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Aegan

(un des noms de Shiva)

Bande originale

Hey Salaa
Yahoo Yahoo
Hey Baby [Aegan]
Odum Varayil
Kichu Kichu
Hey Salaa 2

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent, Kendra - le 25 mai 2009

Note :
(5/10)

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Shiva (Ajith), l’officier le plus intraitable des forces spéciales indiennes, est un habitué des missions dangereuses. Pourtant, celle qu’on lui confie à présent sort de l’ordinaire : en se faisant passer pour un étudiant, il est chargé d’infiltrer un établissement scolaire pour protéger la fille de son supérieur, menacée par un gangster…

L’avis de Laurent :

Un an après Billa 07, remake du film hindi Don, Ajith retrouve l’actrice Nayantara pour la version tamoule d’un autre succès de Shah Rukh Khan, Main Hoon Na, qu’on peut d’ores et déjà considérer comme un grand classique de Bollywood. Quant un film original est d’une telle qualité, il est toujours peu aisé de l’égaler, voire d’en tirer quelque chose qui tienne la route ; pourtant, Aegan est une solide première réalisation pour Raju Sundaram, connu à l’origine comme chorégraphe (tout comme Farah Khan ou, pour rester dans le sud, Prabhu Deva, devenu un cinéaste de grand talent), qui a filmé et monté tout ça comme un gigantesque clip où il se fait visiblement plaisir. Sans prendre de risque, il a su choisir un scénario de masala copieux proche de ce qu’apprécie le public tamoul, alternant romance et action. C’est d’ailleurs dans ce dernier domaine que le film se rapproche le plus de l’original, avec entre autres plusieurs bastons efficaces exécutées par le très physique Ajith, bien que l’abus de ralentis soit maladroit et que, dans le duel final avec le héros, le méchant barbu vieillissant n’échappe pas au ridicule.

Quant aux scènes de comédie, si elles sont beaucoup moins drôles que dans Main Hoon Na, en raison d’un Ajith un peu raide et surtout d’un proviseur beaucoup plus banal que le cabot délirant qu’incarnait Boman Irani dans l’original, elles sont tout de même distrayantes, peu hystériques et, chose pas si fréquente que ça, plutôt bien intégrées à la narration, aidées, certes, par la grande élasticité des conventions de vraisemblance du cinéma commercial indien, qui rendent presque crédibles les accès romantiques exaltés d’Ajith, pourtant présenté au début comme un bagarreur autrement plus coriace que SRK.

Un autre atout important de ce film commercial est sa bande originale réussie, que ce soit pour la musique extradiégétique, notamment le jubilatoire thème récurrent qui souligne chaque victoire héroïque de l’Ultimate Star, ou pour les chansons très entraînantes, dont un morceau cool jazz romantique très atypique, qui a apparemment bénéficié du talent d’un authentique batteur de jazz.

Inférieur sur tous les plans à l’excellentissime Main Hoon Na, qui était plus spectaculaire et possédait plus d’ampleur, Aegan n’en reste pas moins un bon masala musclé sans temps mort, avec une star charismatique, des chansons soignées, des passages de comédie qui fonctionnent à peu près et de nombreuses scènes d’action. On pourrait à la rigueur reprocher au réalisateur son scénario mollement recyclé ou sa mise en scène très impersonnelle qui se veut moderne, mais ce nouveau tâcheron de l’industrie est un bon technicien et, se démarquant légèrement du très urbain Billa 07, le précédent film d’Ajith, il a su trousser un divertissement hyper-commercial encore meilleur, moins froid et plus décontracté. Remake plutôt réussi dans l’absolu donc, ce qui n’est pas si évident que ça (dans le genre remake tamoul d’un film hindi à succès, Vasool Raja M.B.B.S. était un relatif ratage par exemple).

Note de Laurent : 7/10

L’avis de Kendra :

A la lecture de l’avis de mon camarade Laurent, une constatation s’impose : nous partons de postulats opposés. S’il a aimé Main Hoon Na, pour moi c’est l’un des films les plus surévalués des années 2000, à la rigueur regardable une fois (piégé par des amis qui ne vous veulent pas que du bien) mais pas plus.
Et si MHN s’apparente à une torture psychologique, je vous laisse gentiment imaginer ce que vaut Aegan.

