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La place des femmes dans l’espace public indien

Publié mardi 21 février 2017
Dernière modification dimanche 21 avril 2019
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Par Karishma

Rubrique Festivals
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En pleine route depuis le mois de Janvier, l’India Express a effectué un arrêt, ce 2 février, pour accueillir à son bord l’actrice et réalisatrice Nandita Das et la cinéaste Gitanjali Rao ainsi que l’anthropologue Stéphanie Tawa Lama-Rewal. Ces trois personnalités ont embarqué dans ce voyage dans le but d’animer une table ronde organisée afin de débattre sur un sujet en pleine crise d’évolution : la place des femmes dans l’espace public indien.

La critique de cinéma, Ophélie Wiel, s’est proposée de jouer le rôle d’hôtesse en démarrant la discussion par une présentation à l’audience de chaque intervenante en revenant sur leurs parcours professionnels respectifs ainsi que leurs influences en tant que femmes dans l’industrie du cinéma.

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Table Ronde

Un extrait du film Fire (1996) a suivi l’introduction de Nandita Das. Loin du regard, entre quatre murs, on voit son personnage, une jeune mariée, se détacher les cheveux et se vêtir d’un pantalon en délaissant son sari, puis danser sur une musique moderne tout en faisant semblant de fumer. N’ayant en poche que deux films à cette époque, cette sélection montre que l’actrice a été engagée, dès le début de sa carrière, dans l’émancipation du portrait de la femme au cinéma, et par extension, dans la société.
Pour Gitanjali Rao, la seule représentante indienne du cinéma d’animation, c’est la bande-annonce de sa première réalisation Bombay Rose (2006) qui a été diffusée. Ce long-métrage en 2D est une histoire d’amour se déroulant dans les quartiers de Mumbai avec une certaine influence bollywoodienne.

Bande annonce du film Bombay Rose

• Est-ce que la société devient plus féministe ?

Le premier sujet abordé était inévitablement le viol collectif d’une jeune femme, Jyoti Singh appelée « Nirbhaya » — qui a eu lieu en 2012 à Delhi — et comment cet incident a bouleversé l’ensemble de la société indienne. Ophélie Wiel a demandé aux invitées d’expliquer plus amplement les raisons derrière la médiatisation qu’a suscitée ce fait et plus précisément de développer cet élan soudain contre les violences faites aux femmes. La parole a été prise par Tawa Lama-Rewal qui a tout d’abord expliqué que la focalisation des médias et organisations féministes était initialement centrée sur les injustices se déroulant dans l’espace domestique et professionnel. Elle a par la suite insisté sur le sentiment de honte profonde qui a régné dans la ville, poussant la population à se mobiliser en grand nombre dans les rues. Un tel rassemblement pour la cause des femmes était une première en Inde, ce qui a évidemment attiré l’attention des médias.

Accompagnée d’une interprète, Nandita Das a commencé sa réponse en expliquant que ces actes ne dataient pas d’hier et que malheureusement cette brutalité contre les femmes assombrissait la société indienne et le monde depuis des décennies et continue toujours de se manifester malgré les soulèvements du peuple. Pour appuyer son argument, elle a parlé d’un de ses films, Bawandar (2000), dans lequel elle a interprété le rôle principal, s’inspirant de l’histoire de Bhanwari Devi.

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Nandita Das dans le rôle Bhanwari Devi dans Bawandar

Cette jeune femme du Rajasthan qui était activement impliquée dans les problèmes sociétaux dont le mariage des enfants, fut victime d’un viol collectif en 1992. Sans pouvoir défendre sa parole contre celle des cinq accusés devant la justice, Bhanwari Devi avait été blâmée d’avoir fabriqué tout l’incident, ce qui a mené les habitants de son village à la bannir. Plus de vingt ans plus tard, malgré l’obtention du Neerja Bhanot Award pour sa bravoure, le combat de Bhanwari Devi pour l’obtention de la justice reste toujours d’actualité. Cet épisode avait, tout comme le cas de Nirbhaya, provoqué une énorme médiatisation dans les années 90 et fut pionnier des mouvements pour le droit des femmes en Inde. Nandita Das reconnait néanmoins que ces protestations qui semblaient s’être éteintes ces dernières années, sont revenues en force en 2012, rassemblant une nouvelle fois la jeunesse pour se battre contre ces abus. « C’est malheureux mais c’est une bataille continue », a affirmé Nandita Das. Elle conclue sa réponse en insistant sur le fait qu’il s’agit du système patriarcal dominant Delhi et permettant l’objectification de la femme qui doit être « nettoyé ».

