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Love, Sex Aur Dhokha - Cannes 2010

Publié mardi 18 mai 2010
Dernière modification dimanche 1er mars 2015
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Par Tomchop

Dossier Festival de Cannes 2010
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Vendredi 14 mai, au festival de Cannes 2010

Première projection de prévue pour jeudi : Love, Sex aur Dhokha. J’arrive en avance (un peu trop d’ailleurs) à la séance de l’Olympia (petit cinéma dans une ruelle de Cannes), mais j’attends patiemment le moment d’y faire un petit tour. Finalement, je rentre dans la salle - nous ne sommes pas très nombreux. Le film commence, avec une sorte de bande-annonce… bizarre : une publicité pour des caméras portables, mais je ne sais pas bien s’il s’agit d’un sponsor du film (en vue de la qualité de la pub, j’espère pas) ou d’une simple satire.

LSD s’articule sur trois histoires… d’amour. Je laisse les points de suspension, car ce sont des histoires d’amour, certes, mais avec de très différentes visions "d’amour". Quoi qu’il en soit, ces trois histoires sont liées entre elles par les personnages - certains de l’une sont les amis des personnages de l’autre, etc. Elles se déroulent dans l’ordre du titre - la première étant une histoire d’amour racontée de façon très "bollywoodienne" ; la deuxième est l’inverse total ; et la troisième est une grosse caméra cachée. J’évite bien sûr de rentrer dans les détails, mais je vous conseille tout de même d’avoir vu le film avant de continuer à lire.


J’ai beaucoup apprécié le film, c’est quelque chose de très différent de ce que je suis habitué à voir. Un film qui reste indien certes, mais pas du tout bollywoodien (sauf les dix premières minutes peut-être, mais ça reste satirique). J’ai surtout eu la chance d’être le seul dans la salle à la fin de la projection, en plus de la productrice, Priya Sreedharan, qui était super contente de voir que j’étais resté jusqu’au bout. Elle est venue me parler, elle m’a demandé ce que j’avais pensé du film, j’ai dit que j’avais aimé, et elle était aux anges ! Elle m’a proposé de déjeuner avec elle, je pourrais alors lui poser toutes les questions que je voudrais.


On a bougé vers un petit restaurant sur la Riviera, devant le casino, et en discutant elle a commencé à m’expliquer ce que LSD avait de vraiment différent par rapport aux autres films Bollywood. Tout d’abord, il a fait l’objet de beaucoup de censure en Inde (nous avons eu droit à la version non-censurée à Cannes, bien sûr), certaines scènes ont été coupées ou raccourcies, les noms (révélateurs des castes des personnages) ont été changés. Priya me racontait que les scènes sexuellement explicites ont eu plus de facilité à rester que les éléments évoquant le système de castes. Comme quoi, disait-elle, les Indiens tiennent plus aux valeurs sociales ou politiques. L’usage du mot fuck dans le film est courant ce qui, dans la "réalité", ne serait pas trop le cas. Le cinéma indien cependant est en train de s’ouvrir et devient de plus en plus tolérant face à des films comme LSD. La version indienne de LSD est tout de même beaucoup plus édulcorée que la version européenne.


Les investissements (tous indiens) ont été assez conséquents pour un film aussi atypique. Le message qui est perçu par Priya est que les investisseurs eux aussi sont ouverts, et croient en ce genre de projet. Cela a été quand même dur de les convaincre, car rares sont ceux qui… "have the balls" d’investir dans des films pareils.

Ce qui a rendu les investisseurs réticents est aussi l’absence quasiment totale de musique dans LSD - musique au sens bollywoodien en tout cas. Tout étant filmé entièrement en caméra à l’épaule, le réalisme prime par dessus tout. Difficile donc que la musique vienne s’incruster : mais Dibakar Banerjee, le réalisateur, s’appuie sur la musique ambiante pour créer l’atmosphère souhaitée - et ça marche à merveille.


Le problème de ne pas inclure de musique est aussi le fait qu’une très grande partie du bénéfice des films indiens passe par la vente de leurs chansons. Oye Lucky ! Lucky Oye !, un autre film du même réalisateur, et produit aussi par Freshwater Films (la compagnie de production avec laquelle travaille Priya), est diamétralement opposé de ce point de vue. OLLO a été un succès commercial en Inde, en dépit de sa date de sortie - la même que celle des attentats de Mumbai - et les investissements ont été faciles à trouver.

Les acteurs, totalement nouveaux et inconnus, viennent ajouter du réalisme au film avec des prestations impeccables. On croirait vraiment y être, voir le résultat d’une vidéo amateur tournée dans la vraie vie. Le vrai challenge ici était de faire ressortir tout un tas d’émotions très intenses, sans pouvoir utiliser la caméra de manière artistique (car ici son rôle est purement fonctionnel). Pas de gros plans sur nos personnages, pas d’effets de zoom, pas de paysages. Juste des émotions, qui se devinent aussi bien qu’elles se perçoivent. C’est de là je pense que le film tire tout son intérêt.


En tout et pour tout, LSD est un film qui diffère beaucoup des typiques films bollywoodiens – ce qui ne lui a pas empêché d’avoir du succès en Inde. En tant qu’habitué aux films occidentaux, j’ai réussi à trouver mon bonheur (et malheur, mais c’est un peu le but du film aussi) dans ces trois histoires qui mélangent sensibilité, froideur, amour, et haine… un pot-pourri de situations parfois propres aux Indiens, mais qui finissent par aboutir à des sentiments qui sont connus de tout le monde.


Retrouvez la critique du film : ici

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