et on l’en remercie.

Toutes ces nouvelles sont variées et étudient des personnages très différents et typiques de la société indienne de l’époque. Ici un ascète, là la jeune veuve livrée à elle-même après avoir été trompée par un jeune nanti, ici la princesse musulmane qui a tout quitté par amour et là le brahmane sur les chemins. Une large palette de sentiments est également dépeinte : amour, soif de liberté, cupidité…
Tagore se pose en observateur avisé de son temps et cependant, il ne juge jamais ses personnages. Les récits sont toujours délicats, et l’on reconnait le talent du maître dans sa capacité à nous faire voyager sur les roches indiennes, traverser ses fleuves et ses villages, sans nous ennuyer une seconde ni nous noyer sous un flot de descriptions préparant le chemin d’une bonne migraine.

La dernière nouvelle du recueil, La petite mariée, a été adaptée deux fois au cinéma. La première fois, par Satyajit Ray. Il s’agit de La conclusion, la dernière histoire de son film Trois filles qui contient en réalité trois petites histoires tirées de nouvelles de Tagore. L’héroïne y est jouée par Aparna Sen. Ce rôle est repris par Jaya Badhuri (future Bachchan) dans Uphaar en 1972, l’un de ses premiers films, qui lui vaudra une nomination de meilleure actrice aux Filmfares. Cette histoire est celle d’un jeune homme de bonne famille, éduqué, qui rentre dans son village pour se marier. Au lieu de la jeune fille discrète et silencieuse choisie par sa mère, il épouse le garçon manqué du village. La jeune épousée n’est pourtant pas prête pour son nouveau rôle. Du recueil, c’est l’une de mes nouvelles préférées et je vous la conseille fortement. Quant à moi, il ne me reste plus qu’à trouver le film avec des sous-titres.

Fiche bibliographique

Titre : Le Vagabond et autres histoires
Année de parution : 2002
Auteur : Rabindranath Tagore
Editeur : Gallimard
Collection : L’imaginaire
Nombre de pages : 232 pages


[1Dont deux, Nuage et Soleil et La petite mariée, ont bénéficié d’une autre sortie dans un folio à 2€ (le n°4046)

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