• Les films ont-ils une responsabilité derrière ces atrocités ?

Questions dirigées vers Gitanjali Rao qui remarque qu’il est commun dans le cinéma populaire indien de dépeindre l’homme comme un prédateur poursuivant la femme afin de la séduire à l’aide de méthodes, la plupart du temps, douteuses. Ces rôles interprétés par des superstars poussent, par une logique tordue, à légitimer ce genre de comportement inacceptable dans la société indienne. Cette image de « ne pas prendre un non comme une réponse valable » est souvent projetée dans le cinéma hindi mais beaucoup moins dans celui du sud de l’Inde. De plus, l’audience, admirant ce genre de films grand public, est généralement composée d’une certaine classe très peu éduquée qui a tendance à suivre à la lettre ce que leur héros prêche sur grand écran.

L’exemple flagrant traversant mon esprit pour illustrer ce point est la chanson I Love You Bol Daal (« Dis-moi que tu m’aimes ») du film Haseena Maan Jaayegi (1999) qui signifie littéralement « La belle succombera ». Ce long-métrage a été la cinquième plus grande production cinématographique cette année-là, montrant ainsi le nombre considérable d’indiens qui l’ont visionné. Pour en revenir au numéro musical, les paroles chantées ainsi que le langage corporel du personnage de Govinda, qui tente désespérément de faire tomber Karishma Kapoor sous son charme avec l’aide de son frère joué par Sanjay Dutt, montrent bien que le choix d’entamer une relation amoureuse ne revient qu’à l’homme qui a jeté son dévolu sur la femme qui n’a que la possibilité de dire « oui » ou son avenir sera corrompu.

La vidéo ci-dessus est un échantillon parmi des milliers de séquences réunies par le cinéma hindi diffusant ces aspects comportementaux contestables de l‘homme. D’une façon ou d’une autre, le cinéma « mainstream » influence la manière dont son public se conduit en société.

Revenant sur l’incident de 2012, Gitanjali Rao considère que l’Inde est très en retard sur son temps, si ces situations sont toujours présentes dans son environnement. La réalisatrice continue son argumentation en affirmant tout de même que ce malheureux évènement a indirectement permis l’ouverture des débats en Inde ainsi que la création de centres d’accueil - Nirbhaya Centers - dans lesquels les femmes victimes de persécutions ont la possibilité de se plaindre ; les encourageant donc à se rendre compte que ces sujets ne sont pas tabous.
Le nouveau gouvernement a pourtant réduit le financement de ces centres d’écoute générant ainsi une dualité dans la société indienne avec d’un côté un peuple qui souhaite progresser et de l’autre des lois qui doivent changer.
Il reste à savoir si « les messages communiqués à travers les films peuvent influencer la législation », a terminé Gitanjali Rao.

• Existe-t-il différentes règles de sécurité pour les femmes selon la ville indienne visitée et pour quelles raisons ?

Selon les statistiques produites par l’institution indienne « National Crime Record Bureau » (NCRB) permettant le recensement des plaintes, le niveau de danger varie et dépend de la ville où l’on se rend, a débuté Stéphanie Lama Tama-Rewal. Cliché de la « capitale du viol », Delhi est définitivement une ville dangereuse dans laquelle les lignes directives de sûreté sont plus strictes. Ayant littéralement expérimenté ce contraste d’insécurité entre les villes indiennes du nord et celles du sud, l’anthropologue a affirmé qu’il est déconseillé de s’aventurer dans les rues de Delhi, seule, la nuit.

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Nandita Das

D’après les données obtenues grâce au NCRB en 2014, un total de près de 340 000 plaintes a été répertorié, dont 37 000 pour viol. Parmi ces dernières, plus de 2000 plaintes de viol ont été déclarées à Delhi sur un total de 15 300 crimes. Si l’on compare avec l’état du Tamil Nadu situé dans le sud de l’Inde, on retrouve un total de 455 plaintes de viol sur un total de 6330 crimes.

