Yuva
Traduction : Jeunesse
Langue | Hindi |
Genres | Mélodrame / Romance, Film d’action |
Dir. Photo | Ravi K. Chandran |
Acteurs | Rani Mukherjee, Abhishek Bachchan, Ajay Devgan, Om Puri, Kareena Kapoor, Esha Deol, Vivek Oberoi, Sonu Sood |
Dir. Musical | A. R. Rahman |
Parolier | Mehboob Kotwal |
Chanteurs | A. R. Rahman, Adnan Sami, Madhushree, Karthik, Tanvi Shah, Lucky Ali, Sunitha Sarathy, Blaaze |
Producteur | Shekhar Kapur |
Durée | 161 mn |
Trois destins se croisent sur le célèbre pont de Calcutta…Lallan le délinquant, Mikaël le militant, Arjun l’insouciant. Trois histoires, trois façons de vivre sa jeunesse ( Yuva), que Mani Ratnam explore avec beaucoup de tendresse et un talent de conteur indéniable.
La construction du film est originale : on assiste à leur rencontre, puis arrêt sur image : le film revient alors sur la vie de Lallan, dont les derniers évènements se déroulent jusqu’à cette scène, apportant un premier éclairage. Nouvel arrêt sur image, et on revient de la même façon sur la vie de Mikaël, puis d’Arjun. Le puzzle étant reconstitué, le film continue alors de façon plus classique jusqu’au dénouement. Mais cette première partie donne trois points de vue différents sur l’histoire et on reste plus attaché à ces personnages en les ayant suivis individuellement.
Lallan (Abishek Bachchan) tout d’abord, brute épaisse et pourtant attendrissant lorsqu’il est avec son épouse Sashi (Rani Mukherjee), qui essaye avec tout son amour de le ramener à une vie normale et honnête. Mais Lallan semble avoir vendu son âme au politicien véreux dont il est l’homme de main, engagé pour décourager par la violence les étudiants de toute velléité de protestation. Le couple Abishek - Rani est tout particulièrement attachant et étonnant, l’un immense et l’autre minuscule, lui toujours prêt à frapper et elle qui lui tient tête sans jamais avoir peur. On admire son amour sans faille pour cet homme, et sa force de caractère qui l’amène à faire des choix sans jouer les victimes. Mani Ratnam a littéralement réinventé ces deux acteurs : Abishek Bachchan est méconnaissable dans ce rôle de méchant massif, aux antipodes des gentils garçons inhibés qu’il a souvent joués. Il exprime de tout son corps, de toute son attitude, de sa voix même, la violence qui l’habite. Une véritable performance qui devrait faire taire une fois pour toutes les doutes sur ses talents d’acteur. Rani est tout aussi difficile à reconnaître sans ses sourires de star, avec ses tenues banales et ses cheveux bien tirés dans un sage chignon…On remarque alors son petit visage triangulaire, son menton volontaire…et elle garde heureusement le franc-parler qui la caractérise. Elle incarne à merveille la femme du peuple qui vit dans un petit appartement sombre, avec une cour commune et des voisins très proches, qui répartit son temps entre les travaux ménagers et son mari, qui se bat pour vivre dignement.
Mikaël (Ajay Devgan) nous emmène dans un autre univers, plus spacieux, celui des intellectuels et des étudiants. Fils de militant, militant lui-même, il se bat contre le politicien véreux pour dénoncer la corruption et promouvoir une politique propre. Il place sa lutte avant tout le reste, mais sans sacrifier l’amour. Il forme avec Radhika (Esha Deol) professeur de français, un couple "progressiste", qui se place hors des liens du mariage, mais toujours dans l’engagement… C’est ce mot qui résume sans doute le plus le personnage de Mikaël, sans faille, sans peur, sans concession, notre messie moderne nous emmène dans les campagnes où il porte la bonne parole devant des assemblées toujours plus vastes, sur la place du marché ou sous un arbre centenaire… Mani Ratnam oppose ici la ville corrompue et les villages qui essaient de résister aux potentats locaux. Les scènes les plus émouvantes du film viennent sans doute de ces assemblées aux visages marqués, tendus vers l’espoir, résolus.
Arjun (Vivek Oberoi) est étudiant aussi, il vient de terminer l’université et attend son visa pour partir étudier aux USA. Il est l’insouciance même, occupant le plus clair de son temps à séduire la gente féminine. Jusqu’à ce qu’il rencontre Mira (Kareena Kapoor), et qu’ils tombent amoureux… mais la jeune fille doit partir pour se marier. Le couple Arjun - Mira est le plus "Bollywood" des trois. Ils vivent sur une autre planète que celle de Mikaël et Lallan, une planète factice, hors des réalités du monde, ils incarnent aussi une certaine jeunesse… Kareena Kapoor y est étonnante de simplicité, avec ses cheveux exubérants et libres, ses tenues vagues et douces, bien loin de "Poo" et de son nombril dénudé ! Elle forme avec Vivek un couple adolescent (même s’ils ont passé l’âge !), heureux de son immaturité et rafraîchissant.
Mira prend un taxi, Arjun veut la suivre et demande au premier motard venu (Mikaël) de l’aider. Il traversent le pont de Calcutta lorsqu’un homme (Lallan) tire sur Mikaël. Leur destin est maintenant lié, ils devront aller au bout de leur histoire commune, qui réserve encore bien des péripéties. Parmi celles-ci, les amateurs de dishunms y trouveront leur compte, notamment dans une scène de bagarre hallucinante où les adversaires se battent au milieu des voitures et des camions lancés à toute allure, toujours sur ce fameux pont. C’est d’ailleurs lors du tournage de cette scène que Vivek a été blessé.
Yuva est un film de qualité, agréable à regarder, le rythme est soutenu, les caractères attachants, les histoires intéressantes, l’image est travaillée, notamment au niveau des ambiances et des couleurs. Ces évocations de la jeunesse nous renvoient tous à un moment ou à un autre, à notre propre vécu. La musique accompagne particulièrement bien le film en lui insufflant tempo et bonne humeur. Car ce qui est le plus frappant dans ces six clips, c’est le bonheur, la liesse, la confiance qu’ils dégagent tous ! Comme si Mani Ratnam et A.R. Rahman voulaient nous faire passer un message : au-delà des événements et des difficultés de la vie, la force de la jeunesse réside dans la joie de vivre qu’elle ressent et qu’elle communique.
Parmi ces clips, très peu chorégraphiés, on retiendra notamment la très belle chanson Anjana Anjani, (Khuda Hafiz Sukrya Mehrbani) qui réunit pour quelques instants -trop courts- Kareena et Vivek sous un parapluie rouge, avec une voix féminine douce et reposante, loin des aigus habituels, celle de Sunata Sarathi. La chanson de Kabhi Neem Neem est particulièrement mélodieuse et Abhishek nous y invente un style de danse bien à lui, qui lui va franchement bien.
Dhakka Laga Bukka accompagne une marche étudiante, à mi-chemin entre le chant protestataire et l’ode à la jeunesse, et donne vraiment envie de les rejoindre.
Lisez aussi ici l’article sur la version tamoule Aayutha Ezhutu