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interview Hubert Laot - partie IV

Publié dimanche 19 juin 2005
Dernière modification mardi 28 juin 2005
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Par David Roussé (Meldon), Maguy

Dossier Auditorium du Musée Guimet
◀ Interview Hubert Laot - partie III

Est-ce que vous imaginez possible que l’auditorium mette en ligne sur Internet des extraits de vidéos, des galeries de photos pour présenter ce qui a été fait ?

Il faut surtout de gros moyens humains pour faire cela… Il faudrait des gens pour filmer, et moi, je ne peux pas mettre n’importe quelles images sur Internet ! Il faut en plus l’accord des artistes, ce qui n’est pas toujours évident. Après, il y a la question des droits d’auteurs… Et puis, www.museeguimet.fr, c’est surtout le site du musée Guimet ; l’auditorium y figure, mais cela reste avant tout le site du musée. N’oublions pas que nous sommes un auditorium au sein du musée. Nous ne sommes donc qu’une petite chose au sein du plus grand musée d’arts asiatiques en Occident !

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Vue de la salle Khmer du musée Guimet


Vous disiez que vous vous serviez beaucoup d’Internet pour faire vos recherches. Vous voyez donc de visu l’intérêt de ce médium. Est-ce que dans les pays d’Asie qui ne sont pas forcément à la pointe de la technologie, vous avez des contacts par Internet avec les artistes ?

Absolument. Je ne communique quasiment que par Internet avec eux. Là, je vais partir bientôt à Taiwan, par exemple, mais vraiment, mon outil de travail, c’est Internet, et je peux vous dire que même dans les pays asiatiques qui ne sont pas forcement très riches et développés, aujourd’hui, on travaille avec Internet ! De toute façon, je ne vois pas comment un artiste pourrait imaginer faire un spectacle en Europe s’il n’a pas Internet, ne serait-ce que pour échanger des photos pour les programmes. Quelquefois, on a besoin de CD, on a besoin d’un enregistrement parce qu’une radio demande un enregistrement. Vu le temps que le courrier met à venir d’Asie - quelquefois plusieurs mois ! - Il est hors de question qu’on puisse se passer d’Internet !

Depuis 2001, les débits ont augmenté de façon faramineuse ! Est-ce que cela vous a apporté quelque chose ? Passer de la simple boîte à lettre électronique à regarder des vidéos ?

Oui, cela m’a apporté énormément. Je parlais de choix en fonction des vidéos… Il y a un spectacle indien que j’ai choisi sur Internet récemment parce que j’avais un extrait vidéo.

Quel spectacle ?

C’est pour le mois de décembre, on a le temps. (rires)

Quand vous êtes arrivé ici, vous aviez une idée de la tâche qui vous attendait ? Vous vous êtes dit, c’est une aventure à tenter ?

J’ai passé ma vie à me lancer dans des aventures, donc c’était pour moi une aventure de plus… Je suis arrivé au Louvre, il n’y avait pas de service interne de formation professionnelle, donc j’y ai créé un service de formation ! Quand les gens à Aurillac ont voulu monter un festival, j’ai absolument voulu en être ! Quand j’ai connu le festival de Vesoul, j’ai eu l’idée d’y créer un prix Emile Guimet ! Si on ne crée pas quelque chose dans la vie, je ne sais pas ce qu’on fait là… (rires)

Donc cette rencontre avec l’Asie, ça a été quelque chose qui vous a marqué…

Oui, je suis définitivement marqué, c’est clair ! (rires)… J’aurais du mal à laisser tomber cette salle… Il y a tous les liens humains qui se sont créés autour, avec les gens de tous les pays d’Asie… Il y a des artistes qui ne sont passés qu’une fois ici et qui me rappellent encore trois ans après, pas forcément pour repasser ici, mais simplement pour donner de leurs nouvelles et garder contact.

Quand vous faites venir des artistes, vous vous occupez du transport, du logement, etc. ?

Non. Généralement, je compte sur des associations. C’est rare que je m’occupe moi-même des questions de logistique : hébergement ou nourriture. Sauf, effectivement, comme je le disais tout à l’heure, quand je suis à l’origine de la demande. Quand c’est une proposition extérieure, je m’arrange pour que les gens qui m’ont proposé le spectacle fassent le nécessaire pour l’organisation du séjour. En revanche, quand c’est moi qui fais venir un artiste que j’ai souvent longuement recherché, je lui dis : « Écoutez, vous téléphonez vous-même à un hôtel, vous voyez ce dont vous avez besoin, vous me dites combien ça coûte et on l’inclut dans le contrat ».

Vous êtes combien en fait à l’auditorium ?

Nous sommes quatre.

Quatre personnes pour gérer tout ?

Oui. Par comparaison au Louvre, par exemple, où il doit y avoir près de quarante personnes. C’est pour ça que je m’occupe de programmation, de gestion, de communication, que je déchire les tickets, etc. (rires)

C’est une équipe que vous avez découverte ici ? Des gens que vous avez amenés avec vous ?

En dehors de moi, l’équipe est composée de Marc qui était l’administrateur de l’auditorium du musée d’Orsay et qui a choisi de me rejoindre, Véronique qui, elle, vient du monde du cinéma où elle a notamment été décoratrice et que les bizarreries de la vie ont conduit à se retrouver agent de surveillance au musée, et Jean-Claude qui fait office de technicien projectionniste, éclairagiste, ingénieur du son, etc., qui était à l’origine projectionniste au Grand Palais.

C’est une équipe assez hétéroclite.

Tout à fait. Je l’avais déjà vu au Louvre, il faut puiser dans les compétences de chacun. J’ai connu des agents au Louvre, ces personnes que l’on nomme des gardiens de musée, qui avaient des doctorats, donnaient des cours à l’université, etc. C’est incroyable le nombre de gens qui ont des parcours exceptionnels.

C’est vraiment un milieu de passionnés.

C’est aussi ce qui fait la richesse du ministère de la Culture. Les gens qui ont été recrutés en tant que fonctionnaires ont choisi de rentrer au ministère de la Culture. Même si on passe un concours pour devenir agent de surveillance ou agent administratif, si l’on choisit ce ministère, c’est généralement qu’on est passionné. Au ministère des Finances, c’est peut-être moins vrai.

Les spectacles doivent y être moins intéressants… (rires)

Ah, ça dépend du ministre en place. (rires)

Hubert Laot dans le jardin japonais du Panthéon Bouddhique

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