The Mindy Project – Saison 1
Publié lundi 29 janvier 2018
Dernière modification lundi 26 mars 2018
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Passionnée par l’audiovisuel en général, il est un format de programmes dont je raffole particulièrement : les séries TV. Qu’elles soient fantaisistes, féministes, légères, une grande majorité d’entre elles piquent ma curiosité me faisant déplorer les ridicules 48h que compte le weekend pour les visionner.
Cette addiction est nourrie par l’une de mes amies les plus proches, « dévoreuse de séries » également, dont je bois littéralement les paroles lorsqu’elle évoque ses dernières découvertes et ses coups de cœur en la matière. C’est alors qu’elle me conseille vivement de m’intéresser à The Mindy Project, dont la réalisatrice a des origines indiennes.
Ni une, ni deux, me voilà prête à engloutir la première saison, composée de 24 épisodes (j’ai failli me sentir mal… ) de 20 minutes environ (… là, ça allait mieux !).
Mindy Kaling est une actrice, scénariste et productrice américaine, notamment connue pour son rôle dans The Office ainsi que pour avoir prêté sa voix, dans Vice Versa, au personnage de « Disgust » (Dégoût).
En 2012, elle crée The Mindy Project, série contant la vie trépidante de Mindy Lahiri — jeune gynécologue-obstétricienne — à New York. Elle confesse s’être inspirée de sa mère, exerçant le même métier, pour écrire l’histoire de son héroïne.
Mindy est une trentenaire, célibataire, totalement obnubilée par les romcoms américaines. Elle est, véritablement, une amoureuse de l’Amour.
Alors oui, j’admets avoir été un peu surprise par ses influences romanesques purement et strictement made in USA… Probablement parce que je m’attendais bêtement (oui…on peut le dire…) à la voir avaler du pop-corn devant de belles romances bollywoodiennes… c’est que les clichés ont la vie dure ! Les références à la culture américaine sont donc très nombreuses et cela n’est pas plus mal finalement ! Il s’agit d’un bon contre-pied à des facilités narratives qui auraient pu être attendues, notamment parce que l’Inde est connue pour ses productions « à l’eau de rose ».
Ce paramètre s’explique par le fait que Mindy n’est pas une Non-Resident Indian [1]. Elle est née et a grandi aux États-Unis, d’où un ancrage plus profond dans la société occidentale qu’asiatique.
Elle est exubérante, brut de décoffrage, jure à volonté et ne refuse jamais les verres qui lui sont tendus. Mindy est — autant que l’actrice qui l’incarne — une femme de caractère résolument moderne et pleine d’humour. Ainsi, Miss Kaling, à travers sa série, n’hésite pas à aborder une multitude de sujets — souvent tabous — avec culot et impertinence.
Ep.1 Il était une fois… | Ep.13 Harry & Sally |
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La nouvelle assistante | Harry & Mindy |
Tous en boîte ! | Mindy’s Minute |
Halloween | The One That Got Away |
Danny Castellano est mon gynécologue | Mindy’s Birthday |
Thanksgiving | Danny’s Friend |
Amour, sexe et herpès… | My cool Christian Boyfriend |
Deux contre un | Pretty Man |
Le Noël de Mindy & Josh | Une virée à Santa Fé |
Le frère de Mindy | Le triathlon |
Le lit superposé | La soirée étudiante |
Le coup d’un soir en dix leçons | L’ultimatum |
La Sexualité
Féminine : contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’évocation ainsi que l’exploration de la sexualité féminine restent encore fragiles et rares. À vrai dire cela fait quelques années à peine que certaines productions (surtout audiovisuelles) s’emparent du sujet pour en parler. Vraiment !
Fleurissent enfin sur nos écrans des séries mettant en lumière l’intimité des femmes — à l’instar de The Bold Type ou encore de The Handmaid’s Tale — questionnant le désir, le plaisir, les peurs, les préjugés, les interdits.
The Mindy Project s’inscrit dans ces créations télévisées, revendiquant un certain ton ainsi qu’un parti pris : celui de parler de TOUT, sans filtres.
