Veer-Zaara
Langue | Hindi |
Genre | Mélodrame / Romance |
Dir. Photo | Anil Mehta |
Acteurs | Amitabh Bachchan, Shah Rukh Khan, Rani Mukherjee, Preity Zinta, Hema Malini, Anupam Kher, Boman Irani, Manoj Bajpai, Kiron Kher, Divya Dutta |
Dir. Musical | Madan Mohan |
Parolier | Javed Akhtar |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Udit Narayan, Sonu Nigam, Gurdas Mann, Jagjit Singh, Roop Kumar Rathod, Pritha Majumdar, Ahmed Hussain, Javed Hussain, Mohammed Hussain, Mohammed Vakil |
Producteurs | Aditya Chopra, Yash Chopra |
Durée | 192 mn |
Dans un cachot gris, un homme hirsute est emmuré depuis 22 ans dans son chagrin et son silence. Le numéro 786 (Shah Rukh Khan) semble avoir perdu goût à la vie. Pourquoi est-il là ? Il faudra toute la détermination d’une jeune avocate, Saamiya Siddiqui (Rani Mukherjee), pour qu’il se livre enfin…et qu’elle puisse essayer de le délivrer.
Voilà 22 ans, un jeune homme et une jeune fille sont tombés amoureux l’un de l’autre. Seulement, elle était déjà fiancée. Seulement, lui était Indien et elle Pakistanaise.
Et ce qui aurait pu n’être qu’une histoire d’amour difficile, a été broyé par l’histoire de ces deux pays, frères ennemis.
Pourtant l’histoire commençait bien, Zaara Hayat Khan (Preity Zinta), enfant gâtée d’une grande famille pakistanaise (et musulmane) mais élevée par une nourrice née en Inde (et sikh), venait en Inde pour disperser les cendres de cette nourrice dans un lieu sacré. Veer Pratap Singh (Shah Rukh Khan), militaire indien, sikh lui aussi, s’était proposé de l’accompagner pour veiller à sa sécurité. Le prêtre avait fait montre d’une grande bienveillance envers elle, de même que les parents de Veer qui l’auraient volontiers accueillie comme belle-fille.
Mais Veer et Zaara allaient transgresser les plus forts des interdits, elle en montrant publiquement son amour pour un autre homme que celui choisi par son père. Lui, en foulant le sol pakistanais pour venir au secours de la femme qu’il aimait.
Il y avait un prix à payer pour ces audaces.
Avec Veer Zaara, les Chopra, Yash (réalisateur et producteur) et Aditya (scénariste et dialoguiste), signent une œuvre à la fois personnelle et traditionnelle, qui ressemble à un testament du patriarche de Bollywood. Yash Chopra le dit lui-même : "ceci est ma contribution à l’unicité des peuples des deux côtés de la frontière".
L’Inde et le Pakistan se haïssent depuis leur indépendance et ont détruit à cause de cela des milliers de vie, alors que leur peuple est le même d’un côté et de l’autre de la frontière, alors que les mères y transmettent les mêmes valeurs à leurs enfants, alors que chacun reconnaît son pays dans celui de l’autre. En contrepoison de la haine s’impose l’amour, celui qui renverse les montagnes, celui que rien ne peut détruire, ni le doute, ni le temps, ni les hommes.
Ce n’est sans doute pas un hasard si le rôle masculin de Veer, Indien sikh, est interprété par l’acteur Shah Rukh Khan, musulman originaire de Peshawar au Pakistan. On peut saluer sa performance, car il parvient à symboliser la confiance et la force de l’humanité du début à la fin du film, tout en incarnant aussi le prisonnier vieillissant sans espoir, rhumatisant, aux cheveux gris : il est méconnaissable… Preity Zinta est une Zaara très crédible, effarée par ses propres sentiments, digne devant ses devoirs filiaux, sobre dans le désespoir. Rani Mukherjee apporte une certaine combativité salutaire, celle de la justice et des droits de l’homme, représentant une nouvelle génération qui se bat pour réaliser ses rêves et n’a pas envie de perpétuer la haine.
Le scénario est bien construit, malgré une première partie un peu lente qui accumule les scènes romantiques et les promenades champêtres (jolie balade dans une Inde aux couleurs délibérément forcées, verte et rouge, avec Aisa des hai mera).
L’action prend une tournure franchement sympathique dans le village natal de Veer, soutenue par ses parents Amitabh Bachchan et Hema Malini, illustrée notamment par une chorégraphie de groupe autour d’une fête de village, Lodi, et des acteurs en grande forme. Les sentiments des héros se révèlent avec Do Pal et Main Yahaan Hoon. La tragédie se noue autour d’un ghazal poignant, Aaya Tere Dar Par. Enfin elle se dénoue en douceur sur Tere liye (Award des meilleures paroles de chanson), avec des effets de morphing des personnages fort réussis.
Les chansons portent véritablement le film, l’osmose entre la musique, l’image, l’action et l’émotion est exceptionnelle et dégage une sorte de magie. Les mélodies créées par Madan Mohar et rénovées par son fils Sanjeev Kohli, directement issues de l’âge d’or de Bollywood, ont un charme incontestable.
Si la musique et l’interprétation des acteurs sont de grands vecteurs d’émotion, la force et l’originalité du film résident essentiellement dans les messages délivrés, d’ailleurs Aditya Chopra a été récompensé aux Filmfare Awards pour l’histoire et les dialogues. Certains passages et poèmes méritent d’être cités, appris dans les écoles, gravés dans la pierre et dans le cœur des hommes, pour toujours…
Sacré Meilleur film 2004 par les Filmfare Award, Veer-Zaara restera sans doute une référence dans l’histoire de Bollywood, car il s’agit non seulement d’un grand film, mais aussi d’une étape dans la réconciliation indo-pakistanaise, qui contrairement à Main Hoon Na ou d’autres films, n’est pas "en toile de fond", mais bien le ressort principal du film.
Veer-Zaara a été présenté à Paris en avant première, à l’ouverture de la Bollywood Week 2006, en présence des stars du film : Shah Rukh Khan, Rani Mukherjee et Preity Zinta, et de son producteur et réalisateur, Yash Chopra.
Retrouvez photos et articles dans notre dossier consacré à l’événement.
Le film est disponible chez Bodega Films en version originale (magnifiquement) sous-titrée en français. Voici la bande-annonce tirée du double DVD :
Voir les Chansons de Veer Zaara traduites en français, par Angel-Mumtaz.