36 China Town
Langue | Hindi |
Genre | Polar |
Dir. Photo | Ravi Yadav |
Acteurs | Paresh Rawal, Kareena Kapoor, Akshaye Khanna, Shahid Kapoor, Johnny Lever |
Dir. Musical | Himesh Reshammiya |
Parolier | Sameer |
Chanteurs | Sunidhi Chauhan, KK, Alka Yagnik, Shaan, Himesh Reshammiya, Kunal Ganjawala |
Producteur | Subhash Ghai |
Durée | 135 mn |
La propriétaire de casino Sonia Chang (Isha Koppikar), ayant perdu son petit garçon Vicky, promet une récompense de deux millions et demis de roupies à qui aura de ses nouvelles. Priya (Kareena Kapoor) est la première personne à le retrouver. Elle ne tarde pas à croiser la route de Raj Malhotra (Shahid Kapoor), un acteur raté qui ne va plus la quitter dans l’espoir de toucher une partie de la prime. Cependant, lorsqu’ils ramènent Vicky chez lui, ils trouvent le corps inerte de sa mère, assassinée ! L’inspecteur Karan est alors chargé de l’enquête, et s’intéresse, outre à Priya et à Raj, à plusieurs suspects hauts en couleur (dont Johny Lever, Upen Patel, Paresh Rawal, Payal Rohatgi). Tous ont du mal à lui exposer un alibi convaincant…
36 China Town, ou un bon divertissement potentiel de plus des jumeaux les plus célèbres du cinéma hindi, Abbas-Mustan. Comme pour leurs derniers suspenses, Naqaab et Race, nos copieurs préférés de Bollywood, par mesure de sûreté, ont préféré faire le remake d’un film (américain, certes) pas trop connu, apparemment l’obscur Banco Pour Un Crime (Once Upon A Crime) de 1992. Il en résulte un film plus personnel, voire encore plus farfelu que leurs précédents, moins calibré, hommage maladroit mais distrayant aux films noirs d’Hollywood, le titre étant clairement une référence au polar Chinatown de Polanski avec Jack Nicholson.
Mais attention, ils restent fidèles à eux-mêmes en nous proposant une version très masala de ce type de film, avec des scènes de comédie romantique entre deux héros qui se chamaillent (les énergiques Shahid Kapoor et Kareena Kapoor), des seconds rôles comiques (les très amusants Paresh Rawal et Johny Lever), un bellâtre musclé qui montre son torse à chaque occasion (Upen Patel, mannequin débutant au cinéma qui ne cabotine pas de façon insupportable), de délicieuses guest-stars (Payal Rohatgi et Priyanka Chopra, qui fait une brève apparition finale) et des chansons entraînantes…
A propos des clips, le titre étrange du film, qui désigne l’adresse où l’on retrouve le cadavre de la victime, est le prétexte pour les réalisateurs à plusieurs chansons dans lesquelles les personnages exécutent des chorégraphies de danse dans une ambiance exotique de pagodes peintes et de dragons cracheurs de flammes. Les chansons sont de qualité et assez jubilatoires, si bien qu’on peut être assez indulgent avec le fait que trois d’entre elles cassent le rythme de la narration de la première demi-heure du film. D’ailleurs, comme c’est la convention dans certains films de genre bollywoodiens de type "polar", l’avantage de se débarrasser vite de quelques-uns des passages musicaux obligatoires dans la première moitié du métrage, qui constitue sans surprise une longue introduction, nous permet de mieux nous concentrer sur le scénario et les rebondissements dans la seconde partie.
Si l’on met donc de côté les éléments masala qui parasitent le suspense, le film réussit à bien digérer et à agencer entre eux les divers ingrédients du polar à l’ancienne : meurtre énigmatique, détective privé au flegme britannique interprété par le très bon Akshaye Khanna, casting de vedettes suspectes dans le style des adaptations cinématographiques des romans d’Agatha Christie… De nombreux éléments concourent ainsi à faire de ce film, malgré ses défauts, un beau petit hommage des réalisateurs au film noir et au roman noir classique.
Au final, on a droit à un petit murder mystery choral à l’anglo-saxonne, proche du all-star cast glamour grâce à sa belle distribution, bien que 36 China Town soit clairement inférieur à des références du masala à rebondissements hindi comme les meilleurs d’Abbas-Mustan (Baazigar, Humraaz) ou un vieux film comme le sympathique Jewel Thief de Vijay Anand. Ici, le film noir est mâtiné de comédie policière bon enfant, mais cette série B reste tout de même, à sa manière, l’un des films les plus atypiques du duo de réalisateurs, ainsi que d’Akshaye Khanna, l’un de leurs comédiens fétiches ; ce dernier est en effet tout à fait réjouissant en clone indien pince-sans-rire d’Hercule Poirot ou de Frank Drebin (le héros des Y a-t-il un flic…) lorsqu’il réunit au cours du dénouement tous les suspects pour procéder aux révélations finales… qui se révèlent justement plutôt surprenantes et peu prévisibles. Un bon petit coup de théâtre en guise de conclusion, voilà la meilleure preuve qu’un film à rebondissements est plutôt réussi.