Har Dil Jo Pyar Karega
Traduction : Chaque cœur qui aime
Langue | Hindi |
Genre | Comédie romantique |
Dir. Photo | W. B. Rao |
Acteurs | Shah Rukh Khan, Rani Mukherjee, Preity Zinta, Salman Khan, Paresh Rawal, Shakti Kapoor, Sana Saeed |
Dir. Musical | Anu Malik |
Parolier | Sameer |
Chanteurs | KK, Udit Narayan, Alka Yagnik, Sonu Nigam, Anu Malik, Preeti & Pinki, Prashant |
Producteur | Sajid Nadiadwala |
Durée | 173 mn |
Ce n’est pas le film du siècle, ce n’est même pas celui de l’année 2000, et ceci expliquant cela, la raison de cet « oubli » dans les chroniques de Fantastikindia. Nous sommes donc allés y voir de plus près. Har Dil Jo Pyar Karega, littéralement « Tout cœur qui aime », est une comédie romantique à base du classique triangle amoureux. Rien de bien nouveau, sauf qu’ici le triangle est un peu particulier, une des trois personnes qui le compose est dans le coma.
Commençons par le début. Raj (Salman Khan) est un gentil garçon sans famille qui chante sur les plages de Goa, en s’accompagnant de sa guitare. Mais, il rêve de devenir une grande star et pour cela, il se rend à Bombay, en compagnie de son ami Abdul (Neeraj Vora), décidé à réussir coûte que coûte. Après avoir arnaqué l’oncle d’Abdul (Shakti Kapoor), les deux garçons commencent la tournée des producteurs de musique, et un soir, ils croisent la route de Pooja (Rani Mukherjee). Raj lui sauve la vie, la sortant de sa voiture renversée sur la voie ferrée, juste avant le passage d’un train. Mais Pooja, conduite à l’hôpital par le jeune homme, est inconsciente. S’en suit un quiproquo, les médecins et la famille de la jeune femme prennent Raj pour Romi, le mari de Pooja qu’ils ne connaissent pas encore. Pour diverses raisons, en particulier parce qu’il découvre que le père de Pooja est un important producteur, Raj ne rectifie pas l’erreur. Mais arrive Jahnvi (Preity Zinta), la meilleure amie de Pooja…
Le scénario est assez librement inspiré d’une comédie américaine avec Sandra Bullock, While You Were Sleeping, à la différence près que dans le film hollywoodien, c’est la jeune femme qui joue l’imposteur. Ici nous sommes dans un pur produit de Bollywood et les rebondissements loufoques font tout l’agrément de cette comédie sans autre prétention que de divertir avec une super star confirmée, Salman, et deux stars montantes, Rani et Preity. Un bon point pour l’intrigue, la multitude de seconds rôles ne nuit pas à la narration, ce qui est le cas dans certains masalas où une chatte aurait du mal à retrouver ses petits. Cela donne lieu au contraire à quelques gags franchement drôles. L’épisode de l’abri bus vendu comme échoppe à l’oncle d’Abdul en est un.
L’arrivée de Rahul, à la recherche de Tina, suivi par Anjali, au chevet de Pooja devant une famille médusée en est un autre. Cela vous rappelle quelque chose ? Peut-être Kuch Kuch Hota Hai ? Gagné ! Shah Rukh Khan vient demander : « Qu’est-il arrivé à ma femme ? Pourquoi es-tu là ? Pourquoi ne dis-tu rien ? » Puis deux médecins l’entraînent délicatement en expliquant qu’il est un de leurs patients, tandis que la petite Sana Seed demande à la famille de l’excuser, car… son père a perdu la tête en même temps que son épouse. L’exemple même d’un caméo très réussi et bien amené. Pour les inconditionnel(le)s du Baad Shah, c’est un clin d’œil réjouissant et, pour les autres, un excellent moment comique venant fort à propos détendre l’atmosphère après un moment de forte tension dramatique.