Mindy assume sa sexualité épanouie, ses nombreuses aventures sentimentales. Elle ne les dissimule pas, au contraire, elle en expose les moindres détails sans gêne. Ainsi, son cercle proche et nous — téléspectateurs — sommes les témoins de ses déboires et questionnements amoureux. Ce paramètre s’avère être d’ailleurs l’un des piliers sur lesquels repose cette comédie, puisque l’héroïne use et s’approprie de codes dits « typiquement masculins » (exemple : techniques de drague bien lourdes… désolée messieurs, mais admettez que vous n’êtes pas toujours très fins…) etc. : un vrai régal, soyons honnêtes !
Bref, Mindy Kaling « brise l’omertà » — avec humour et légèreté — pour notre plus grand plaisir !
Chez les jeunes : Aaaaah ! L’épineuse question de la Pilule Contraceptive…
Ici, ce n’est pas la composition de cette dernière qui est questionnée, ni ses potentielles répercussions sur la santé, mais plutôt sa prescription auprès des adolescentes.
La créatrice de la série montre à quel point en 2012 — date de diffusion de la première saison — il est encore difficile pour certains parents d’envisager et d’accepter la sexualité de leur enfant. Trop jeune, pas assez mature, choix du partenaire, les risques de maladies et de grossesse ; bref, autant d’interrogations et de réticences qui fusent dans l’esprit des figures maternelle et paternelle.
Lorsque l’une de ses jeunes patientes lui demande d’être mise sous pilule, la gynécologue hésite un moment pour finalement répondre favorablement à celle-ci. Cette décision lui attire les foudres du père de la jeune fille, réclamant férocement des explications quant à ce choix lui semblant totalement irresponsable et irraisonné.
Étonnamment — malgré sa culture scientifique — la réaction vive du père de famille la submerge de doutes. A-t-elle eu tort ou raison ? Quelle est sa position, en tant que femme concernée, face à la contraception ? L’inconscience et l’ignorance qu’elle décèle dans la sexualité des jeunes, ne trouvent-elles pas un écho chez l’adulte ? Ne les juge-t-elle pas trop sévèrement ? Les réponses ne sont pas si évidentes.
La prostitution… masculine : Mindy — dans un premier temps — fréquente involontairement un jeune escort boy. Lorsqu’elle le découvre elle décide de continuer de faire appel à lui pour vaincre sa solitude. Tout cela en tout bien tout honneur. Autant vous dire qu’elle n’assume pas vraiment le métier de son nouvel ami lorsque celui-ci se retrouve convié à une soirée chez le Docteur Castellano. Ses efforts pour dissimuler la véritable activité de ce dernier vont d’ailleurs s’avérer vains… obligeant notre jolie brune à révéler l’identité du jeune homme.
Cette thématique est intéressante car — il me semble — rare sur le petit écran. (Je me trompe peut-être et dans ce cas-là, j’attends avec impatience vos recommandations !) Malheureusement, le traitement de celle-ci est beaucoup trop superficiel ; totalement gâché à mon sens par la primauté de la comédie. Dommage…
Le Monde du Travail
Femme et Réussite : on entend de plus en plus dire que « la réussite dérange », notamment en France. Nombreux sont ceux citant d’ailleurs le continent américain comme exemple de tolérance, de motivation et d’encouragement en la matière. Véridique ou non, Mindy Kaling nous démontre que l’herbe n’est pas forcément plus verte de l’autre côté de l’Atlantique, et ce d’autant plus lorsque vous êtes une femme.
Au sein du cabinet médical dans lequel elle travaille, elle est le seul médecin au féminin. Toutes les autres femmes occupent des postes d’infirmières ou de secrétaires… c’est dire les stéréotypes auxquels sont cantonnées les figures féminines. Je suis cependant un peu de mauvaise foi, puisqu’un homme — Morgan — est infirmier, mais vous noterez qu’il évolue plus souvent au milieu de ses semblables et supérieurs masculins que de ses collègues féminines. Véritable dénonciation « sous-marine » ou simple volonté de mettre en avant l’héroïne principale ? J’admets encore me poser la question.
