Une soirée d’exception : Paris rend hommage à Kamal Haasan
Publié vendredi 8 avril 2016
Dernière modification vendredi 8 avril 2016
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Henri Langlois s’est battu toute sa vie pour que « le cinéma devienne un art au même titre que la peinture ou la musique », il fut un précurseur par sa façon de repérer les films, de les conserver et de les programmer. C’est fidèlement à cet esprit, que les Prix Henri Langlois sont attribués pour saluer, distinguer et récompenser le travail et le talent de tous ceux qui, de par le monde, œuvrent pour faire partager leur passion du cinéma et transmettre aux nouvelles générations la connaissance du patrimoine cinématographique.
Mercredi 30 mars 2016, lors de la soirée d’ouverture des 10es Rencontres Internationales du Cinéma de Patrimoine, qui s’est tenue dans les salons de la mairie du 16e arrondissement, deux des Prix Henri Langlois 2016, ont été remis au réalisateur belge Jaco Van Dormael, et à l’acteur, scénariste, réalisateur, producteur et chorégraphe indien du cinéma tamoul, Kamal Haasan. Où pouvions nous bien être quand un hommage est rendu à l’acteur le plus primé de l’histoire du cinéma indien ? On doit la venue de Kamal Haasan à Paris, aux efforts de notre partenaire Etienne Dubaille de Night Ed Films. En le félicitant pour cette opération qui fut un franc succès, nous tenons aussi à le remercier chaleureusement pour cette invitation. Enfin, un grand merci également à Mme Danielle Escher du service de presse, pour son accueil, son professionnalisme et sa grande gentillesse.
Cet article est un compte rendu revenant sur les moments forts de la soirée d’ouverture des 10es Rencontres Internationales du Cinéma de Patrimoine et de la cérémonie de remise des Prix Henri Langlois.
18h30 – Un kakémono et une affiche à l’entrée de la mairie - annonçant les Rencontres Internationales du Cinéma de Patrimoine et la remise des Prix Henri Langlois - ainsi que deux voitures anciennes de collection, fièrement garées devant la marie du 16e arrondissement, sont les quelques éléments de l’habillage prévus pour l’événement, avec l’incontournable et très long tapis rouge. Le bâtiment officiel est prêt à accueillir et abriter pendant quelques heures, un monument du cinéma indien, Kamal Haasan. Le hall de la mairie du 16e s’est peu à peu rempli et l’effervescence est palpable avec l’arrivée imminente de la star. Entre le stress du personnel d’accueil très affairé, l’impatience des fans s’échangeant leur excitation et la curiosité de quelques néophytes en « Kollywood-ologie », les quelques photographes font chauffer les flashs et se préparent, appareils au poing, pour immortaliser le moment et, surtout, se frayer un chemin au milieu d’une armée de smartphones rebelles, sortis des poches, affamés de selfies et prêts à marcher sur leurs plates-bandes … Reflex versus Mobiles – l’aube du photo call.
18h34 – L’attente prend fin et la silhouette de l’homme du jour, se dessine peu à peu à l’entrée de la mairie. L’acteur indien, accompagné de son hôte français du jour, j’ai nommé notre aimable partenaire Etienne Dubaille de Night Ed Films, se prête au jeu des photographes avec ce professionnalisme qu’on lui connaît. Il n’y a plus qu’un long tapis dressé entre Kamal et le comité d’accueil. Avec l’arrivée des deux hommes, foulant le chemin couvert d’un rouge majestueux, on était transporté pendant quelques instants, dans un film tamoul avec une scène d’introduction de héros, où tout respirait la classe et le prestige. Et là, moment de gloire, je tends la main à Rajin… pardon Etienne qui me serre la pince avec brio, avant de terminer sa parade dans le hall de la Mairie.
