Poovellam Kettupaar
Traduction : Écoute les fleurs
Langue | Tamoul |
Genre | Comédie romantique |
Dir. Photo | M. S. Prabhu |
Acteurs | Surya, Jyothika, Nasser |
Dir. Musical | Yuvan Shankar Raja |
Parolier | Palani Bharathi |
Chanteurs | Sadhana Sargam, Sukhwinder Singh, Srinivas, Bhavatharini, Hariharan, Sujatha, Unnikrishnan, Nithyasree Mahadevan |
Producteur | Subbu Panchu Arunachalam |
Durée | 160 mn |
Déjà vieux de dix ans, ce film tamoul est le premier d’une longue série de films où Surya et Jyothika, maintenant mari et femme, partagent l’écran. Rien que pour cela, il mérite le détour, mais Poovellam Kettupaar a également d’autres qualités.
CR Kannan et Bharati formaient un duo de musiciens très réputé et célèbre jusqu’au jour où ils s’étaient séparés pour un différend artistique. Depuis, les deux musiciens s’exècrent et font chemin à part, chacun concurrençant l’autre. Cette situation est le point de départ du film, qui, après nous l’avoir exposé, s’intéresse aux enfants de ces deux musiciens, laissant ceux-ci momentanément de côté. En effet, par un étrange hasard (mais que la vie est bien faite), la fille de CR Kannan, Janaki (interprétée par Jyothika), rencontre le fils de Bharati, Krishna (interprété par Surya). Leur histoire commence de manière classique : chacun exaspère l’autre et aimerait ne plus l’avoir dans les pattes. Tout amateur de comédie romantique, qu’elle soit indienne ou pas, sait que cela ne durera pas : quelques chansons et un voyage plus tard, nos deux héros s’avouent leur amour. Toutefois, l’obstacle ne tarde pas à arriver. Janaki et Krishnan découvrent l’identité de leurs parents respectifs, et font le voeu de ne pas se marier sans l’accord de leurs paternels. Ils mettent au point un plan machiévélique s’il en est : chacun va essayer de rentrer dans les bonnes grâces du père de l’autre par une série de ruses et de stratagèmes.
Amateur de cinéma indien de toutes les régions, à la lecture de ce résumé, celui-ci t’a paru familier ? Tu te souviens vaguement d’une histoire où le garçon et la fille sont aussi tombés amoureux pendant un voyage après s’être d’abord disputés ? Le refus d’un enlèvement et l’envie d’obtenir les faveurs des parents ne te semblent pas inconnus ? Peut-être que toi aussi tu as vu Dilwale Dulhania Le Jayenge et que les similitudes te sautent aux yeux. De fait, Poovellam Kettupaar, par de nombreux côtés, peut être comparé au célébrissime film hindi, tout en gardant une certaine originalité.
L’histoire, nous venons de le voir, est très similaire à celle du film d’Aditya Chopra, et elle s’avère être un point fort du film. La trame de base est assez classique, mais traitée avec tellement d’humour, que ça devient un vrai plaisir de regarder ce film. La deuxième partie notamment, se détache du classicisme scénaristique de la première partie, pour offrir aux spectateurs d’intenses moments comiques. Elle abonde ainsi de subterfuges peu efficaces des personnages s’achevant en quiproquos, et autres situations rocambolesques à mourir de rire. Le film prend vraiment une tournure comique, pour se détacher de temps à autre de l’histoire d’amour pure.
D’ailleurs, l’aspect humoristique n’est parfois pas totalement voulu. Les notions de bon goût ne sont pas toujours très visibles dans les costumes de certains films du sud, et celui-ci datant des années 90, il n’échappe pas à cette constatation. Si la musique écrite par Yuvan Shankar Raja est excellente, et les mélodies des chansons particulièrement jolies, certains clips, quant à eux, ont énormément vieilli. La faute surtout aux costumes : la plupart des robes de Jyothika semblent venir tout droit de ce que la mode des années 80 a pu faire de pire. Les exemples les plus frappants sont les chansons "Poova Poova", où la pauvre actrice se voit affublée de robes plus laides les unes que les autres, et "Senyoreeta Senyoreeta", chorégraphie idéale pour combattre la déprime. Malgré cet aspect comique involontaire, on ne peut qu’apprécier la musique du film qui allie chansons traditionnelles et chansons plus modernes. La chanson "Senyoreeta Senyoreeta", citée plus haut, se détache du reste de la bande-originale et peut s’écouter encore et encore.
Un autre point fort du film est son casting. Surya et Jyothika (dont c’est, nous l’avons dit, le premier film ensemble) offrent des interprétations pleines de fraîcheur. Ils rendent leurs personnages très attachants et font adhérer le spectateur à leur cause sans l’ombre d’une hésitation. Surya se voit, de plus, attribuer quelques chorégraphies rythmées qui lui permettent d’esquisser des pas de danse qui font de lui l’un des meilleurs danseurs du cinéma tamoul de nos jours. Il donne aussi au spectateur l’occasion de s’abasourdir (une fois de plus) devant la rapidité de la langue tamoule dans une tirade mémorable où il cite les noms de cent fleurs, donnant par là même la justification du titre (qui veut dire "guirlande de fleurs"). Jyothika n’est pas en reste, et interprète son personnage avec simplicité et humour.
Poovellam Kettupaar n’est sûrement pas un chef-d’oeuvre technique, mais il réussit à emporter le spectateur par sa fraîcheur, son humour et ses qualités scénaristiques. Les acteurs sont pour beaucoup dans la réussite du film, qui peut se positionner comme un Dilwale Dulhania Le Jayenge tamoul ; si ce n’est pas par son succès en salle, au moins par son scénario et par le duo formidable de ses acteurs principaux. Surya et Jyothika n’ont peut-être pas encore autant d’alchimie que Kajol et Shah Rukh Khan dans ce film, mais celui-ci laisse deviner une complicité qui n’aura de cesse de se développer, et qui en fera, des années plus tard, un des couples les plus aimés et les plus forts du cinéma tamoul.