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Bhaag Milkha Bhaag !

Traduction : Cours, Milkha, cours !

Bande originale

Gurbani
Zinda [Bhaag Milkha Bhaag !]
Mera Yaar
Maston Ka Jhund
Bhaag Milkha Bhaag
Slow Motion Angreza
O Rangrez
Bhaag Milkha Bhaag (Rock Version)

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La critique de Fantastikindia

Par Didi - le 7 janvier 2014

Note :
(8/10)

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Jeux olympiques de Rome, 1960, 400 m, Milkha Singh, l’athlète indien, est en tête des coureurs. Quelques mètres seulement le séparent de la victoire. Alors qu’il passe à hauteur de son entraîneur, celui-ci lui crie : "Bhaag, Milkha, bhaag !" (cours, Milkha, cours !). Las, ces encouragements ont l’effet inverse et Milkha, assailli par une foule de souvenirs, se laisse distancer et arrive quatrième. En effet, "Bhaag, Milkha, bhaag !" sont les dernières paroles que le jeune Milkha, alors enfant, avaient entendues de son père peu avant qu’il ne se fasse massacrer, ainsi que toute sa famille, dans le village du Punjab de l’ex-Inde britannique, devenu Pakistan par l’effet de la Partition. Nous sommes alors en 1947 et le jeune Milkha, âgé d’une douzaine d’années, se retrouve orphelin et vivotant dans un village de réfugiés, de l’autre côté de la frontière, courant pour échapper aux brimades de garçons plus vieux que lui ou à la police lorsqu’il commet quelque larcin. Quelques années plus tard, Milkha a grandi. Pour démontrer à sa voisine qu’il est un homme bien, il s’engage dans l’armée. C’est là que son talent de coureur est découvert. Milkha va alors courir pour réaliser ses rêves : porter le blazer de l’équipe indienne, battre le record du monde, avoir un jour férié pour célébrer une de ses victoires. Courir, surtout pour échapper aux démons du passé qui reviennent sans cesse le hanter…

Avec Bhaag Milkha Bhaag !, le réalisateur de Rang de Basanti, Rakeysh Omprakash Mehra nous revient avec un opus du même calibre et grâce auquel on peut lui pardonner la déception de Delhi-6. En effet, il réussit à éviter l’obstacle biopic, qui permet peu d’originalité et peut s’avérer vite ennuyeux, pour livrer un film épique où le destin du coureur Milkha Singh se mêle à celui de la jeune nation indienne. Il y parvient d’ailleurs bien mieux que Deepa Mehta dans son Midnight’s Children dont c’est pourtant le sujet.

Je tiens aussi à dire, dès à présent, que la similitude entre le titre de ce film et la célèbre réplique de Forrest Gump n’est que pure coïncidence. Les deux personnages sont exhortés à courir et le font d’ailleurs très bien, mais toute ressemblance s’arrête là. Milkha Singh n’est pas naïf comme Forrest Gump et n’a donc pas, comme lui, ce détachement innocent par rapport à l’Histoire. L’Histoire, en particulier l’acte fondateur de la Partition qui a donné naissance à deux nations, à la fois sœurs et ennemies, a meurtri Milkha, fait de lui un orphelin déraciné qui court pour survivre, dans tous les sens du terme.

La narration alterne la progression du récit de la brillante carrière de Milkha Singh avec des flashbacks renvoyant à son enfance, à tout jamais marquée par la Partition, laquelle est irrémédiablement associée au massacre de sa famille. L’horreur est bien là, parfois suggérée, parfois cruellement montrée. C’est cette alternance bien menée qui suscite l’émotion. Sans trop vouloir en dévoiler, j’évoquerai juste une scène magnifique, celle où Milkha adulte court, lors d’une compétition fondamentale pour sa carrière et pour l’Inde, aux côtés de l’ombre de celui qu’il était enfant. On y voit l’image d’un homme heureux, parce qu’il vient de gagner, mais surtout parce qu’il s’est réconcilié avec son douloureux passé. Cette scène délivre en langage métaphorique le principal message du film : une nation ne peut aller de l’avant si elle traîne comme un boulet les blessures et les démons du passé.

Farhan Akhtar porte magistralement le film sur ses épaules. Son travail corporel pour ressembler à et interpréter cet athlète de haut niveau, allié à sa finesse d’interprétation font merveille. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, je pense en particulier à Prakash Raj qui délaisse les gangsters pour interpréter un instructeur sadique qui n’a rien à envier à celui de Full metal jacket.

Dans ce monde d’hommes — l’armée, le sport —, les femmes n’ont qu’un rôle secondaire. On retrouve Divya Dutta, l’inoubliable Shaboo de Veer-Zaara, composant une sœur maternelle et émouvante à souhait. Sonam Kapoor fait aussi une brève apparition ne lui laissant pas le temps de nous agacer avec sa voix de crécelle.

La musique du trio Shankar-Ehsaan-Loy, fortement marquée par les sonorités punjabies — beaucoup de bhangra pour célébrer les victoires du sikh volant —, accompagne bien le film, ne cassant pas son rythme. Malheureusement, elle ne reste pas en tête après le visionnage.

Finalement, je ne trouverai qu’une seule faiblesse à ce film : l’aventure extra-sportive australienne qui allonge inutilement le métrage et n’apporte pas grand chose si ce n’est un alibi à la défaite de Milkha aux Jeux Olympiques de Melbourne, défaite que l’on aurait pu expliquer autrement d’un point de vue scénaristique. Mais voilà, j’ai l’impression que Rakeysh Omprakash Mehra aime bien attribuer des conquêtes étrangères à ses personnages masculins (il l’avait déjà fait dans Rang de Basanti, rappelez-vous Aamir et l’Anglaise). En dépit de ce reproche, Bhaag Milkha Bhaag ! est un film émouvant qui mérite le détour même si l’on est pas spécialement amateur de films de sport ou de biopics.


Bande-annonce

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