18h37 – Plus qu’un simple bain de fans, Kamal Haasan a eu droit à un chaleureux bain de sourires avec une mémorable vague d’affection, agrémentée de marques de respect, d’admiration et de beaucoup de tenue jusqu’au… soulèvement des smartphones ! Une fois la séance de photocall achevée, les jeunes admirateurs se sont littéralement jetés sur l’acteur pour figer l’instant avec l’inévitable selfie. Déjà, lorsqu’un seul téléphone est dégainé, cela donne souvent lieu à des scènes cocasses où la fan-attitude tutoie le narcissisme assez ridicule, mais ici, c’est le gang de mobiles en main levé qui a eu raison du pauvre Kamal souriant et gardant son calme, mais un peu perdu au milieu de la génération selfie. On a eu droit au festival de selfies avec les effets de plongée ou contre-plongée, le trop plein d’attitude qui finit par assassiner l’attitude, la fille trop canon qui va se faire un torticolis, le gars un peu perdu qui a dû s’auto-capturer à défaut d’un bout d’oreille de Kamal et j’en passe et des meilleurs, avec l’orientation tête de moineau, le très ringard duck face et enfin le fish gape. Bref, un grand et joyeux moment de poilade qui a eu le mérite d’égayer le tapis rouge.
18h39 – Même passé, le rêve ne s’évanouit pas et demeure dans les têtes des fans qui viennent de croiser leur idole. J’étais réellement enchanté et heureux de ressentir autant de bonnes ondes au milieu de cette foule d’anonymes, car entre ceux qui n’en revenaient toujours pas avec leurs yeux pétillants, les fans victorieux poussant un cri de joie en levant leur poing au ciel, les admirateurs triant leurs photos avec la légende et les cinéphiles encore exaltés parlant des meilleurs films de l’acteur en échangeant leurs impression sur la magie qu’ils venaient de vivre, ça faisait vraiment plaisir à voir… Cette allégresse transcendante a provoqué une forme de communion autour de cette passion pour Kamal, et je dirai que ce moment-là était presque plus intense que le photocall. Contrairement à la réputation qu’on lui prête, Kamal n’était ni hautain ou distant avec les gens, j’ai même agréablement été surpris par sa disponibilité, et ce malgré une apparente fatigue du à son planning chargé, composé de visite officielle à l’ambassade, dîner avec des dignitaires et autres personnalités culturelles, ainsi que quelques interviews avec des médias français.
18h44 – Pendant que la salle de réception à l’étage se préparait pour la cérémonie de remise des prix et le cocktail qui allait suivre, un coin tranquille avait été choisi par l’équipe de Me Danielle Escher (service de presse) pour que les médias présents puissent échanger avec Kamal. Journalistes de la presse écrite, radiophonique ou du web comme nos confrères de la Shankara team, Kolly360, Kollywood-kings et d’autres, se sont succédés pour interroger l’acteur sur ses films, ses choix artistiques, ses projets futurs et ses premières impressions sur ce contact avec le public français. Là encore, pas de chronométrage, beaucoup de générosité et d’implication de la part de l’acteur, qui a pris le temps nécessaire pour se livrer à ses interlocuteurs, sous le l’œil bienveillant d’Etienne Dubaille qui a coordonné tout ça avec calme et maîtrise.
19h36 – Alors que la session d’interviews est en train d’être bouclée à l’autre bout de la mairie, la salle de réception grouille de monde, l’estrade et le pupitre sont fin prêts, avec les différents intervenants qui prennent peu à peu place autour de la scène et sur les fauteuils. Au fond du couloir, on aperçoit le cortège « kollywodien » qui se fraye un chemin, avec à sa tête Etienne Dubaille, suivi de près par Kamal trifouillant son smartphone. Lorsque la star pénètre dans la salle, les visages s’illuminent, les flashs crépitent, les cris et applaudissements fusent. It’s showtime comme diraient les anglo-saxons et c’est aussi le moment que choisissent, le maire du 16e, Claude Goasguen, et la maîtresse de cérémonie du jour, l’éditorialiste radio Manault Deva, pour lancer la remise des Prix d’Henri Langlois et ouvrir les 10es Rencontres internationales de Cinéma de Patrimoine 2016, intitulées cette année, « le Cinéma en Héritage dans les pas d’Henri Langlois ».