Tous ces chiffres ne représentent évidemment pas la dure réalité des violences faites aux femmes car « toutes les agressions ne font pas l’objet d’une plainte », a poursuivi Lama Tama-Rewal, par crainte de représailles, non seulement de la part de l’assaillant mais aussi de la police qui hélas « fait plus partie du problème que de la solution ».
Nandita Das a précisé que la patriarchie ancrée dans la ville de Delhi peut être expliquée par son histoire. Contrairement à Mumbai qui est une ville plus sécurisée et qui a été cosmopolite sur un plus long terme, Delhi s’est développée depuis son état de village à ville urbaine, en passant par la partition de 1947, tout en gardant sa tradition patriarcale.

Par ailleurs, Nandita Das a ajouté à cette argumentation que les régions du Bengale et du Kerala étaient toutefois plus accessibles aux femmes. En effet, au Bengale, ces dernières ont plus de possibilités d’obtenir une bonne éducation et une plateforme pour s’exprimer ; tout comme au Kerala qui est une sorte de société matrilinéaire et qui est connue pour sa littérature féministe, son cinéma progressiste ainsi que sa production de films réservés aux adultes.

L’actrice-réalisatrice a prolongé la discussion en revenant sur les liens entre le viol de 2012 à Delhi et les accusations dirigées à l’encontre de l’industrie cinématographique indienne. Elle a mis l’accent sur deux aspects particuliers du cinéma bollywoodien. Nandita Das pense que cette soi-disant formule où « un non peut signifier un oui » et cette facilité d’accès à la femme qui sont fortement représentées dans ce cinéma ont contribué à l’objectification de celle-ci. De ce fait, Bollywood a probablement joué un rôle dans le façonnage du regard que l’homme indien porte sur la femme, mais « il n’est pas l’unique coupable car les films sont un reflet de la société ; ainsi le peuple sera toujours la première cible pointée du doigt », a fini Nandita Das.

• Y avait-il une distinction dans la façon de représenter la femme entre les cinémas régionaux entre les années 50 et 70 ?

Gitanjali Rao a démarré sa réponse en indiquant que bien que le machisme fût présent dans les films durant des décennies, la division entre les genres n’était pas aussi flagrante que celle que l’on peut remarquer de nos jours. Les femmes étaient extrêmement importantes à cette époque, tout comme le rôle qu’elles jouaient au grand écran. Il y a avait un vrai choix de la part des réalisateurs, tels que Satyajit Ray, Mrinal Sen ou Ritwik Ghatak, derrière chaque histoire féministe contée, qui reflétait la société de leur temps.
Rao a également cité le cinéma de Guru Dutt. En effet, l’exemple le plus pertinent, que j’évoquerai pour appuyer son point, serait le film Sahib Bibi Aur Ghulam (1962) produit par Guru Dutt. Ce long-métrage est réputé pour le rôle interprété par la tragique Meena Kumari, « Chhoti Bahu », qui est perçu comme une des plus grandes performances du cinéma hindi.

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Meena Kumari et Guru Dutt dans Sahib Bibi Aur Ghulam

Néanmoins, « le féminisme au cinéma n’était pas aussi désespéré qu’il l’est aujourd’hui », a confirmé Gitanjali Rao. La réalisatrice pense en effet que lors du basculement de la balance entre le cinéma artistique et commercial du à l’introduction du cinéma de divertissement dans les années 80, l’industrie cinématographique indienne a été déséquilibrée dans son ensemble.
Gitanjali Rao a rappelé que la patriarchie a persisté historiquement et culturellement dans toutes les régions de l’Inde, mais qu’elle était plus importante dans le nord que dans le sud. Par conséquent, que ce soit le cinéma malayalam ou bengali, chaque cinéma régional diverge selon ses propres nuances ; les réalisateurs font cependant très attention à ce que la représentation du féminisme reste intacte dans leurs films. Mais si l’on regarde l’historique du cinéma indien, Gitanjali Rao a certifié que la qualité des films était meilleure avant.

• La croissance des villes urbaines est-elle une réelle chance d’émancipation pour les femmes issues du milieu rural ?

