Pokkiri
Traduction : Voyou
Langue | Tamoul |
Genre | Masala |
Dir. Photo | Nirav Shah |
Acteurs | Vijay, Prakash Raj, Asin, Mumaith Khan, Vadivelu |
Dir. Musical | Mani Sharma |
Paroliers | Pa. Vijay, Na. Muthukumar, Kabilan |
Chanteurs | Swetha Mohan, Rahul Nambiar, Ganga, Suchitra, Naveen, Krishnamoorthy, A.V. Ramanan |
Producteur | Singanamala Ramesh |
Durée | 166 mn |
Face à l’énorme succès de Wanted, avec Salman Khan, il est temps de s’intéresser au film dont il est le remake. Le film tamoul était déjà réalisé par Prabhu Deva, également acteur et chorégraphe à ses heures, et mettait en scène le couple Vijay-Asin. Il était lui-même le remake du film telugu du même nom avec Mahesh Babu. Remakes, vous avez dit remakes ?
Chennai. Tamil (Vijay) est un pokkiri, c’est-à-dire un voyou. Si ses actes sont parfois dotés d’une bonne intention, il a une certaine facilité à tuer les autres pokkiri qui veulent lui faire la peau. Un jour, il rencontre Shruti (Asin), une jeune fille douce, qui travaille pour aider sa mère et son petit frère à vivre. Il en tombe immédiatement amoureux et fait tout pour la conquérir. Shruti est peu réceptive au début, mais le jour où il corrige un policier qui ne cesse de la harceler, elle se rend compte de ses sentiments. Seulement, vivre une histoire d’amour n’est pas toujours facile pour un voyou comme Tamil, sans cesse attaqué par les membres d’un gang dirigé par le trafiquant Ali Bhai (Prakash Raj).
Si le résumé vous semble quelque peu farfelu, c’est normal, vous avez atterri dans le monde merveilleux et magique du masala tamoul. Pourquoi un monde merveilleux et magique ? Parce que les rebondissements incroyables sont monnaie courante, que Vijay peut tuer quinze gangsters d’un coup sans avoir une seule égratignure, qu’il est capable de toujours sauver sa bien-aimée in extremis… et parce que tout ce mélange d’éléments plus saugrenus les uns que les autres fonctionne à merveille, emportant le spectateur dans un tourbillon de 3 h de pur divertissement.
Le film suit parfaitement les codes du masala, mélangeant amour, humour, action, chansons dans de bonnes proportions. On se croirait presque face à la recette d’un quatre-quarts, et la métaphore ne me paraît pas absurde puisque le tout est d’avoir les bonnes proportions de tout pour obtenir un film qui marche.
Commençons par la farine, alias l’histoire d’amour entre Tamil (Vijay) et Shruti (Asin). Une histoire simple, mais efficace, comme sait si bien le faire le cinéma indien : ils s’aiment, mais n’osent se l’avouer, puis leur relation ne peut pas être à cause d’un problème, ici, le fait que Tamil est un voyou, ce qui effraie Shruti. Vous me demanderez alors comment une histoire aussi basique peut aussi bien fonctionner. Eh bien, en grande partie, grâce à ses acteurs. Une bonne alchimie se dégage du couple Vijay-Asin, et il est surtout très appréciable que cette dernière ne soit pas cantonnée au rôle de plante verte, ce qui arrive couramment dans le cinéma du sud. Si Tamil doit venir la sauver à plusieurs reprises, Shruti n’est pas vraiment transparente et s’impose dans de nombreuses scènes. Le charme d’Asin convaincra les plus dubitatifs.
Ajoutons à ce beau petit puits de farine, nos oeufs qui n’attendent que ça : l’action. Vous l’aurez sûrement deviné à la lecture du résumé, elle est très présente dans le film. En effet, le "métier" de Tamil est prétexte à de nombreuses bagarres, puisqu’il arrive couramment dans la vie de ce brave garçon, qu’une quinzaine de personnes ait envie de lui faire la peau. Dur, dur d’être un pokkiri. Quand les bandes ne s’attaquent pas à lui, c’est sa copine qui est choisie pour cible, donnant là encore prétexte à quelques coups de pieds. Pour autant, il n’y a pas un nombre trop important de combats : ils sont plutôt bien dosés et bien éparpillés tout au long du film. De plus, bien orchestrés, ils ne sont jamais ennuyeux, car c’est un vrai plaisir de voir Vijay savater tout ce beau monde en deux-trois mouvements bien placés. Nos oeufs sont bien frais, on a un apport action très satisfaisant.
Il faut maintenant lier tout cela, et quoi de mieux pour fluidifier une histoire d’amour et quelques combats, qu’une bonne demi-douzaine de chansons, ou du beurre. Un des meilleurs éléments du film par ailleurs. La plupart des chorégraphies sont devenues cultes en Inde, notamment Pokkiri Pongal, que tous les fans de Vijay connaissent par coeur. Peu de personnes savent résister à un bon dappa avec une petite apparition de Prabhu Deva himself. En tout cas, je ne suis pas de celles-là. Beaucoup de chansons sont consacrées à la love story du film, pour mieux développer l’histoire et les sentiments des personnages. Le clip de la mangue notamment, indique au spectateur qui ne l’aurait pas compris, que Tamil et Shruti ne sont pas si innocents qu’ils en ont l’air. Beaucoup de mélodies restent dans la tête.
A ce plaisir des oreilles vient s’ajouter un plaisir des yeux certain, car Vijay est un excellent danseur, et Asin n’est pas en reste. Enfin, pour satisfaire la gent masculine, l’habituel item number de Mumaith Khan se révèle plein de sensualité et lui aussi plein de sous-entendus. Qui a dit que le cinéma indien était prude ?
Pour achever ce beau quatre-quarts, il ne manque plus que le sucre, c’est-à-dire l’humour. C’est peut-être l’aspect le moins réussi du film. Les blagues et facéties de Vadivelu, si elles sont plus agréables que d’habitude, n’en restent pas moins assez lourdes (la chorégraphie qui lui est consacrée est particulièrement intenable). Toutefois, le ressort comique du long-métrage ne repose pas que sur lui, ce qui permet quand même d’avoir des scènes humoristiques réussies.
En résumé, Pokkiri est un masala de très bonne facture, alliant avec beaucoup d’équilibre et de justesse tous les ingrédients classiques du genre. L’originalité n’est probablement pas au rendez-vous, mais puisque tous les ingrédients sont de très bonne qualité et bien mélangés, on ne peut qu’apprécier ce film qui nous permet de nous détendre et de passer un bon moment. Un bon gâteau à savourer en toute simplicité.