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Footpath

Traduction : Trottoir

Bande originale

Saari Raat Teri Yaad
Dil To Milte Hain
Dosti Miltey Hai
Soorat Pe Teri Pyar Aave
Kitna Pyara Hai Sama
Zara Dekh Mera Deewanapan
Chaain Aapko Mila

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La critique de Fantastikindia

Par Madhurifan - le 18 août 2009

Note :
(6/10)

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Arjun, ensanglanté, s’écroule et se souvient : trois gamins, Arjun Singh, Shekhar Srivastav et son petit frère Raghu, font les 400 coups dans les rues de Mumbai. Une vie aventureuse et risquée à voler des bouteilles de soda. Le père d’Arjun, syndicaliste engagé, voit d’un mauvais oeil les fréquentations de son fils. Idem pour Sanjana, sa petite amoureuse et sœur de Shekhar et Raghu. Un jour, le père d’Arjun est assassiné par un gang mafieux. Les trois amis partent en expédition pour le venger. Arjun en étant incapable, c’est Raghu qui tient l’arme du sacrifice et qui aide son ami à s’enfuir de la ville, scellant ce jour-là une amitié indéfectible entre eux.

12 ans plus tard, Arjun (Aftab Shivdasani) s’est construit une nouvelle vie de promoteur immobilier lorsque la police le retrouve. Elle lui met le marché en main : la prison ou bien infiltrer le gang des frères Srivastav afin d’identifier les fournisseurs de la drogue qu’ils vendent. Arjun accepte dans l’espoir de payer sa dette et de sauver ses amis Shekhar (Rahul Dev) et Raghu (Emraan Hashmi). En revenant sur les lieux de son enfance, il va se replonger au coeur de ce monde violent, corrompu et sans pitié, seulement illuminé par la belle Sanjana (Bipasha Basu).

Footpath est un film sombre, y compris dans ses scènes musicales. Inutile d’y chercher comédie ou humour. De toute façon, ce n’est pas trop le genre de Vikram Bhatt, le réalisateur, dont les drames (Aetbaar) sont plus réussis que les comédies (Deewane Huye Paagal). La particularité de ce film, ce qui le sort du lot, ce sont ses acteurs. Ils sont remarquables.

D’abord Arjun Singh : le bon héros, plongé dans une violence qu’il n’a jamais recherchée. Aftab Shivdasani construit son personnage avec précision et délicatesse. Certes, on n’échappe pas à quelques gros yeux ni au regard ébahi, voire ahuri, mais globalement, on croit vraiment à son personnage, écartelé entre amitié, amour et devoir. Aftab endosse les vêtements de son héros de façon magistrale et lui apporte une touche de désespoir très bien dosée. C’est probablement l’un de ses meilleurs rôles.

Il y a ensuite Shekhar, le méchant prêt à tout pour s’en sortir. Prêt à sacrifier ce qu’il a de plus sacré au nom du succès, de l’argent. Rahul Dev n’a pas à trop forcer tellement il a la tête de l’emploi. C’est un personnage antipathique et malsain mais son interprète sait y mettre des étincelles de tendresse. Et on ne peut s’empêcher de se demander si son destin n’aurait pas été différent s’il n’avait pas eu à assumer deux vies (la sienne et celle de son frère) au cours de sa jeunesse. D’une certaine façon, on en arrive à le plaindre. A noter que Rahul Dev a obtenu pour ce rôle un Zee Cine Award dans la catégorie du "meilleur méchant" :)

Mais le plus formidable des trois, c’est Raghu. Footpath est le premier rôle d’Emraan Hashmi (dans le civil, neveu de Mahesh Bhatt, le scénariste du film). Pour un début, il fait très fort et réussit à donner un relief étonnant à ce personnage, à virevolter magistralement entre ses aspects sains et malsains. Je n’ai pas souvenir d’une autre interprétation de cette qualité-là chez lui. Raghu, c’est le bon méchant. D’abord il est resté enfant, peut-être à cause de ce crime qu’il a commis au nom de l’amitié et qui a stoppé son évolution. À première vue, on peut se dire qu’il a la violence dans le sang. Mais on peut aussi se dire que son crime, il l’a accompli sans trop y réfléchir, par révolte et amitié, comme on peut faire des bêtises quand on est jeune. Et cela a bouleversé sa vie. Raghu est clairement déjanté. Il a des crises de violence extrêmes et des réflexions de gamin, un sourire de gamin. A la différence de Shekhar, il n’a jamais eu de responsabilités, il a toujours agi impulsivement, sous l’aile de ce grand frère protecteur. C’est un personnage à la fois terrifiant, imprévisible et attachant. Sa vie est guidée par quelques idées simples tournant autour de l’amitié et de l’affection. Il vit l’instant sans chercher de cohérence à ce monde. C’est ainsi par exemple qu’il est révolté par les dealers lorsqu’un ami meurt d’overdose alors que son frère et lui vivent de ce même trafic. Raghu, c’est Peter Pan dans les bas-fonds de l’Inde.