Soyons polis, commençons par les dames. Piya Bajpai hérite du rôle de la jeune fille à protéger mais fait preuve d’une réelle capacité à être transparente, notamment dans sa relation avec Navdeep. Le second rôle féminin a été offert à Nayantara. L’engouement soudain pour cette jeune fille certes fort charmante, mais aussi expressive qu’une nouille froide incapable d’aligner deux pas de danse, est dû au port d’un bikini dans Billa et… c’est tout. Autant dire qu’elle ne fait rien de son personnage si ce n’est des moues rapidement énervantes.

Rarement Ajith aura été aussi mauvais que dans cette pâle copie d’un masala fouilli et approximatif. On peut ne pas apprécier l’acteur, l’homme, le danseur, le coureur automobile ou que sais-je, mais il a eu à une époque pas si lointaine le flair et le talent de jouer dans de bons voire très bons films. Si sa prestation froide et monolithique a pu marcher dans Billa, c’est parce que ces traits de caractère collaient au rôle du tueur, mais il est inadmissible d’essayer de nous refaire la même chose dans deux films d’affilée pour deux personnages opposés. Quoi, Ajith aurait donc l’ambition inavouée de marcher sur les traces de Vijay et ses remakes de remakes et multiples mêmes rôles de bouse en bouse ?
Thalai, comme ses fans l’appellent, est monoexpressif pendant les plus de deux heures du film, faisant passer à peu près n’importe qui à ses côtés pour Bozo le clown venu distraire les petits n’enfants, Navdeep en tête. Quel gâchis pour ce jeune acteur telugu qui a déjà montré de quoi il était capable dans Arindhum Ariyamalum par exemple, réduit ici à jouer les faire-valoir de l’Ultimate Star.
D’ailleurs, rarement un film auto-centré sur l’une des grandes stars du cinéma tamoul aura autant poussé l’adoration de son acteur principal au point d’en faire presque un film de propagande pro-Ajith. Il est le plus beau, le plus fort, le plus sympa, le plus moral, le plus méchant aussi, le plus protecteur, le plus cool… et tiens, si on disait tout ça dans une chanson à la gloire du monsieur ?

Pour en finir avec Ajith, s’il n’a jamais été un Prabhu Deva (petit frère de Raju Sundaram soit dit en passant), il a toujours su plutôt bien danser, notamment dans le registre traditionnel, c’est donc avec étonnement que depuis quelques films on le trouve absent dans les chorégraphies, et dans Aegan, on ne peut que le qualifier de mauvais. Cela en devient même embarrassant de le regarder tenter des pas qui ne sont ni de son âge, ni de son style. C’est un peu comme voir son père débarquer au milieu d’une soirée tranquille entre potes et se déchaîner sur de la tektonik : terrifiant et pouvant mener à une décennie de psychothérapie…

On devrait vérifier dans les archives s’il n’y a pas eu en 2008 une effroyable épidémie de je ne sais quelle grippe à Chennai, qui pourrait peut-être expliquer que tous les gens impliqués dans ce film ont lamentablement échoué à faire quelque chose de correct. Le réalisateur est allé chercher ses idées un peu partout, mais surtout dans le précédent film d’Ajith, pensant qu’avec les deux mêmes têtes d’affiche, le succès serait assuré. Sans oublier qu’il a également pioché dans la bible des réalisateurs du sud pour nous concocter un vilain pas beau avec perruque ET fausse barbe teinte. Du grand art.
Le département costumes a visiblement souffert d’un mal étrange également. Qui a laissé porter ces effroyables polos rayés à Ajith, ces mitaines de cuir immondes et ces bérets à Navdeep, ces mini-jupes léopard bordées de fourrure à Nayantara ? Crime évident à l’encontre du bon goût.
Enfin, que dire de la musique d’Aegan, si ce n’est qu’elle est consternante de médiocrité, nous montrant un Yuvan Shankar Raja à terre (et l’on ne devrait jamais frapper un homme à terre).

Aegan pèche principalement là où MHN trouvait son souffle, un certain second degré, car avouons-le, ce film tamoul se prend bien trop au sérieux. Au lieu de perdre ces deux heures et demie, et si vous voulez voir un bon film avec Ajith, portez plutôt votre choix sur Valee, Aasai, Kandukondain Kandukondain ou Varalaru et oubliez vite qu’il a joué dans ce navet.

Note de Kendra : 3/10 pour le papier et l’encre

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