Rowdy Rathore
Langue | Hindi |
Genre | Film d’action |
Dir. Photo | Santosh Thundiyil |
Acteurs | Akshay Kumar, Sonakshi Sinha, Nasser, Supreeth Reddy |
Dir. Musical | Sajid-Wajid |
Paroliers | Sameer, Faaiz Anwar, Sajid |
Chanteurs | Mika Singh, Shreya Ghoshal, Kumar Sanu, Wajid, Javed Ali, Mamta Sharma, Sajid, Sarosh Sami, Akshay Kumar |
Producteurs | Ronnie Screwvala, Sanjay Leela Bhansali |
Durée | 144 mn |
Shiva (Akshay Kumar) est un petit voleur qui dépouille gentiment les habitants de Bombay avec son acolyte 2G (Paresh Ganatra). Un jour, il tombe en arrêt devant Paro (Sonakshi Sinha). Alors qu’il cherche un moyen de se rapprocher de la belle, une malle tombe miraculeusement entre ses mains de maraudeur. Cette caisse ne contient pas les bijoux espérés. C’est une petite fille qui dort paisiblement à l’intérieur. Et lorsqu’elle se réveille, elle lui saute au cou en l’appelant "papa".
Mais Shiva déteste les enfants et ne cherche qu’à se débarrasser de l’importune. C’est sans compter sur la vigilance d’un policier suspicieux qui vient vérifier quotidiennement la présence de l’enfant au "foyer" paternel. Et puis, finalement, Shiva a un cœur. La petite fait bien obstacle à sa conquête de Paro, mais le grand voleur bourru et la petite fille qui s’obstine à l’appeler "papa" commencent à s’apprivoiser mutuellement. C’est alors qu’ils croisent le chemin d’une bande de brutes patibulaires bien décidées à les massacrer tous les deux…
Au commencement était Vikramarkudu, un masala d’action telugu de 2006. Son succès a lancé la machine à remake indienne qui démarre avec Veera Madakari en kannada en 2010 et Siruthai en tamoul en 2011. Puis elle s’emballe brusquement en 2012 avec les sorties coup sur coup de Bikram Singha : The Lion Is Back en bengali et de Rowdy Rathore en hindi. Le sujet du film doit être puissant pour qu’il ait été refait aussi souvent.
Sa structure est en réalité assez particulière. L’entracte sépare deux films distincts dans lesquels Akshay Kumar réalise un triple rôle dans trois histoires séparées : une historiette d’amour, la lutte implacable d’un policier incorruptible et finalement une drôle de vengeance par procuration. A défaut d’être puissant, c’est assurément un film riche.
Le cinéma indien nous a souvent gratifiés de doubles rôles en utilisant la réincarnation comme dans Om Shanti Om ou simplement la gémellité comme dans Dushman. Ici, rien de tout ça. Aucune explication n’est donnée sur l’incroyable ressemblance entre Shiva et Vikram Rathore. C’est le fait du hasard… ou de la nécessité cinématographique. L’homogénéité de l’ensemble et les liens entre les histoires sont assurées par les deux personnages secondaires féminins : la petite Chinky (Ananya Nayak) et Paro la belle plante.
Paro est une femme d’ornement dont le seul mérite est d’avoir des hanches à faire fantasmer Shiva. Elle est terriblement sotte et sert juste de joli fil rouge entre la première et la troisième partie de Rowdy Rathore. Qu’on se rassure, le film contient des personnages beaucoup plus crétins et largement moins beaux. Les ligues de défense des hommes de petite taille pourraient légitimement s’offusquer de la présentation de 2G, un mélange de Danny DeVito et de Joe Pesci totalement idiot. Celles des dons trouveront certainement à redire à la description de Baapji (Nasser), le vieux caïd sadique à la bêtise abyssale. On l’aura deviné, Rowdy Rathore c’est du grand n’importe-quoi.
