Naya Daur
Traduction : Ère Nouvelle
Langue | Hindi |
Genre | Classique |
Dir. Photo | M. N. Malhotra |
Acteurs | Jeevan, Dilip Kumar, Vijayantimala, Ajit Khan |
Dir. Musical | O. P. Nayyar |
Parolier | Sahir Ludhianvi |
Chanteurs | Asha Bhosle, Mohammad Rafi, Shamshad Begum |
Producteur | B. R. Chopra |
Durée | 173 mn |
Dans un village, les hommes travaillent à l’usine de bois ou en tant que conducteurs de tongas (charrette tirée par un cheval), depuis des générations. Un jour, le fils du patron de l’usine revient de la ville avec un diplôme et de nouvelles idées pour son entreprise. Pour plus de productivité, il installe des machines et renvoie la moitié de son personnel qui se retrouve donc au chômage. La situation atteint son paroxysme lorsqu’un bus prend le travail des conducteurs. Le héros (Dilip Kumar), un conducteur qui s’est fâché avec son meilleur ami bûcheron (Ajit Khan) pour une fille (Vyjayanthimala), fait un pari avec le nouveau patron (Jeevan). S’il réussit à faire le trajet gare-temple plus rapidement que le bus, le patron et ses machines quitteront le village. Le seul moyen pour lui d’y parvenir : construire une nouvelle route, plus courte (plus courte ? à ce sujet, la scène finale est plutôt confuse).
Tout comme dans Lagaan, dans Naya Daur, le héros est responsable d’un pari quitte ou double avec le "méchant". Cela lui met à dos l’ensemble de la communauté dans un premier temps. Puis, celle-ci se raisonne et se rallie à son seul espoir, incarné par le héros (même le traître). Un homme n’est rien sans sa communauté. Cependant, on notera que la première personne à le suivre est toujours l’héroïne ! N’en déplaise au héros qui voulait renoncer à son amour pour sauver son amitié.
En effet, un petit reproche à faire à ces machos ambulants : ils parient entre eux pour savoir qui aura la fille. C’est sympa, mais ladite fille a peut-être un avis sur la question non ? (Quoi ? Quelle horreur ? Elle pourrait penser alors ?… Bah oui).
Ce classique (deuxième succès de l’année 1957 après Mother India) exploite donc essentiellement trois thématiques. Dans l’ordre croissant : l’amour, l’amitié et le social.
Pour l’amour, nous avons Shankar et Krishna qui sont amoureux de Rajni, la nouvelle venue. Celle-ci est amoureuse de Shankar alors que Manju (la sœur de Shankar) est amoureuse de Krishna. Vous avez suivis ? Ce n’est pas grave, c’est un carré amoureux classique qui ne sert vraiment qu’à mettre en avant le deuxième thème : l’amitié.
En effet, les deux personnages masculins placent très haut l’amitié. Ils sont prêt à tout abandonner pour elle, mais ne supportent pas qu’on la salisse. Ainsi, le héros aurait préféré ne pas recevoir l’amour de Rajni que de perdre son ami. Et se pensant trahi, Krishna se met à tout détruire autour de lui, à commencer par les moyens de subsistance d’une partie du village.
C’est là que se trouve le véritable message du film. À une époque où l’on pense que l’on peut faire passer des messages forts et changer les choses avec des films, ici, le réalisateur pose une question et ose même y apporter une réponse. Tout le reste du film est un emballage pour cette effort d’éducation.
Toujours est-il que le thème principal de Naya Daur est toujours d’actualité. Effectivement. À quoi sert de développer le progrès scientifique pour le progrès, si cela prive l’Homme de son moyen de subsistance ? La morale finale n’est pas si naïve et sonne plutôt juste.
Pour ceux qui aiment les commérages people, Naya Daur est un pur joyau. En effet, l’actrice qui devait jouer l’héroïne, Rajni, était à la base Madhubala. Elle avait même reçu une avance sur salaire. Mais lorsque le réalisateur a déclaré vouloir tourner à la campagne, le père de l’actrice a refusé qu’elle continue. Il faut dire qu’à l’époque, Madhubla était le gagne-pain de sa famille et, Dilip Kumar et elle étaient très proches. Or le père avait peur de voir sa poule aux œufs d’or filer avec l’acteur. Du coup Vijayantimala a remplacé Madhubala et le réalisateur a porté plainte. Le tout ayant été jusqu’au procès ; celui-ci fit beaucoup de bruit, mais le film fut un succès et tout se termina bien. Sauf pour les deux tourtereaux pour qui l’idylle était terminée. Page people terminée.
Pour finir, ce film est un divertissement qui a pour lui de nombreuses chansons qui sont restées dans les mémoires. Entre le charisme de Dilip Kumar (auquel je suis cependant peu sensible), la merveilleuse danseuse qu’est Vijayantimala et le comique Johny Walker qui nous gratifie d’un joyeux Main Bombay ka babu, on passe vraiment un bon moment. Il est à noter que le film est sorti en noir et blanc et ce n’est qu’en 2007 qu’il a été colorisé.