Hameshaa
Traduction : Pour toujours…
Langue | Hindi |
Genre | Mélodrame |
Dir. Photo | V. Manikandan |
Acteurs | Saif Ali Khan, Kajol, Kader Khan, Aditya Pancholi, Aruna Irani, Laxmikant Berde, Milind Gunaji |
Dir. Musical | Anu Malik, Salim-Suleiman |
Paroliers | Maya Govind, Dev Kohli, Rahat Indori |
Chanteurs | Kumar Sanu, Sadhana Sargam, Udit Narayan, Alka Yagnik, Ila Arun, Abhijeet Bhattacharya |
Producteur | G.P. Sippy |
Durée | 138 mn |
Hameshaa, c’est une histoire qui commence dans les années 70. Raja (Saif Ali Khan) tombe amoureux de la belle Rani (Kajol) et, à grand renfort de déclarations, d’œillades enflammées et de foulards, finit par la conquérir. Ils jurent de s’aimer pour l’éternité (hameshaa signifie "toujours") et pas seulement pour cette vie-là. D’ailleurs, ils font bien car leur amour est de courte durée. En effet, le "meilleur ami" de Raja, Yash Vardhan (Aditya Pancholi), prince et donc socialement bien plus élevé que le héros, est également tombé amoureux de Rani. Lorsque son altesse se rend compte de la situation, il tue Raja. Mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que Rani décide de suivre Raja dans la mort, bien déterminée à le retrouver dans sa prochaine vie.
Vingt-deux ans se sont écoulés et Yash Vardhan vit toujours seul (enfin, avec la gouvernante et les domestiques) dans son palais vide (mais alors très, très vide). Et voilà qu’il tombe par hasard sur un article présentant une troupe de danseuses, dont la meneuse n’est autre que le parfait sosie de Rani…
Hameshaa est donc un film qui joue sur le thème de la réincarnation. Prenons Om Shanti Om, un film à succès assez récent sur ce même thème, comme élément de comparaison. Dans les deux films, les héros entament leur second cycle immédiatement après la fin du premier et retrouvent le "méchant" lorsqu’ils atteignent à peu près l’âge qu’ils avaient lorsqu’ils l’ont quitté, et ce, avec la même enveloppe corporelle (on comprend le côté pratique). Ainsi, seuls les autres personnages ont vieilli (l’ami, le méchant, la gouvernante, la mère…). Par contre, le but de la réincarnation n’est pas le même. Dans Om Shanti Om, il s’agit de vengeance et de châtiment, dans Hameshaa, il s’agit de faire aboutir l’histoire d’amour interrompue lors du premier cycle.
Au début du film, avec sa bande de copains du lycée et son blouson en cuir, Saif Ali Khan a des faux-semblants de John Travolta dans Grease. Et que dire de Kajol, qui fait tomber Saif à ses pieds dans le clip Neela Dupatta ? Juste que ça ressemble beaucoup à Olivia Newton-John dans You’re the one that I want… Mais les points communs s’arrêtent là. Le reste du film est loin de la comédie lycéenne.
En effet, tout du long, le film distille une atmosphère oppressante qui explose en violence, à l’occasion sanglante, à travers le personnage de Yash Vardhan, prêt à tout (même au meurtre, vous l’aurez compris) pour séparer les deux amoureux. Ce qui rend éphémères les moments "heureux" du film - on sait d’avance que ça va se gâter dans les instants qui vont suivre -, les deux héros ayant jusqu’à la fin une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes. Yash Vardhan est d’ailleurs intéressant dans la mesure où il dénonce la différence, assez mince parfois, entre l’amour et l’obsession. Il reste persuadé que loin de Raja, Rani l’aimera.
Ainsi, comme dans beaucoup de films, on essaye ici de donner une définition de l’amour. Dans Hameshaa, l’amour, ce n’est pas d’abord l’amitié comme dans Kuch Kuch Hota Hai (pour ne citer que lui). Ce n’est pas non plus l’aboutissement logique et souhaité d’un mariage arrangé (prenons Dulha Mil Gaya, par exemple). Ici, deux visions s’affrontent au travers des personnages de Rani et de Yash. Ce dernier aime la jeune femme mais c’est de l’amour excessif : il est violent, imposé, exclusif, jaloux et unilatéral. Il ne prend pas en compte les sentiments de l’être aimé, et par conséquent il a cessé d’être de l’amour pour devenir de l’obsession. Avec les années, ce qui était un accident suivi d’une mauvaise décision impulsive et irréversible (lâcher la main de Raja) est devenu une volonté implacable issue sans doute de l’isolement de Yash, seul dans son beau palais, qui a un rôle d’amplificateur et de déformateur.
Chez Rani, l’amour est tout aussi violent car elle n’hésite pas à mourir pour suivre l’être aimé, on est alors dans un cas typique de "Roméo et Juliette". Seulement, en mourant, Rani relance un nouveau cycle de réincarnation, ainsi, elle est à la fois destructrice et constructrice.
L’amour selon Raja est, lui, complètement mis à l’écart. Il est le héros, il aime l’héroïne et est prêt à tout pour elle, mais ça s’arrête-là. Seul le principe "l’amour, c’est la vie" laisse au héros une petite place dans le débat.