Stéphanie Lama Tawa-Rewal affirme que la ville représente une ressource énorme en matière d’accès à l’emploi et à l’éducation, dépendant de la tranche d’âge concernée. L’environnement urbain est une promesse d’amélioration de la condition de la femme. Il y aura tout de même des divergences selon la classe sociale.
Pourtant, Nandita Das a rajouté à la discussion que le changement de milieu n’aboutit pas forcément au changement de mentalité. L’actrice a insisté sur le fait que les valeurs traditionnelles et les opportunités économiques n’altèrent pas les préjugés sociaux. Les problèmes sociaux comme la dot menant parfois à des menaces d’agression physique ou le fœticide féminin sont des phénomènes qui ne touchent pas seulement les milieux pauvres, mais aussi la classe moyenne. « Il est compliqué de savoir quel espace a le plus de liberté. Est-ce que la ville contient toutes les réponses uniquement parce qu’elle offre plus d’opportunités à la femme ? », a questionné Nandita Das.

• Au cinéma en général, il n’y a pas de parité femme-homme. En tant que membre de la gente féminine et réalisatrice, avez-vous déjà eu l’impression d’avoir fait face à une inégalité dans votre milieu de travail ou est-ce un autre cliché de l’Inde ?

L’industrie cinématographique indienne est définitivement partiale car ce sont les mêmes mentalités sexistes qui résident dans la société indienne, qui la forment. Nandita Das explique, pour exemplifier son argument, qu’en termes de nombre, il y a définitivement un énorme fossé entre les femmes et les hommes. Quand on observe de plus près cette industrie, il y a très peu de femmes compositrices, réalisatrices ou monteurs.
« Les femmes sont définitivement traitées différemment », continue Nandita Das. Après la réalisation de son premier film, Firaaq (2006), l’actrice raconte que la question « que ressentez-vous en tant que femme réalisatrice ? » lui a été posée à maintes reprises.

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Gitanjali Rao et Nandita Das

« Le fait d’être une femme peut avoir un impact sur la manière dont je vois le monde, mais tout comme mon éducation, le fait que je sois indienne, ou que je sois d’un certain âge … Plus l’on devient sophistiquée, plus les attaques sexistes sont subtiles et plus il devient compliqué de les contrecarrer. », analyse Nandita Das.

Revenant sur ses propres expériences, Nandita Das raconte qu’en tant que réalisatrice, selon la situation dans laquelle elle se trouvait, on n’hésitait pas à la qualifier soit d’autoritaire, soit de pleurnicheuse. Parallèlement, en tant qu’actrice, Nandita Das s’est toujours demandée pourquoi ses suggestions n’étaient pas prises en considération aussi sérieusement que celles d’un acteur. « Dans l’industrie, il existe une multitude de façons pour nous rappeler que nous sommes des femmes », conclut l’actrice-réalisatrice. Et si une femme ose considérer une attitude comme sexiste, elle est tout de suite cataloguée comme féministe, ce qui est malencontreusement perçu comme négatif dans la société. « Nous sommes tous pourtant féministes par défaut, bien que nous devrions tous être humanistes. ».

• Est-ce le même cas dans le cinéma d’animation ?

Au niveau international, le pourcentage de femmes réalisatrices de films d’animation est bien plus important que celui du cinéma grand public. Gitanjali Rao affirme qu’il n’y a pas de disparité évidente dans ce type d’industrie artistique. En Inde, le pouvoir, la politique et la dominance masculine se mêlent à l’équation lorsqu’il est question de grand investissement économique ; ce qui n’est pas tellement le cas dans l’environnement de l’animation, en excluant les compagnies Disney et Pixar.

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Gitanjali Rao, Nandita Das avec leur interprétatrice et Stéphanie Lama Tawa-Rewal

Tout de même, en petite anecdote, Gitanjali Rao nous a révélé que lorsque qu’il s’agit d’argent, le problème d’inégalité resurgit. Pour l’un de ses projets, la réalisatrice et son coproducteur français n’ont pas pu obtenir de financement de la part d’une agence, établie en France, qui s’est justifiée de ne pas avoir suffisamment confiance en Gitanjali Rao, bien que le sujet leur paraisse intéressant.

