Love Sex aur Dhokha
Traduction : Amour, sexe et trahison
Langue | Hindi |
Genre | Drame |
Dir. Photo | Nikos Andritsakis |
Acteurs | Raj Kumar Yadav, Rajkummar Rao, Anshuman Jha, Nushrat Bharucha, Neha Chauhan, Arya Banerjee, Herry Tangdi, Amit Sial |
Dir. Musical | Sneha Khanwalkar |
Paroliers | Dibakar Banerjee, Sneha Khanwalkar |
Chanteurs | Kailash Kher, Sneha Khanwalkar, Nihira Joshi, Amey Date |
Producteurs | Ekta Kapoor, Priya Sreedharan |
Durée | 113 mn |
Love Sex aur Dhokha (Amour, sexe et trahison) est un produit tout à fait atypique dans le paysage cinématographique indien. Réalisé par Dibakar Banerjee, heureux détenteur de deux National Awards pour ses précédents films (Khosla Ka Ghosla et Oye Lucky ! Lucky Oye !), LSD est une vision particulière de l’amour sous toutes ses formes sous le prisme du voyeurisme, considéré comme le mal de nos sociétés modernes. Construit comme un triptyque où quelques protagonistes sont liés, chaque histoire correspond à une partie du titre, mais comporte pourtant tous les éléments mêlés, à différentes doses. Trois courts métrages en somme, tous filmés différemment, ayant chacun une signature propre.
Superhit Pyaar est la première de ces histoires et nous fait suivre Rahul, étudiant en cinéma pendant le tournage de son projet de fin d’année intitulé Mehndi laga ke rakna, une ode au classique de Yash Raj Dilwale Dulhania Le Jayenge… Tournage pendant lequel il tombe éperdument amoureux de Shruti, jeune fille riche sous la coupe d’une famille un peu trop présente. Alors que j’écris ces quelques lignes, je vous entends presque dire "encore un hommage à DDLJ ?". Il est vrai que cela peut rebuter tant il semble que ce soit devenu une espèce de référence obligatoire ces dernières années. Pourtant, si un réalisateur veut mettre en parallèle une histoire classique du ciné indien et une histoire d’amour contrariée par la famille, LE film emblématique que tout le monde a vu reste DDLJ… Ce premier court est empreint d’humour, de clins d’oeil hilarants et de douceur, jusqu’au dénouement qui rend le film encore plus attachant.
Paap ki dukan est filmée à travers les six caméras de surveillance d’un magasin de Delhi. On y voit se construire la relation entre Rashmi, la jeune vendeuse peu sûre d’elle et Ardash, responsable des caméras de sécurité qui serait prêt à tout pour se faire un peu d’argent. Tirée d’un scandale qui a remué l’Inde il y a quelques années, cette histoire est surtout la plus touchante du film, les sentiments compliqués, les mauvaises décisions, toutes les hésitations sonnent juste.
Enfin, dans Badnam shauhrat, Dibakar Banerjee dénonce le système de la promotion canapé en suivant une jeune danseuse ayant cédé aux avances d’une grande star de la chanson lui ayant promis le premier rôle dans son prochain clip. Aidée d’un journaliste peu scrupuleux qui voudrait remettre sa carrière sur les rails, la jeune fille va tenter de piéger le chanteur.
Si la caméra à l’épaule, cachée ou de surveillance amène le spectateur à voir autrement et le réalisateur à filmer en innovant, il n’en reste pas moins que ce sont des œuvres de fiction, loin d’être réalistes, mais se rapprochant de la réalité, d’autant qu’elles sont toutes inspirées (malheureusement) de différents faits divers.
Malgré une durée relativement courte (moins de deux heures), LSD souffre parfois de longueur et de scènes inintéressantes, alourdissant pour la plupart le propos plus que ne le servant.
Honnêtement, dans le contexte du cinéma mondial, rien de bien nouveau sous le soleil, les films caméras à l’épaule datent d’un certain temps maintenant… mais du point de vue qui nous intéresse ici, c’est tout à fait inédit, ainsi que le sujet, abordé avec une certaine liberté de ton. Pourtant, le réalisateur a dû faire face à la censure et couper quelques scènes, en flouter une autre jugée bien trop indécente et concéder à changer les noms de ses personnages qui laissaient deviner leur différence de caste, et a remplacé cela par une différence de classe sociale.
LSD n’est pas un film commercial, pourtant quelques chansons égrènent le film, notamment dans le premier court où Mohabbat Bollywood style (l’amour style Bollywood) se fait entendre sur fond de clip mielleux, ainsi que la très explicite I can’t hold it filmée comme un item number. Kailash Kher chante le reste des cinq titres qui valent tous la peine d’être écoutés, au moins une fois (n’apparaissant pas dans leur intégralité dans le film). LSD se conclut sur la très ironique chanson LSD Remix.
Si l’expérience ne se révèle au final pas entièrement satisfaisante, l’initiative et la volonté d’innover de Dibakar Banerjee et de ses acteurs novices sont à souligner et à soutenir. Loin d’être un film lambda à voir en famille, LSD est un pas déterminant dans l’histoire du cinéma indien.