Les acteurs s’en sortent assez bien. Sans être une grande admiratrice de Salman (c’est un euphémisme), il faut lui reconnaître ici un jeu agréable, sans excès d’effet « yeux mouillés ». Seuls les petits cris aigus qu’il pousse par moments, à la Michael Jackson, sont exaspérants. Dommage que la complicité entre lui et les deux actrices, Preity Zinta ou Rani Mukherjee, ne soit pas plus forte, alors que toutes les deux font une paire d’amies crédible. Une mention pour la performance de Rani. Dans un rôle où elle doit rester dans un lit, impassible et les yeux au plafond, pendant une bonne moitié du film, elle est parfaite. Qu’elle ait été nommée pour un award du meilleur second rôle, n’a rien d’étonnant. Il lui a fallu certainement une grande maîtrise pour ne pas éclater de rire quand les autres acteurs s’agitaient autour d’elle. Idem pour la scène inattendue de la gifle, aussi surprenante pour le spectateur que pour Raj lorsqu’il la reçoit.
Plusieurs seconds rôles méritent que l’on s’y arrête. Ne revenons pas sur le caméo de Shah Rukh que l’on retrouve, par ailleurs, une nouvelle fois à la fin du film. Paresh Raval, souvent sous utilisé dans des rôles comiques, est touchant dans l’emploi du père de Jahnvi, mais la palme va à Shakti Kapoor, l’oncle berné, déjanté, dans un comique de répétition qui lasse parfois un peu, mais qui fait plutôt mouche la plupart du temps. Un autre clin d’œil à repérer, le caméo du compositeur Anu Malik. On le voit brièvement derrière la table de mixage dans la scène d’enregistrement d’une chanson de Raj, Dil Dil Deewana. Il demande à celui-ci de reprendre une octave plus bas.
Sa musique est bien sûr excellente, et rien que pour quelques morceaux comme la chanson titre, Har Dil Jo Pyar Karega (dans ses deux versions), le film mérite d’être vu. Nous avons une petite préférence pour la version triste, non chorégraphiée, accompagnée de chœurs, parfaite. Le long morceau Piya Piya O Piya est du sur-mesure pour mettre en valeur les deux actrices. Et l’interprétation de Preeti & Pinki, les deux chanteuses, leur a valu à juste titre un prix. Très agréable aussi, Aate Jaate Jo Milta Hai, qui marque le début de la relation entre Raj et Jahnvi. En revanche, les morceaux censés être interprétés par Raj comme chanteur sont les plus faibles et ne sont pas inoubliables.
Côté chorégraphie, voir le nom de Farah Khan au générique est en général un gage de qualité, à défaut de finesse. C’est plutôt le cas ici. On peut toutefois regretter que certaines aient vieilli. Il vaut mieux oublier la première, sur le morceau Ek Garam Chai Ki Pyaali, carrément ridicule : Salman-Raj s’y trémousse sur la plage de Goa entouré de jeunes filles peu vêtues (c’est la règle du jeu), mais chaussées de tongs à gros pompons (c’est plus rare) donnant furieusement l’impression qu’elles dansent en pantoufles. On comprend alors les amis qui vous disent avoir laissé tomber le film avant l’Intermission. Ils ont eu tort, car cela s’améliore ensuite. La deuxième partie est meilleure que la première, sous cet aspect-là aussi. C’est un peu normal, puisque Pooja sort enfin de son coma.
Quelques mots avant de conclure sur le réalisateur, disparu en 2012. Raj Kanwar, à classer dans les faiseurs plutôt que dans les créateurs de Bollywood, n’a pas laissé de grands films ayant marqué les esprits. Et si l’un se détache du lot, ce n’est pas tant en raison de ses qualités propres que de la personnalité de l’un des acteurs. En effet, Deewana fut le premier film de Shah Rukh Khan à sortir en salles. A ce titre, il a notre respect. Ici, il s’en tire plutôt honorablement. Har Dil Jo Pyar Karega mérite donc d’être vu au moins une fois, pour ses chansons, pour quelques gags hilarants, pour le caméo de Shah Rukh. Mais l’auteure de ces lignes n’est pas objective, dès qu’il s’agit de l’acteur.