Dernier membre de ce quatuor, Sanjana. Bipasha Basu est tout à fait convaincante dans l’interprétation de cette fille à la jeunesse martyrisée, qui a réussi à se construire une vie tranquille de vendeuse de voitures et qui replonge par amour au milieu des démons de son enfance. Outre qu’elle est rayonnante et extrêmement belle, elle propose un jeu très réaliste et sensible. C’est la lumière du ciel (elle est d’ailleurs souvent habillée en bleu) au bout du tunnel. A titre anecdotique - quoique pas tant que ça - sa voix a été doublée pour ce film par Mona Shetty, qui l’avait déjà fait pour Raaz (et qui a également doublé Amisha Patel).

Pour résumer, quatre grands comédiens en pleine forme.

Dans les seconds rôles on remarque Irfan Khan, égal à lui-même c’est-à-dire excellent. Son apparence naturellement réservée, lui permet de camper sans forcer son rôle de parrain sournois.

Côté scénario, on a une histoire qui n’est certes pas extrêmement originale mais on ne s’ennuie pas pendant les 2h40 du film. Vikram Bhatt et son scénariste Mahesh Bhatt se sont inspirés des Anges de la Nuit (State of Grace) de Phil Joanou, avec Sean Penn, Ed Harris et Gary Oldman ainsi que d’un film de Mahesh Bhatt, Angaaray avec Akshay Kumar. Et en regardant Footpath, on n’a aucun doute sur l’indianité de ce scénario. Est-ce dû à l’universalité du sujet ou au talent du scénariste ? Probablement les deux. Mais il y a autre chose. Cette histoire peut être vue comme une référence à la Bagavad Gita, l’équivalent indien de la Bible (c’est d’ailleurs sur elle que jurent les témoins dans les procès en Inde). Le héros de Footpath est Arjun. Dans la Gita, le Prince Arjuna va devoir affronter et massacrer sa famille. Il est révolté à cette idée et c’est Krisna, son écuyer, qui va lui expliquer ce qu’est son devoir et ce qu’il signifie. Pour l’ordre du monde, pour la dignité de chacun, le massacre doit avoir lieu. Ici aussi, pour les mêmes raisons, le massacre doit avoir lieu. Et Arjun le sait et même s’il essaie de se tromper lui-même en s’imaginant pouvoir sauver ses amis, il sait parfaitement qu’il est le destructeur au moment où il accepte le marché.

La musique, interprétée par une brochette de bons chanteurs (Abhijeet, Asha Bhosle, Udit Narayan, Alka Yagnik), colle parfaitement à l’histoire et son refrain rythme efficacement les moments forts du film. Ses mélopées contribuent à renforcer le climat douloureux et anxiogène de Footpath. Mais, dès que le générique est fini, on l’oublie. En fait, elle fait partie intégrante du film sans qu’on puisse la considérer comme une œuvre indépendante. Shravan Rathod et Nadeem Saifi, à qui l’on doit par ailleurs Mere Jeevan Saathi, Dosti : Friends Forever et Bewafaa font un travail tout à fait estimable. Himesh Reshammiya a également composé une musique de la BO.

S’il n’y a rien de particulier à dire sur la mise en scène qui est efficace et propre mais sans grande originalité, par contre deux points méritent attention : la photo et les décors.

La photo est assurée par Pravin Bhatt, le père de Vikram, qui, outre sa participation aux films de son fils, a une longue carrière à son actif (Agneepath, Umrao Jaan…). On a dans Footpath un très beau travail de la couleur. La plupart des scènes se passent la nuit ou en intérieur. Les tons sont dans les marrons, les verts et surtout les bleus crépusculaires, parfois baignés d’une sorte de brouillard dont on ignore si c’est de la pollution ou de la brume. La couleur a clairement une fonction et c’est un des piliers sur lesquels Vikram Bhatt s’appuie.

Autre pilier et autre travail étonnant, les décors. La plus grande partie du film se déroule dans une rue qui semble boucler sur elle-même. A un bout se trouvent des arches un peu gothiques. On a beau tourner à droite, à gauche, on revient toujours à cette rue. C’est un huis clos rectangulaire. Une ruelle part de cette rue et un porche avec une grille amène dans une cour. Cette construction géométrique sent fortement le studio (à lui seul, le seul plateau de la rue a coûté 15 millions de roupies). Les passants avancent en se suivant presque en file indienne (sans jeu de mots). Les voitures se suivent à la même vitesse et sont parfaitement alignées. On se croirait dans un film américain des années 40 sur la prohibition. Clairement rien à voir avec la réalité de Mumbai, autrement plus désordonnée. Les pièces des appartements pour les scènes d’intérieur donnent sur cette rue. Bref, tous ces éléments cumulés, décor, couleurs, créent un climat un peu onirique, étouffant et oppressant. Cette utilisation du décor évoque ce qu’Hitchcock avait fait pour Fenêtre sur cour : le décor est bien le cinquième acteur.

Au final, on a un film qui, sans être exceptionnel, mérite d’être vu et en tout cas mérite bien plus que le peu de succès qu’il a eu. D’abord et surtout pour ses acteurs dont l’osmose est remarquable mais aussi pour un scénario plutôt bien construit et qui tient la distance. C’est en tout cas, à mon sens, un film à découvrir pour tous ceux qui sont un peu fatigués du jeu répétitif d’Emraan Hashmi dans ses derniers films pour ne pas dire dans tous ses films postérieurs à Footpath.


Note : 6 - A voir. Bon film. On ne s’ennuie pas.
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