En Inde, par contre, il n’y a pas de différence salariale entre une femme et un homme dans ce milieu de travail. Il est aussi plus simple d’y recevoir un financement car il est vu comme charitable de fournir de l’argent à une femme.
Gitanjali Rao termine en déclarant que dans un milieu compétitif, il est plus difficile pour une femme de s’imposer face à l’homme ; mais lorsqu’il y a peu d’enjeu, l’environnement devient plus démocratique.

• Dernière phase de l’évènement

La table ronde s’est achevée sur une session de questions/réponses entre les invitées et l’audience. Plus de cinq intervenants ont eu le droit de partager leurs opinions ou de poser la question qu’ils souhaitaient. Trois arguments exposés par nos réalisatrices à différent moment de la discussion se démarquent de l’ensemble des réactions survenues.

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Forum des Images

• Pourquoi tant de contradiction évidentes dans la société indienne ?

Le paradoxe est omniprésent dans la société indienne. Nandita Das a effectivement décrit qu’il existait d’un côté une adoration profonde pour les divinités indiennes telles que Durga, une présence féminine importante en politique et le monde du business, mais d’un autre côté, un non-respect et des violences continuellement perpétrées contre les femmes.

Ce non-respect s’étend bien sûr dans le cinéma par le biais des item songs, poursuit Nandita Das, dans lesquels une actrice, vêtue d’une tenue plutôt révélatrice et accompagnée de paroles sexistes, danse au milieu d’hommes, quasiment prêts à se jeter sur elle. En exemple visuel parmi d’innombrables numéros, voici la chanson Lovely tirée du film Happy New Year (2014) :

Nandita Das conclut que « ce type de portrait est une objectification complète de la femme ». Bien qu’en tant que femme, on puisse rétorquer qu’il s’agit d’un choix personnel de porter ces habillements et d’agir d’une telle manière, la question qui résonne est de savoir si c’est une réelle liberté. Nandita Das explique que les réalisateurs et l’audience sont majoritairement composés d’homme, ainsi en ayant ces détails en tête, ce choix est-il véritablement voulu ou est-ce une stratégie de la part du cercle vicieux du marché économique ?

• Est-ce que les films comme Queen (2012) peuvent influencer l’audience ?

D’après Gitanjali Rao, les femmes ne visionnent pas les films autant que les hommes, car dans le cas contraire, on ressentirait une plus grand dépression dans l’atmosphère, due à la représentation parfois misérable de celles-ci au cinéma. La réalisatrice continue en témoignant que l’aspect le plus surprenant par rapport au film Queen est la réaction des hommes à son égard qui furent étonnés par l’audace de l’héroïne, habituellement camouflée, de s’aventurer seule sur un territoire inconnu.

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Poster du film Queen

De plus, Gitanjali Rao affirme que les films pourraient effectivement faire la différence ; il y a même beaucoup d’histoires focalisées sur les femmes qui ont été écrites dans le passé, mais qui ont été stoppées à l’étape du financement. Néanmoins, le succès de Queen pourrait pousser à la production de ce type de long-métrage, dont le besoin se fait entendre. D’ailleurs, il faudrait une centaine de films comme Queen pour éventuellement voir un changement dans la société. Sans parler des zones rurales où le problème est encore plus ancré ; Gitanjali Rao pense, en effet, qu’il faudra encore attendre des décennies pour que ces parties de l’Inde soient un jour stimulées par les films.

• Que pourriez-vous dire comme conclusion générale à cette discussion ?

Nandita Das a tout simplement déclaré que le problème d’accès à l’espace public est universel. L’Inde n’est pas le seul endroit du monde où les femmes font quotidiennement face à des agressions. Chaque ville possède ses vulnérabilités et stéréotypes, tout en gardant un sens de responsabilité, il ne faut pas mettre un stop à l’expérimentation.
L’actrice espère aussi qu’un jour les parents élèveront leurs enfants sans distinction de genre et dans la sensitivité tout en les laissant choisir leur propre voie. Nous quittant avec une dernière anecdote, Nandita Das finit sa réponse en nous racontant : « Tout comme dans mon temps durant lequel on jouait de petites pièces de théâtre au milieu des quartiers pauvres, les jeunes filles doivent se réapproprier ces espaces afin de retrouver la confiance de tout simplement sortir dans la rue. ».

Pour revivre l’intégralité de l’évènement c’est ci-dessous :

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