Plutôt que de faire un film qui tienne debout, Prabhu Deva nous a concocté un gloubi-boulga jubilatoire. Sa réalisation hindi précédente, Wanted, avait le mérite d’avoir une histoire qui pouvait à la limite se défendre, mais péchait par un Salman Khan inexpressif et déjà quasi-momifié. Akshay Kumar est beaucoup plus léger, presque "crédible" dans les bagarres dantesques très bien chorégraphiées. Il retourne à ses vieilles amours d’action tout en gardant l’autodérision de ses comédies plus récentes. Il nous fait ici tour à tour l’andouille de Tees Maar Khan, Vikram Rathore en policier implacable tiré de Singham (version Rohit Shetty), et un mélange des deux en guise d’apothéose dans le personnage de Rowdy Rathore.
Vikram Rathore a l’œil aussi noir qu’un Ajay Devgan en colère. Mais il a un avantage majeur sur Bajirao Singham : il résiste sans problème aux coups de couteau de boucher et même les balles à bout portant ne l’effrayent pas. D’ailleurs, une de ses phrases fétiches est : "La mort a peur de moi !". C’est un Singham au cube qu’il est donné à voir. Sa façon inimitable d’assener un coup de madrier dans l’entrejambe d’une fripouille laisse aussi le spectateur estomaqué.
Le style de Rowdy Rathore est beaucoup plus subtil que celui de Vikram. Il a bien d’autres atouts que ses poings de mammouth même s’il distribue allègrement les pêches atomiques avec le sourire. Rowdy n’est pas à proprement parler un prénom. Il s’agit d’un substantif qui signifie "le dur" ou "la terreur". Les cinéphiles amateurs de catch se souviennent peut-être de "Rowdy" Roddy Piper. Ce n’est probablement pas un hasard si Shiva s’affuble de ce surnom alors qu’il vient provoquer Baapji.
Avec son héros polymorphe et après un démarrage un peu poussif, Rowdy Rathore nous offre des scènes d’action d’anthologie que le jeune public masculin trouvera jouissives. Quant au vieux public masculin, il retrouvera instantanément la vigueur de ses jeunes années. Cela exclut peut-être une partie de l’audience, mais Sanjay Leela Bhansali et Ronnie Screwvala ont bien compris en qu’en produisant le film, ils tenaient là un énorme succès populaire de nature à renflouer les caisses vidées par l’échec de Guzaarish.
La chorégraphie des combats ne pouvait évidemment pas suffire à Prabhu Deva qui a réalisé celles des chansons. Elles sont toutes à l’image du film, d’une bonne humeur communicative. La composition d’ouverture, Chinta Ta Ta, est un triple item-number avec "Superstar" Vijay, Kareena Kapoor et Prabhu Deva lui-même. Non seulement elle accroche vivement l’oreille et elle est très agréable à regarder, mais elle est lancée par un gag visuel qu’il faut avoir vu.
Le second item-number du film, Aa Re Pritam Pyaare, est dansé par trois mignonnes (Mumaith Khan, Maryam Zakaria et Shakti Mohan) avec tatouages et piercing de la langue s’il vous plaît. Le risque était grand de tomber dans la vulgarité. Mais non, il s’agit d’un morceau aussi agréable à écouter qu’à voir.
Enfin, Dhadang Dhang Dhang est rapidement fatigante mais la chorégraphie inventive et entraînante permet d’assister à une vraie alchimie entre Akshay Kumar et Sonakshi Sinha. C’est aussi l’occasion de voir qu’on peut se faire aider par des filins lorsque l’âge interdit certains mouvements…
Rowdy Rathore s’inscrit clairement dans la continuité de Dabangg, Singham et autres Wanted. Le second degré et l’autodérision permanente associés à l’énergie communicative d’Akshay Kumar qui fait son numéro, l’éloignent cependant de ses prédécesseurs pour en faire un film unique et beaucoup plus plaisant.
On ne peut pas dire que Prabhu Deva se soit encombré d’un scénario dans ce remake. Qu’à cela ne tienne, le spectateur ne lui en tiendra pas rigueur. L’objectif était uniquement de divertir sans se prendre au sérieux, et c’est une réussite.