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Department


Bande originale

Dan Dan Cheeni Shoot Mix
Kammo
Theme Of Department – Ek Do Teen Chaar
Bad Boys
Mumbai Police

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La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 24 juillet 2012

Note :
(7.5/10)

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Rarement un film hindi aura été autant décrié, rarement son réalisateur aura été autant vilipendé. C’est pourtant le sort peu enviable de Department que l’arrogance crâne de son auteur n’a pu sauver du désastre commercial. La promotion du film assurée par une bande-annonce très violente qui ne laisse rien présager de neuf, et un item number qui confine à l’obscénité n’étaient pas non plus de nature à pousser les spectateurs dans les salles. A croire que même ses propres producteurs se sont ligués contre le film. Cette chronique serait-elle celle d’un ratage magistral ?

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L’équipe à la fête de lancement du film

Les autorités confient à l’inspecteur de police Mahadev Bhosale (Sanjay Dutt) la mise en place d’une équipe spéciale : le "Département", chargée de soumettre la pègre de Bombay sans se soucier des contraintes légales. Il recrute pour cela le jeune inspecteur Shiv Narayan (Rana Daggubati) dont il a eu l’occasion de constater les mérites lors d’une prise d’otages qui s’est terminée en carnage. Le Département ainsi constitué élimine méthodiquement les gangsters, en particuliers ceux de la bande de Sawatya (Vijay Raaz), un des deux grands caïds de la ville. Ce dernier, bien qu’embarrassé par la disparition de ses hommes, juge plus sage de ne pas répliquer pour ne pas risquer la vindicte policière. Son second falot D.K. (Abhimanyu Shekhar Singh), et plus encore Naseer (Madhu Shalini), l’ambitieuse petite amie de ce dernier, cherchent quant à eux un moyen de stopper l’hémorragie, quitte même à désobéir à leur chef.

Les cadavres s’accumulant, les policiers du Département commencent à se poser des questions sur les cibles désignées par Mahadev. Dans le même temps, Shiv est amené à sauver la vie de Sarjerao Gaikwad (Amitabh Bachchan), un ancien gangster devenu politicien trouble. Ce dernier semble le prendre en affection et lui offre en remerciement un appartement pour qu’il puisse se marier… tout en le mettant en garde à demi-mot contre son supérieur et mentor Mahadev…

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Mahadev n’a pas d’états d’âme

Produit et réalisé par Ram Gopal Varma (ou RGV comme tout le monde le surnomme), Department est sorti sous les huées en mai 2012. A l’exception des films à tout petit budget comme Phoonk ou l’excellent Not a Love Story, toutes ses réalisations dans le cinéma hindi depuis 7 ans ont été des échecs commerciaux. Mais cela ne l’a pas empêché de mener à bien ce projet de grande envergure avec deux vedettes de premier plan : Sanjay Dutt et Amitabh Bachchan. En renouant avec le film de gangsters qui a fait son plus grand succès avec Company, il a tenté rien de moins que de renouveler l’écriture cinématographique.

RGV utilise depuis longtemps des effets visuels particuliers comme des plans débullés ou de lents mouvements rotatifs de caméra sur plusieurs axes. Mais il a poussé le concept à son maximum dans Department où quasiment l’intégralité du film est constituée de plans étranges et de cadrages bizarres. Plus encore, il a très souvent troqué la caméra de cinéma conventionnelle contre un ensemble d’appareils photo fixes et mobiles (en majorité des Canon EOS 5D et 7D) qui capturent la même scène simultanément. Et c’est un important travail de montage qui donne son unité à la scène. Comme si cela ne suffisait pas, il a remplacé le directeur de la photographie par un groupe d’étudiants issus d’une école d’effets spéciaux pour réaliser la captation des images. Il a appelé cette méthode de tournage à très bas coût rogue filmmaking (réalisation de franc-tireur), considérant qu’elle permettait à tous ceux qui le désiraient de réaliser des films presque seuls et sans investissement. En fait, il a presque inventé son propre "dogme".

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Point de vue FPS (First Person Shooter)

Le rendu cinématographique du film est donc très inhabituel. Le public occidental a pu avoir un aperçu de certains effets avec Irréversible ou Enter the Void (que je trouve très déplaisants dans la forme et insupportables sur le fond) de Gaspar Noé, dans M le Maudit de Fritz Lang mais aussi chez Terry Gilliam par exemple. Mais alors que ces auteurs se concentrent le plus souvent sur le personnage central de la scène, RGV n’hésite pas à montrer les à-côtés. C’est étonnant, déroutant, occasionnellement raté et prétentieux, parfois même désagréable comme la caméra qui tourne rapidement et beaucoup trop longtemps autour de Shiv et sa femme, mais… une fois l’effet de surprise passé, cela donne un sentiment rare d’immersion, d’être présent avec les personnages. Kammo, la chanson du mariage est à cet égard remarquable, on a l’impression de danser avec les invités.

