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Aankhen

Traduction : Les yeux

Bande originale

Amitabh Solilogi
Gustakhiyan
Kuchh Kasme
Theme Music [Aankhen]
Phatela Jeb
Chalka Chalka
Nazron Ne Teri
All The Best [Aankhen]

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 20 décembre 2011

Note :
(7/10)

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Vijay Singh Rajpul (Amitabh Bachchan) travaille dans une banque depuis de longues années. A la suite d’un excès de zèle où il en vient aux mains avec un employé malhonnête, il est licencié. Pour se venger, il décide alors de dévaliser la banque même où il travaillait, dont il connaît parfaitement le système de sécurité. Pour cela, cet homme perfectionniste a un plan bien précis : il enlève le petit frère de Neha (Sushmita Sen) et la force à user de ses compétences professionnelles pour faire subir un entraînement intensif à trois aveugles (Akshay Kumar, Arjun Rampal et Paresh Rawal), qui devront commettre eux-mêmes le hold-up…

Fait rare dans le Bollywood contemporain, Aankhen est tiré d’une pièce de théâtre. Cette information n’étonne guère, vu l’originalité et la qualité du scénario, peut-être l’un des meilleurs qu’on ait vu dans le cinéma hindi de ces dernières décennies, sans exagérer. Outre la nécessité de clarté des détails de la préparation du "casse" et celle de ménager les rebondissements de façon crédible, deux besoins propres au genre relativement exigeant scénaristiquement du film de hold-up, le jeune réalisateur Vipul Shah, qui signe ici son premier film, a le courage de centrer l’histoire sur trois aveugles, une idée a priori suicidaire commercialement parlant par rapport à l’accueil réservé par les spectateurs assez conservateurs des masala hindis de l’époque. Même si l’on peut se demander pourquoi le divertissant forfait ne pouvait vraiment pas être commis par des personnes non-aveugles, force est de constater que les scènes d’entraînement des trois compères, qui constituent la première partie du film (la seconde mettant en scène le hold-up et ses conséquences), sont assez jubilatoires, Akshay, Arjun et surtout Paresh, acteur comique de talent trop souvent gaspillé dans des séries Z, se révélant tout à fait complémentaires.

La belle Bengalie Sushmita Sen est charmante et a déjà de la présence à l’écran, on croise même le jeune Shreyas Talpade (plus tard comédien porte-bonheur du cinéaste Nagesh Kukunoor avec Dor, et surtout le très beau Iqbal) mais, venons-en tout de même à l’atout principal d’Aankhen, c’est avant tout Amitabh Bachchan qui, à près de soixante ans, surprend dans son contre-emploi de maniaque du détail et du contrôle, un homme honnête à l’origine mais que l’amertume et le caractère irascible ont fait complètement péter les plombs. De plus, ce personnage de méchant n’est pas seulement un gros second rôle (en matière de temps à l’écran consacré au comédien), emploi auquel était habitué un acteur indien légendaire comme Amrish Puri, mais il partage véritablement la vedette avec le trio d’aveugles, surveillant le bon déroulement de l’entreprise. Cela dit, entendons-nous bien, ce n’est pas non plus l’un des rôles les plus profonds d’Amitabh (pour cela, mieux vaut le revoir dans son film de jeunesse Anand de Hrishikesh Mukherjee par exemple), ni l’une de ses plus grandes prestations (il est plus impressionnant en vieux policier dans Khakee, en éducateur spartiate alcoolique dans la première partie de Black, en enfant atteint de progéria dans Paa…), mais c’est à coup sûr un choix de carrière risqué comme il en fait régulièrement. Il avait d’ailleurs déjà interprété, l’année précédente, un protagoniste négatif dans le fascinant Aks qui était encore plus tourmenté et inquiétant que celui d’Aankhen, mais Aks avait un scénario moins étoffé qui servait moins le grand acteur, et surtout des problèmes de rythme.

Rien de cela ici, les chansons agréables et peu nombreuses étant bien intégrées à l’ensemble… Bon film de genre bien mené, Aankhen fut ainsi un succès mérité au box-office indien, et les droits ont même été achetés par Hollywood en vue d’un remake (qu’on attend toujours), tout comme par la suite ceux des films hindis Munnabhai MBBS et Lahore (dont on "redoute" aussi toujours les éventuelles versions américaines). Tout en étant loin d’égaler dans sa rigueur les meilleurs films de hold-up américains comme L’Ultime Razzia de Kubrick, ni même une réussite comme le plus récent Braquage A L’Italienne, Aankhen est une solide série B bollywoodienne, quasiment digne des réalisations d’un spécialiste de ce type de film viril comme le cinéaste Rajkumar Santoshi ; on peut même parler d’une petite référence du film de hold-up et de genre à Bollywood, une référence d’autant plus mémorable qu’Amitabh Bachchan y trouve l’un des rôles les plus atypiques de sa carrière. Le réalisateur Vipul Shah signera par la suite d’autres succès avec Akshay Kumar, Waqt : The Race Against Time, où il reprend aussi Amitabh dans un rôle plus classique, et Namastey London, des divertissements "mélodramatico-romantiques" encore plus maîtrisés, mais dans lesquels il abandonne malheureusement le goût des sujets originaux dont il avait fait preuve avec ce film, qui restera vraiment la perle rare de sa filmographie, un suspense efficace très différent des masala romantiques plus connus du cinéma hindi.

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