Dans le second cycle, l’accent est bien mis sur le personnage de Kajol car c’est elle qui déclenche les événements : elle est repérée par le prince, et c’est elle qui retrouve, par bribes, les souvenirs du premier cycle alors que pour Raja, il faut beaucoup plus de temps… et de persuasion. Au contraire, dans le premier cycle, c’est Raja qui est le lien entre Yash et Rani. C’est également lui qui fait la cour à la jeune femme. Mis à part le "méchant", les personnages secondaires font vraiment tapisserie. Le film tient uniquement sur les acteurs principaux.
Quant à la réalisation, ce film est une agréable surprise, c’est soigné et réfléchi. Dès le début, le réalisateur crée des ambiances autour de chacun des personnages principaux, ce qui permet de les identifier tout au long du film bien que les époques et les décors changent.
Prenons Yash Vardan en exemple. Dès la première scène, on devine que cette personne est fondamentalement mauvaise et dangereuse. Son évolution dans le film, tout comme chacune de ses apparitions, est accompagnée d’une musique sombre, particulièrement angoissante ainsi que d’une palette chromatique du même style qui envoie des signaux "attention danger" à votre cerveau. Rani est, elle, tout en couleurs éclatantes tandis que Raja est entouré d’un halo lumineux reflétant son caractère rêveur et idéaliste, avec un côté hors du temps.
D’un point de vue esthétique, on en prend plein les yeux malgré une image qui a vieilli. Les foulards improbables (mais totalement en accord avec le personnage) de Saif sont un spectacle à eux seuls. Sans parler de la transformation physique de la première partie dont nous ne nous sommes toujours pas remises. A la clé également, de très beaux paysages et édifices.
Le film vacille sans cesse entre la romance, avec quelques doses de comique (surjoué) dues aux seconds rôles, et le thriller, sans que l’on s’y attende forcément. Même le dénouement a un goût amer. Le tout donne beaucoup de cachet à la réalisation et surprend pour un film que l’on prend de prime abord pour une comédie romantique.
La musique ne marque pas les esprits même si elle n’est pas déplaisante. Les clips, en revanche, valent le coup d’œil tellement ils sont sympathiques et drôles. Il y a donc Neela Dupatta avec sa collection de chemises en satin de toutes les couleurs. Le très kitsch et réjouissant Dil Tumse Juda Kyun Hua est un régal pour les yeux et pour la bonne humeur : pantalon patte d’eph violet, foulards dans les cheveux et autour du cou, bretelles vertes associées à la chemise turquoise… Le chef costumier a vraiment dû s’amuser !
A ne pas manquer au passage le très sensuel et envoutant Aisa Milan qui nous a complètement séduites. L’ambiance, les couleurs chaudes, la sensualité des mouvements de Kajol, les regards brûlants de Saif… tout est très beau.
Hameshaa est un film qui peut passer inaperçu entre les gros succès des filmographies respectives des deux acteurs principaux. Kajol est déjà une héroïne confirmée et cette année-là, elle reçoit le filmfare award du meilleur rôle "négatif" dans Gupt, et un autre pour un film tamoul : Minsara Kanavu. De son côté, Saif Ali Khan n’est pas encore un des grands acteurs de Bollywood. Mais ce qu’il perd en maîtrise dans son jeu par rapport à des films plus récents comme Parineeta, il le gagne en fraîcheur. Et si Kajol est magnifique comme toujours, il manque à Saif un peu de maturité pour atteindre le degré de séduction qu’il peut avoir dans Hum Tum, par exemple. Par ailleurs, Hameshaa, c’est aussi l’occasion de voir Saif Ali Khan avec les yeux bleus. Au tout début du film, je ne savais pas ce qui me dérangeait autant chez l’acteur, mais ça rentre dans l’ordre dans la deuxième partie du film où Saif Ali Khan, réincarné en Raju, récupère ses superbes yeux marron.
Et tant pis si le couple Kajol/Saif Ali Khan n’a pas l’alchimie légendaire du couple Kajol/Shah Rukh Khan, il faut varier les plaisirs ! Celui-ci est assez rare et je serai curieuse de voir une romance entre des personnages joués par Kajol et le Saif Ali Khan d’aujourd’hui.
Julie : Hameshaa traite de thèmes chers à la culture indienne, à savoir l’éternité et la réincarnation au travers d’un couple incarné par Kajol et Saif Ali Khan. Couple qui vaut le détour, ne serait-ce que pour sa rareté à l’écran. La fin en arriverait presque trop vite, le dénouement est amené de façon rapide et soudaine (comme dans la plupart des Bollywood, ceci dit) et on peut regretter le fait qu’il n’y ait pas de troisième période. Peut-être pour l’équilibre… Jamais deux sans trois comme on dit et, pour l’harmonie, les chiffres impairs sont mieux. En résumé, bien que ce film soit loin du genre "romance et comédie", il apporte une touche très intéressante à une dvdthèque Bollywood du fait du traitement du sujet, de la réalisation et du casting peu commun. A noter toutefois qu’on ne se le passera peut-être pas en boucle si on veut garder une certaine sérénité. 7/10
Marine : Si vous cherchez comment passer une après-midi maussade et/ou pluvieuse, Hameshaa est un divertissement sympathique. Notamment pour ceux en mal d’une Kajol trop peu présente dans l’actualité du cinéma qui n’auraient pas encore vu ce film. Un film intéressant pour les curieux et les fans de Kajol et de Saif Ali Khan. 6/10