Notre Mindy internationale s’épanouit donc professionnellement au milieu d’hommes aussi machos les uns que les autres — quoi que — le big boss (le Docteur Schulman) semble être le seul à ne pas faire de distinctions entre les sexes (Amen !). Railleries, rabaissements… tout y est ! Ces aspects sont automatiquement atténués à grands coups de traits humoristiques ou de répliques acerbes de Miss Lahiri ; mais le message de fond est là : toi, femme, tu ne seras jamais prise au sérieux et toujours ramenée à ta pseudo « infériorité biologique ».
Comment rappelle-t-on à une femme qu’elle est une sorte d’imposteur ? Tout simplement en remettant ses compétences et son savoir en question : faites-le devant ses patients, c’est encore mieux ! Et surtout – histoire de bien l’achever– attaquez-la sur son physique, parce que c’est bien connu : il est le talon d’Achille du sexe féminin. Mes propos peuvent sembler exagérés, pourtant c’est bien ce qui est à lire entre les lignes.
Ce schéma scénaristique qui — et c’est particulièrement désagréable de l’écrire — est presque banal, voire « traditionnel », s’avère finalement salvateur. Pourquoi ? Parce que ce conflit permanent entre l’homme et la femme active et appuie le « women’s empowerment [2] » de The Mindy Project.
L’essence même de cette notion réside en la conscience de cette dernière en chacune d’entre nous, et donc en la possibilité de la faire éclore et « fleurir », dans le but de se réaliser en tant qu’individu.
La compétitivité féminine : Le propos précédent va d’ailleurs nourrir le point abordé immédiatement.
La sournoiserie et la jalousie s’invitent au cabinet Schulman & Associés. Une mystérieuse lettre déposée par un (« petit oiseau fragile ») « corbeau » vient semer un vent de panique entre ses murs. On y dénonce des gestes déplacés à l’égard de la gente féminine et menace l’avenir des activités du groupe.
Très rapidement, le maître chanteur est démasqué. Il n’est autre que l’œuvre d’une collaboratrice blessée de ne pas être regardée et désirée par les hommes qui l’entourent. Parce qu’elle manque de confiance en elle, elle s’octroie le droit de juger ce qui est bien ou mal, et s’autorise à dévaloriser les femmes courtisées.
Or, le women’s empowerment n’est possible qu’à condition qu’autrui accepte la convention qui le fonde. Si même nos semblables nous jugent, nous rabaissent, ne nous « reconnaissent » pas, comment alors structurer le genre féminin — je dirai même le genre humain ? On ne le dira jamais assez, mais la solidarité et la tolérance sont bien les clés de nombreux maux.
D’autres sujets sont bien évidemment évoqués durant cette première saison : la religion, le couple mixte, la culture américaine… mais seulement de manière superficielle…
C’est d’ailleurs un regret que je formule ici, car ce sont des sujets particulièrement intéressants, nécessitant des approfondissements ou — du moins — méritant des propositions scénaristiques. Peut-être verrais-je ma frustration comblée au cours de la saison 2 ? Je l’espère bien en tout cas.
Si vous avez aimé Grey’s Anatomy ou encore Doctor’s Diary (série allemande), alors je suis prête à parier que The Mindy Project saura vous séduire !
Comédie, romance : quoi de mieux pour débuter cette nouvelle année dans de bonnes conditions ?
Goodbye « season 1 » ! Welcome « season 2 » !
[1] Les NRI sont « des citoyens indiens possédant un passeport indien et résidant à l’étranger pendant une période d’au moins six mois. » // http://geoconfluences.ens-lyon.fr
[2] "Empowerment is a process. Through the process, an individual becomes an agent of change. More simply put, it’s the “can do” factor, going from “I can’t” to “I can.” So, are girls and women empowered ?" // HuffingtonPost, What Is Women’s Empowerment ?