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Saawariya

Traduction : Mon amour

Bande originale

Pari
Chhabeela
Yun Shabnami
Jaan-E-Jaan
Thode Badmaash
Saawariya
Masha-Allah
Jab Se Tere Naina
Daras Bina Nahin Chain
Sawar Gayi
Saawariya (Reprise)

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La critique de Fantastikindia

Par Lalita, Kendra - le 29 janvier 2008

Note :
(5/10)

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Inspiré d’une nouvelle de Fiodor Dostoïevski, Saawariya nous plonge dans une histoire d’amour en quatre nuits.

Premier film indien totalement financé par une maison de production américaine (Sony), son titre désigne un état amoureux particulier dans la mythologie hindoue. Pour nous parler de cet amour digne des dieux, Sanjay Leela Bhansali choisit de créer un langage visuel universel. Il tente d’y parvenir en donnant à son film des allures de comédie musicale américaine tout en rendant hommage à la plus grande famille du cinéma indien grâce à son casting. Le réalisateur pense ainsi s’ouvrir les portes des deux mondes. Hélas réalisant des chiffres honorables à l’étranger, le film se révèle être un désastre en Inde où il subit la loi d’Om Shanti Om.

L’histoire : Raj, vagabond lunaire, poète, chanteur et rêveur s’installe dans un village perdu, à l’allure désolée. Le soir de son arrivée, il tombe sous le charme de Sakina, mystérieuse jeune femme à l’air perdu, déambulant seule sur un pont. C’est ainsi que naît l’amour, au premier regard. Mais Sakina guette le retour de celui qu’elle aime, Eeman, toutes les nuits depuis un an, et ne peut offrir que son amitié au jeune rêveur.

Sakina et Raj

La trame est rigoureusement copiée sur les Nuits Blanches, mais en a perdu tout le charme et l’intérêt. Là où Dostoïevski insufflait une certaine ironie dans ses personnages (sans qu’ils s’en rendent eux-mêmes compte) et dans cet amour à sens unique ; SLB en fait une bluette, un jeu d’enfants qui ne savent pas ce qu’ils font. Cet attachement au premier degré amène de la lourdeur, de l’incompréhension et rend le tout bien fade.

Raj est soutenu par une prostituée, Gulabjee, qui devient son amie, elle-même amoureuse de Raj ; ainsi que par Lollipop, sa vieille logeuse grincheuse et en mal d’affection.

Aucun personnage n’est abouti, ce ne sont que des contours, des caricatures d’eux mêmes : l’amoureux lunaire, la jeune femme mystérieuse, la prostituée au grand cœur, la vieille femme aigrie par les épreuves de la vie et un souvenir d’homme plus présent que les habitants de la ville…
Saawariya souffre surtout de la présence d’une héroïne effacée, à qui il manque ce soupçon de tragique exagéré que l’on trouve dans les autres films de Bhansali. Alors que Devdas s’enivre jusqu’à la mort, le personnage de Vanraj dans Hum Dil De Chuke Sanam aime sa femme au point de jouer l’entremetteur entre elle et l’homme qu’elle aime. Il nous manque dans Saawariya cette figure de l’amour extrême (aussi baroque que les décors de Bhansali) qui aurait dû être incarnée moins par Raj que par Sakina. Or le film tourne surtout autour de notre héros, tandis que le personnage féminin fait le sacrifice d’attendre un an un homme mystérieux sur la simple promesse d’un retour.

Deux nouveaux visages ont été choisis par SLB pour incarner ce couple. Ranbir Kapoor (fils de Rishi, petit-fils du grand Raj) tire son épingle du jeu grâce notamment à son don pour la danse. Sonam Kapoor (fille d’Anil) ne brille pas dans ce rôle effacé, mal écrit, dont les quelques sursauts ne suffisent pas à provoquer la sympathie. Zohra Seghal avait le personnage le plus prometteur, si seulement les scénaristes s’étaient donnés la peine de développer un tant soit peu son histoire et surtout son intéraction avec Ranbir. Tout est bien trop rapide dans des moments où le temps aurait permis une complicité, et tout est trop lent dans des scènes qui n’ont pas grand intérêt. Sa diction étant assez insupportable, il est encore plus difficile d’éprouver autre chose que de l’agacement. Le dernier bémol va à Salman Khan, qui, sans apparaître longtemps à l’écran, a un rôle pivot, celui de perturbateur : dans un premier temps il chamboule la vie de Sakina, dans un second, celle de Raj, même s’il est absent. Salman est certes plus sobre dans son jeu qu’à l’accoutumée, mais il paraît totalement éteint, absent de l’aventure et manque cruellement de charisme, essentiel dans ce rôle. Rani est la seule à se démarquer en interprétant une prostituée insolente et attendrie, au vocabulaire fleuri et à l’anglais plus qu’approximatif, sans jamais donner dans le vulgaire.
Le pathos, qui dans ses films précédents permettait au spectateur de se sentir concerné ou en tout cas de ressentir une certaine empathie pour les personnages fait défaut dans ce joli paquet vide.

Car le seul intérêt de Saawariya réside bien dans le travail de scénographie, impressionnant et simplement beau. Les décors façon carton-pâte hommage aux films des années 50, donnent un cachet à la fois vieillot et onirique. Les couleurs utilisées (dominance du bleu et du vert) rappellent les couleurs du paon, symbole de l’amour, comme pour souligner le thème principal. Il est impossible de se situer, ni dans le temps, ni dans l’espace. En effet, Sakina est habillée de façon traditionnelle, mais Raj porte des jeans à chaines et joue au football…Les fresques peintes sur tous les murs donnent l’impression d’être en Inde, mais le canal et les gondoles rappellent Venise…
Pourtant pour la première fois, Bhansali peine à justifier ses décors grandioses même aux yeux du public. En effet, un film du Sud s’est déjà inspiré en 2003 de l’histoire de Dostoïevski. Tourné avec un budget modeste, Iyarkai impressionne cependant les critiques et remporte un National Award. Cet évènement renforce pour certains l’impression de gâchis de millions de crores pour une super production pompeuse et sans âme.

Les clips sont un bon résumé du film, très bien mis en scène, mais les chansons ne retiennent malheureusement pas l’attention. L’on se souviendra plus du torse de Ranbir que de l’air qu’il fredonne… Seule Chabeela se démarque du lot homogène des chansons un tantinet soporifiques et totalement interchangeables. Une tous les quarts d’heure, c’est pousser loin les codes du Bollywood et mener le spectateur à un certain agacement.

Ce film aurait pu être comme un conte de fées, à chaque page, les dessins/décors venant illustrer l’histoire qui avance… Mais à quoi servent de beaux dessins s’il n’y a rien à raconter ?

Que l’on apprécie ou pas le cinéma de Sanjay Leela Bhansali, il était une chose indéniable jusqu’à présent, le cinéaste avait le talent de faire naître une réaction face à son œuvre. Or c’est l’indifférence qui gagne au sortir de ce simple exercice de style. Il délivre un film près des yeux mais bien loin du cœur.

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