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Let’s Dance

Publié vendredi 19 juin 2009
Dernière modification mardi 16 juin 2009
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Par Jordan White

Rubrique Albums
◀ Angadi Theru
▶ Kambakkht Ishq

Après trois mois de disette les BOF en hindi reviennent en force, peut-être même trop à tel point que l’on ne sait plus trop où donner de l’oreille. Après Gulaal et Aa Dekhen Zara, les deux dernières en date en mars, arrivent donc, coup sur coup : Paying Guests, Aishwarya, Suno Na, Runway, Kirkit, Detective Naani, Zor Lagaa Ke Haiya, New York, Team-The Force, Morning Walk, Kissan et Jashnn. Un raz-de-marée qui en annonce un autre, avec les sorties imminentes de Love Aaj Kaal, Shortkut puis Kaminey. On vous reparlera très bientôt de la décevante et fade Kambakkht Ishq. Pas moins de quinze nouveaux disques, et forcément il ne va pas y avoir de la place pour tout le monde. Au milieu de ces sorties estivales, une surprise, une belle surprise, celle de Let’s Dance dont la promo fait actuellement son petit bout de chemin.

C’est un disque très entraînant, qui multiplie les morceaux instrumentaux et quelques remix allant de concert avec le son de la BOF. Pas moins de la moitié du disque est composée de ces titres (alors que Dev. D comprenait seize titres originaux et deux instrumentaux). La tonalité du disque est très clairement orientée dance/pop/électro avec des cascades de sons électroniques mais aussi des touches hip-hop, dub et lounge bien senties. La funk s’invite même sur Let’s Dance, le titre éponyme, d’une façon joyeuse et heureuse. La BOF compte autant sur la présence de voix telles que Mohit Chauhan (Ugly aur Pagli) ou Sunidhi Chauhan. La chanteuse virait stakhanoviste il y a quelques mois en chantant sur à peu près tout et n’importe quoi. Elle retrouve ici un niveau bien supérieur à ses précédentes interprétations gâchées par de trop grosses facilités. On peut compter aussi sur Suzi Q et Marianne D’Cruz pour les vocaux des autres titres, ainsi que sur Krishana.

Sur le titre Jaana Hai, Mohit fait des merveilles. Sa voix un peu nasillarde à laquelle on s’habitue très vite, avant d’être séduit (ce n’est ni Himesh Reshammiya ni Kunal Ganjawala) porte le morceau durant plus de six minutes. L’alliance légère et efficace de la pop accompagnée des choeurs enfantins du plus bel effet transportent facilement l’auditeur. Un morceau de guitare acoustique et électrique aux cordes légèrement pincées, sur lequel souffle un vent de fraîcheur. Le principe classique du couplet/refrain/pont/final au piano est respecté à la règle tout en proposant un refrain imparable. Mohit prouve qu’il est aussi incontournable que Roop Kumar Rathod, Sonu Nigam, Atif Aslam ou KK. Le pont est travaillé et le chanteur force sur sa voix à la fin de celui-ci comme peu de chanteurs peuvent se le permettre sans sombrer dans la caricature.

Le titre éponyme, mis le plus en évidence, Let’s Dance, est aussi un morceau remarquable dans sa construction. Quelques notes de synthé, une ligne de basse prenante, un rythme entraînant, quelques choeurs féminins. La voix de Sunidhi Chauhan suffit ensuite pour le transformer en titre dance/pop du plus bel effet auquel on peut souvent penser, facile à fredonner. Ce qui est le plus intéressant c’est la façon dont le morceau suit sa partition parfaitement maîtrisée (une guitare électrique se montrant de plus en plus prégnante dans la tessiture et l’enveloppe musicale, une reprise de mélodie après un petit pont suite au premier refrain) pour s’aventurer dans un mélange de funk (la basse à la Prince) donnant un cachet 70’-80’ à un titre que l’on pense au départ uniquement destiné à la piste de danse, très contemporain dans l’âme. L’intermède basse/batterie/percussions "ghazal" amené par Kirthi Sagathia lui redonne un second souffle et lui permet d’éviter la redite, laquelle aurait pu être manifeste sur une durée plus conséquente. Le son urbain du début (flow, rythmique) rejoint finalement dans ses derniers instants une forme de tradition punjabie en ayant, juste avant, misé sur le disco, la funk et la dance. Drôle de mélange, mais mélange réussi.

Sunidhi Chauhan est de nouveau en duo sur Sansanati avec Parvex. Intro sur un riff banal. On s’éloigne cependant très vite du standard chanson pop typée 80’s, pour un choix musical beaucoup plus radical (sons retentissants, basses et beats lourds, choeurs en boucle, synthé bourré de détails, solo de guitare hard-rock fm, voix murmurée durant le dernier pont et là l’écoute au casque devient obligatoire). On est très loin de la musique indienne traditionnelle, on range les sitars, les dhols, les instruments à cordes ou à vent. Le morceau ressemble à du Depeche Mode qui rencontrerait un DJ de Delhi pour un gig durant une bonne partie de la nuit. On peut se régaler à se perdre dans cette pluie de sons frémissants dont l’écho se prolonge tout au long des dernières secondes. Un morceau physique.

La surprise technique et artistique réside dans Tumse Iqraar. Là encore, on peut croire à une parodie de chanson romantique avec une intro pareille (paroles basiques et clichées en anglais, rythme lancinant), mais très vite cette petite partition chancelante laisse place à un refrain parfait. Kirthi et Suzi associent leur voix et rarement alchimie aura été aussi parfaite. Au moment on l’on pourrait s’impatienter de la reprise du refrain celui-ci arrive à point nommé. La voix féminine complète celle plus grave de Kirthi dans une ambiance cotonneuse, lovée, très joliment accentuée par quelques notes discrètes de synthé et des choeurs, pour le coup indispensables. Cette façon de faire traîner un peu les choses, de laisser la mélodie respirer, de reprendre les paroles du refrain une octave au-dessus par Kirthi fait grandir le titre jusqu’à un final s’interrompant brutalement… avant l’ultime souffle de paroles.

Let’s Dance, comme c’était déjà le cas pour Ek Vivaah… Aisa Bhi et Shreya Ghoshal, est le disque de Sunidhi Chauhan qui s’amuse sur le titre Taare Todh Ke La. Ça sent la jeunesse, c’est mixé, clipé et réalisé de façon très pro, très light aussi niveau instrumentation. C’est efficace à défaut d’être inoubliable.

Ne passez pas à côté de cette BOF réjouissante.


Année : 2009

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