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Point de vue FPCS (First Person Carom Striker)

Que dire de plus si ce n’est que pour moi le cinéma doit être avant tout un spectacle et que la forme en elle-même comme la théorie qui la sous-tend ne m’intéressent absolument pas. La grammaire, qu’elle soit cinématographique, linguistique ou même informatique m’ennuie profondément. Seulement, là où Department est une grande réussite, c’est qu’en regardant le film, j’ai totalement oublié son écriture si particulière pour me retrouver immergé dans les bas-fonds de Bombay. Mieux, dans les moments de cinéma plus traditionnels, je l’ai regrettée.

Pour emporter l’adhésion du public réticent à la nouveauté, Department avait besoin d’une histoire très solide. Ce n’est malheureusement pas le cas. Elle comporterait pourtant suffisamment de rebondissements et de retournements pour susciter l’intérêt dans un film conventionnel. Training Day et Tueurs Nés ont visiblement influencé le scénario, mais comme eux, cela manque un peu de tension et d’émotion.

Le sujet de Department comme la modernité de sa mise en scène amènent assez naturellement un film plutôt violent et avec une vision assumée de la sexualité. Mais même si RGV a suivi la mode des scènes d’action esthétisantes avec ces coups de poing qui défoncent les murs, et qu’il n’est pas allé au-delà de ce que la pruderie indienne tolère, le film n’est clairement pas adapté au plus jeune public et il ne serait pas choquant qu’il soit interdit aux moins de 12 ans en France.

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Naseer essaye de convaincre D.K.

Une des difficultés de l’entreprise consistait à trouver des acteurs à la hauteur. Avec Amitabh Bachchan, RGV jouait sur du velours. Comme dans leurs précédentes collaborations, il est formidable, à la fois drôle et inquiétant à souhait dans son rôle de vieux roublard qui cite le Mahâbhârata entre deux menaces sous-entendues. Même si des problèmes de santé l’ont diminué lors de la postsynchronisation, il conserve une voix et une présence extraordinaires.

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Quelle allure !

Tel n’est malheureusement pas le cas de Sanjay Dutt. Il semble très fatigué et ne donne pas l’impression de bien comprendre ce qu’il fait là. En fait, il a l’air aussi fatigué, lourd et idiot que dans DUS, c’est dire… Etant donnée l’importance centrale de son personnage, c’est la vraie erreur de casting de Department.

Le troisième personnage principal, Shiv, est incarné par le jeune acteur tamoul Rana Daggubati. C’est assurément un beau bébé tout à fait à l’aise dans les nombreuses scènes d’action. Et les lectrices pourront se délecter des quelques photos de lui qu’on peut glaner sur Internet. Il joue très bien son rôle de jeune policier intègre qui ne comprend pas tout ce qui se passe. Mais après tout, on ne lui demande pas trop de comprendre de toute façon. Les autres personnages comme le don halluciné Sawatya interprété par Vijay Raaz ou la petite Naseer jouée par la charmante débutante Madhu Shalini sont tout à fait convaincants.

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Shiv et ses bras interminables

La bande son accompagne très bien le film, en particulier les nombreuses scènes d’action. Trois chansons sont chorégraphiées dont une très bonne reprise electro-pop de Thodi Si Jo Pee Li Hai vue dans Namak Halaal. Mais Department contient surtout la fameuse Dan Dan Cheeni personnifiée par Nathalia Kaur. Amateur des douceurs de Sheila et autre Chameli, j’avais été horrifié en découvrant le clip de Cheeni avant de voir le film. Il est d’une vulgarité rarement montrée dans le cinéma hindi. Mais lorsqu’on le voit dans la continuité du film, après des scènes d’une grande violence, son côté poisseux paraît presque normal et étrangement on ne s’offusque pas des grimaces indécentes de Nathalia Kaur. La chorégraphie et de nombreux plans de cette chanson montrent une forte influence du cinéma du sud dont est originaire RGV. Et Nathalia ressemble ici bien plus à Silk que Vidya dans The Dirty Picture.

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Ooh La La

Department est un film qui ose tout sur un sujet déjà largement traité à Bollywood. C’est parfois raté sur des points de détail, mais c’est très réussi dans l’ensemble. On ne s’ennuie pas et Ram Gopal Varma arrive à nous emmener là où il veut. Bravo l’artiste !

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