20h06 – En l’absence de Jérôme et Sophie Seydoux qui devaient être honorés, et en attendant la consécration de Kamal, diverses personnalités se sont succédées pour parler du festival et rappeler la volonté des organisateurs de cet événement. Le premier prix est décerné par le réalisateur tunisien Ferid Boughedir à son homologue belge Jaco Van Dormael, à qui l’on doit des films aussi inoubliables que Toto le héros et Le Huitième jour, primé à Cannes en 1996. Pour introduire la remise de la distinction à Kamal, les danseurs de Barathanatyam, Raghunath Manet et Iranganie Perera, se sont lancés dans un très bel hommage dansé sur un medley musical comportant un extrait musical de Vishwaroopam, l’un des récents succès de l’acteur.
20h15 – L’heure tant attendue est enfin arrivée et on pouvait sentir jusque-là, l’effervescence d’une bonne partie de la salle, qui attendait impatiemment l’énoncé du nom de l’acteur tamoul, le plus primé de l’histoire du cinéma tamoul. La tâche honorifique de remettre ce prix est revenue à une autre légende du cinéma, l’immense Jean-Claude Carrière, à qui l’on doit les scénarios de chef-d’œuvres comme Belle de Jour (co-scénarisé avec Luis Buñuel), Borsalino, Le tambour et bien d’autres pépites du 7e art français et européen. Les deux hommes se connaissent depuis de nombreuses années, et après l’avoir mentionné dans son discours, le cinéaste français a parlé de la place importante de Kamal dans la paysage cinématographique indien et tamoul. En exprimant sa profonde joie d’avoir été choisi pour cette occasion spéciale, Jean-Claude Carrière a remis le prix Henri Langlois à Kamal Haasan, sous un tonnerre d’applaudissements. S’en est suivi d’une intervention du lauréat du jour qui s’est souvenu de son mentor et a évoqué son rôle dans la préservation, la restauration et l’archivage de nombreuses copies de films anciens. Au terme de une ultime prise de parole de l’autre héros du jour, Etienne Dubaille, tous les primés ont pris la pause pour une dernière photo de groupe.
La réception s’est poursuivie avec un cocktail dînatoire, où Kamal Haasan a pu échanger avec ses fans et consentir généreusement à quelques selfies. Un orchestre d’harmonie était présent pour accompagner musicalement le buffet et la fin de soirée.
Avant la remise des prix, Night ED Films à l’origine de cette initiative avait annoncé que « sortir des films, c’est bien, mais qu’[ils allaient] faire mieux ». Et après avoir vécu un moment aussi fort, il faut rendre à César ce qui est à César et féliciter le valeureux Etienne Dubaille, qui a durement œuvré, en coulisses, pour rendre ce moment possible et assurer que tout se déroule sans aucun accroc. Je n’ai pas été témoin des prémices de cette entreprise, mais j’ai pu voir de mes yeux vu, un passionné qui se dépensait sans compter en faisant des kilomètres de pas, d’un bout à l’autre de la mairie pour superviser les opérations.
La Dubaille attitude, c’est garder la bonne humeur et le sympathique sourire, tout en dissimulant ingénieusement les yeux fatigués derrière l’incontournable accessoire de mode du personnage, la fameuse paire de lunettes à monture épaisse. À la classe s’ajoute l’abnégation et la volonté de communiquer sa passion pour promouvoir de la plus belle des manières le cinéma indien en France. Chapeau bas l’artiste, pour la patience et la disponibilité, et enfin merci à Night ED Films de nous avoir offert une rencontre aussi mémorable.
Depuis deux ans déjà, le Festival fait confiance à Night ED Films en leur ouvrant une fenêtre sur l’Inde. Pour cette 3e année, en plus des deux films tamouls sélectionnés (Radiopetti et Appavin Meesai) dans la catégorie « Meilleur Premier Film », cet hommage rendu à Kamal Haasan en présence de la diaspora indienne est une formidable initiative qui représente beaucoup. Après cet énorme succès et la vague d’enthousiasme générée, on ne doute pas un seul instant que les organisateurs des Rencontres internationales de Cinéma de Patrimoine, renouvelleront leur confiance à l’équipe d’Étienne Dubaille.
Durant sa présence à Paris, Kamal Haasan a donné quelques interviews à des médias radiophonique, presse, web et télévisé. Nous avons sélectionné pour vous, son passage à la télévision dans l’emblématique matinale de France 2, Télématin, où il a été interrogé par la journaliste Marie Mamgioglou.