Amal
Langues | Hindi, Anglais |
Genre | Drame |
Dir. Photo | Mitchell Ness |
Acteurs | Naseeruddin Shah, Koel Purie, Seema Biswas, Tannishtha Chatterjee, Rupinder Nagra |
Dir. Musical | Dr Shiva, Gurpreet Singh Chana |
Parolier | Rosina Kazi ’Lal’ |
Chanteurs | Gurpreet Chana, Rosina Kazi ’Lal’ |
Producteurs | David Miller, Steven N. Bray |
Durée | 101 mn |
Amal (Rupinder Nagra) est conducteur de rickshaw à Delhi. A sa mort, son père lui a légué sa machine, son goût de l’effort et sa philosophie de la vie. Amal vit avec sa mère en gagnant chichement son pain. Elle aimerait bien qu’il travaille à la poste et se marie car, avec l’arrivée du métro, elle craint pour son avenir. Lui, essaie de respecter la promesse faite à son père de prendre soin du rickshaw. Il a quelques clients fidèles parmi lesquels un riche bourgeois dont il conduit tous les jours les enfants à l’école et une vendeuse d’eau, Pooja (Koel Purie), qu’il transporte pour aller chercher ses bouteilles et dont il est secrètement amoureux.
Un jour il charge un vieillard bougon et radin (Naseeruddin Shah) qui traîne dans la ville en prenant des notes. Il s’agit en fait de G.K. Jayaram, un millionnaire.
Celui-ci, impressionné par le comportement d’Amal, lui lègue sa fortune sans le prévenir. Après la mort du millionnaire, s’engage une course contre la montre pour retrouver Amal pour le jour de l’ouverture du testament. Les héritiers font tout pour faire échouer la recherche. Pendant qu’on le cherche, Amal voit sa vie bouleversée par un accident de la circulation dans lequel une fillette est blessée.
Il n’est pas facile de résumer cette histoire pour plusieurs raisons. Le fil est vraiment ténu et on a vite fait de trop en dire. Et ce serait dommage de faire perdre leur fraîcheur aux péripéties du scénario. Ensuite l’histoire n’a pas tant d’importance. Ce sont les personnages, leurs réactions, leur comportement et leur philosophie de la vie qui sont les plus intéressants. Et au premier chef, Amal.
Le film se déguste comme on le ferait avec un thé. Calmement, par petites gorgées, en tête-à-tête avec soi-même, dans une sorte d’isolement paresseux. La galerie de personnages est limitée et on y trouve un assortiment plutôt classique. Des personnages en réalité pas très fouillés car l’œil du réalisateur est surtout braqué sur Amal. Pour les autres, seuls les traits nécessaires à l’histoire sont présentés. Comme s’ils n’étaient là que pour le décor et, en définitive, sans véritable importance. On suit Amal et ce qui l’entoure semble repoussé dans un autre plan de profondeur de champ.
Cette production canadienne se passe intégralement à Delhi. Ceux qui connaissent un peu la ville retrouveront son ambiance, son bruit et l’activité qui y règne (il ne manque que les odeurs). La photo est parfaitement réaliste sans pencher vers le misérabilisme racoleur ou esthétique comme on le voit parfois. Richie Mehta, le réalisateur canadien d’origine indienne, nous montre la crasse et la misère qui règnent dans certains quartiers mais on ne s’attarde jamais de façon malsaine sur tel ou tel détail sordide. Il ne cherche pas à choquer, ni à attendrir, ni à faire pitié. Bref, rien de spectaculaire. Au contraire. On a là un beau travail de transposition de la réalité à l’écran, exercice très difficile, qui demande beaucoup d’équilibre et qui n’est donc pas si fréquent.
Le personnage central d’Amal est remarquablement interprété par Rupinder Nagra. Sa retenue et son fatalisme sont tout en nuances. Ceux qui ont vu Rock On !! retrouveront un peu du personnage d’Arjun Rampal. Un personnage à l’abri dans son monde, qui suit sa route en restant fidèle à ses convictions.
On suit l’aventure d’Amal en se demandant comment ça va finir et on finit par s’attacher à cet homme humble et digne à tel point qu’on l’envierait presque, comme le fait Naseeruddin Shah lui-même. Une fois encore ce sentiment est très bien transmis par le réalisateur. Certains diront peut-être qu’on offre là une vision lénifiante de la pauvreté. On peut effectivement voir ce film comme une sorte de propagande destinée à conforter le modèle social traditionnel indien. C’est possible. Mais ce qui est vrai, c’est que le personnage d’Amal est un homme heureux.
Le film est court (1h43). Il y a peu de musique et le ton est à mi-chemin entre le téléfilm et le reportage.
L’histoire a été écrite par Richie Mehta et son frère Shaun Mehta (à ma connaissance, rien à voir avec Deepa Mehta) d’après une histoire vraie. Elle a d’abord été tournée sous forme de court-métrage, en 2004, puis reprise (avec le même acteur dans le rôle d’Amal) en 2007 pour ce long-métrage et avec une équipe technique indienne et canadienne. Cette mixité explique peut-être la facilité avec laquelle il nous est possible de nous glisser dans l’histoire.
Décidément, après Deepa Mehta et son Videsh - Heaven on Earth, les réalisateurs exilés d’origine indienne nous offrent de bien bons moments.
Le film a récolté plusieurs récompenses dont la meilleure histoire (San Francisco International Asian American Film Festival 2008), le meilleur acteur pour Rupinder Nagra (Whistler Film Festival 2007) et la meilleure musique pour Dr Shiva (Genie Awards 2009).
Le film a été tourné en anglais, pour la partie "à la recherche d’Amal", celle dans laquelle la bourgeoisie indienne est décrite, et en hindi pour la partie "vie d’Amal" qui parle du personnage principal et ses proches. Sur le DVD, seules les parties en hindi sont sous-titrées et il y a donc de longs passages sans sous-titres, ce qui peut nuire à la compréhension. La qualité de l’image est correcte.
Même si Amal n’est pas exceptionnel, essayez quand même de visionner ce film délicat. Le réalisateur dit que son idée était de montrer que, "parfois, les plus pauvres sont les plus riches". Le message n’est certes pas très original mais le sujet est traité avec tellement d’humanité et de tendresse qu’on y est facilement sensible. Amal est un joli film, moralisateur sans ostentation mais surtout simple et attachant.