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The Dirty Picture

Traduction : Le film dégoutant

Bande originale

Ooh La La
Ishq Sufiana (Male)
Ishq Sufiana (Female)
Honeymoon Ki Raat
Twinkle Twinkle
Ooh La La (Dhol Mix)

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Didi - le 31 janvier 2012

Note :
(8.5/10)

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Reshma (Vidya Balan) s’enfuit de son village natal la veille de son mariage pour aller à Madras réaliser son rêve : devenir actrice. Hébergée par une tante qui tient une petite échoppe, elle écume les castings dans l’espoir d’obtenir un petit rôle. La concurrence est rude, car nombre de jeunes femmes ont le même rêve qu’elle. Cependant Reshma a quelques atouts en main et elle est bien décidée à s’en servir. Pulpeuse, voluptueuse et surtout délurée, elle se présente sur le tournage d’une séquence chantée de film, s’invite dans le champ et vole la vedette aux autres danseuses grâce à son sex appeal. Malheureusement, le réalisateur Abraham (Emraan Hashmi), ne regardant que les prétentions artistiques qu’il entend donner à son film, coupe la séquence de Reshma. Celle-ci n’est malgré tout pas perdue car elle parvient jusqu’au producteur, Selva Ganesh (Rajesh Sharma), qui voit tout de suite le potentiel commercial que recèle cette "bombe sexuelle". Il part alors à la recherche de la jeune femme et lui propose de lancer sa carrière cinématographique sous le nom artistique de Silk.

Pour son premier rôle, Reshma, devenue Silk, doit faire un numéro de danse sexy avec la superstar Suryakanth (Naseeruddin Shah). Or, danser avec celui qui est son idole de cinéma se révèle très impressionnant : au lieu d’être sensuelle et séductrice, la jeune femme est gauche et timide, ce qui irrite au plus haut point sa majesté la star. Pour obtenir une seconde chance, Reshma, en coulisses, monnaie ses charmes : si Suryakanth veut bien retourner la séquence et l’aider dans sa carrière, elle deviendra sa maîtresse. Le film est un succès, car la gent masculine se presse massivement dans les salles obscures pour admirer Silk, dont la carrière se révèle très prometteuse, mais surtout fantasmer sur ses charmes et sa sensualité. Si du point de vue professionnel, Reshma/Silk est comblée, ce n’est pas le cas du point de vue sentimental : les hommes ne voient en elle que promesse de lasciveté et non sa véritable personnalité. Par ailleurs, avec sa franchise, son franc-parler et son érotisme, Silk s’est fait quelques ennemis, en particulier parmi les femmes, qu’elles soient spectatrices ou rédactrices de magazines. L’étoile de Silk va tomber aussi vite qu’elle est montée, entraînant Reshma dans une sordide descente aux enfers…

Avec The Dirty Picture, dirigé par Milan Luthria et produit par Ekta Kapoor, sorti en salle le 2 décembre 2011, le cinéma hindi finit l’année en beauté, à tel point qu’on croirait que la période de vaches maigres de films standardisés et/ou insipides reléguée à un passé lointain. Car The Dirty Picture possède les qualités que l’on recherchait vainement dans bien des films ces derniers temps : une histoire solide, de bons acteurs, une bonne musique et une véritable saveur indienne avec son intrigue se déroulant dans le milieu du cinéma. Et l’on sait que le cinéma indien, du nord au sud ou d’est en ouest, n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se regarde entre nostalgie et autodérision.

En effet, l’histoire de The Dirty Picture s’inspire de la vie de Smitha Silk, actrice tamoule, bien qu’originaire de l’Andhra Pradesh, spécialisée dans les rôles de vamp et dont la carrière se déroula dans les années 1980. La vamp, dans le cinéma indien d’avant les années 1990, assumait, à l’écran, les aspects négatifs de la femme que ne pouvait porter l’héroïne, destinée à finir mariée, donc mère potentielle et, de ce fait, devant être irréprochable moralement.

La vamp fumait, dansait, exhibait ses charmes, son sex appeal, attirait le héros du côté obscur, comme le fait le personnage de Maya dans Shree 420, bref, elle était celle qui faisait fantasmer les hommes à l’image de la femme fatale dans les anciens westerns. Un numéro de vamp, dans un film, était le gage de son succès commercial, car le producteur savait qu’il allait irrémédiablement attirer les foules masculines désireuses de fantasmer. Vous aurez compris que pour assumer ce rôle de vamp, l’actrice devait être bien en chair et exsuder la sensualité par toutes les parcelles de sa peau exposée. Elle devait aussi avoir du cran et ne pas avoir peur de s’exposer au scandale et à l’opprobre, qui étaient liés à son rôle à l’écran, mais que les gens continuaient de projeter sur elle en dehors de la pellicule. Vous aurez compris aussi que celles qu’on appelle aujourd’hui les item girls, avec leur taille XS, et qui n’ont de scandaleux que leur mauvaise façon de se dandiner, ne sont qu’un pâle souvenir de ces vamps voluptueuses.

En rendant hommage à cette actrice disparue et, à travers elle, à toutes les vamps du cinéma indien, The Dirty Picture est bien plus qu’un biopic. Il offre une histoire émouvante et originale, se distinguant des productions actuelles, où le personnage féminin tient le rôle principal et n’est plus un simple faire-valoir du héros et de sa débauche de testostérone. Ici, face à Reshma/Silk, déterminée, sincère et courageuse, les personnages masculins apparaissent comme des lâches, hypocrites et égoïstes. Vidya Balan, en acceptant d’endosser les habits de vamp, porte le film sur ses épaules et relègue au second plan ses partenaires masculins, y compris le vétéran Naseeruddin Shah - pour Emraam Hashmi et Tusshar Kapoor, ce n’était pas bien difficile. Pour ressembler à ces actrices bien en chair, loin des canons de beauté actuels, elle n’a pas hésité à prendre plus d’une dizaine de kilos et à laisser pudeur et retenue au vestiaire. Si elle reçoit une récompense pour sa prestation, un filmfare ou un national award (qui sait ?), elle l’aura bien méritée.

Le film a aussi d’autres atouts que les charmes de son personnage ou de son actrice principale. L’ambiance du milieu cinématographique des années 70-80 est admirablement bien recréée, en particulier dans la séquence Ooh la la la, qui rend un hommage empreint d’autodérision au cinéma de cette époque et raille aussi les couples mal assortis par la trop grande différence d’âge. La musique, en particulier le refrain lancinant de "Ooh la la la, you’re meri fantasy", ou les premières mesures d’un dappa qui accompagnent la détermination de Reshma - détournement du dappa classique de présentation du héros masculin dans les films du sud -, et les décors servent avec beaucoup de justesse le propos du film.

The Dirty Picture a finalement le mérite de tordre le coup à beaucoup de préjugés, en particulier ceux colportés par la critique occidentale, surtout française, qui colle aux films indiens, plus particulièrement, aux films hindis, l’étiquette de cinéma prude racontant des histoires à l’eau de rose.

Doublé en langues telugu et tamoul, The Dirty Picture s’est taillé un beau succès au box-office, engrangeant plus de 117 crore de roupies de bénéfices. D’ores et déjà classé blockbuster, le film vient de dépasser son cinquantième jour d’exploitation en salles, ce qui démontre aux producteurs frileux qu’une actrice comme tête d’affiche est aussi bankable qu’un acteur, l’important étant que le film ait une histoire à raconter, et c’est le cas de The Dirty Picture.



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