Konchem Ishtam Konchem Kashtam
Traduction : Un peu d'amour, un peu d'adversité
Langue | Telugu |
Genre | Comédie romantique |
Dir. Photo | Vijay C. Chakravarthy |
Acteurs | Siddharth, Prakash Raj, Ramya Krishnan, Tamanna, Nasser, Brahmanandam |
Dir. Musical | Shankar-Ehsaan-Loy |
Paroliers | Ramajogayya Sastry, Sirivennela Sitaramasastri, Chandrabose, Chinni Charan, Seetharama Sastry |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Sadhana Sargam, Sonu Nigam, Shilpa Rao, Shankar Mahadevan, Raman Mahadevan, Mahalakshmi Iyer, Clinton Cerejo, Hemachandra, Unnikrishnan |
Producteur | Nallamalupu Bujji |
Durée | 167 mn |
Geeta (Tamanna) est une jeune fille de la campagne de l’Andhra Pradesh où son père (Nasser) est chef de village. Elle a grandi heureuse auprès de sa famille, surtout auprès de son père avec qui elle entretient une véritable complicité. Quittant le cocon familial pour aller étudier à Hyderabad, elle se retrouve à partager la vie de jeune fille urbaine de sa cousine, chez qui elle habite, et sa bande d’amis branchés. Parmi eux, il y a Siddhu (Siddharth), jeune diplômé, décidé à croquer la vie à pleines dents, surtout en collectionnant les conquêtes, avant d’entrer dans la vie active et de se ranger. Quand Siddhu et Geeta se rencontrent, l’ambiance n’est pas à la fête, surtout en ce qui concerne la demoiselle, agacée par ce dragueur invétéré. Son point de vue sur le jeune homme change quand elle apprend, par la bande, que Siddhu cache, par son attitude exubérante, une profonde blessure : il est enfant de parents divorcés. Le courant passe alors entre nos deux tourtereaux et plus rien ne semble s’opposer à leur amour réciproque…C’est sans compter sur le papa de la belle, formellement opposé à donner la main de sa fille à un homme qui, par sa condition d’enfant de divorcés, n’a pas été élevé dans le respect des valeurs familiales. Quand on aime, on le sait, on ne compte pas ou plutôt on n’a pas peur des obstacles : Siddhu s’impose comme épreuve de rabibocher ses parents (Prakash Raj et Ramya Krishna) et, s’il y parvient, il aura la belle Geeta et la bénédiction du futur beau-papa. Mais les choses sont loin d’être aussi faciles qu’il ne l’avait imaginé…
Kishore Kumar, homonyme de l’illustre chanteur, fait ses débuts à la réalisation avec cette sympathique comédie romantique familiale, Konchem Ishtam Konchem Kashtam, en surfant sur le succès de Nuvvostanante Nenoddantana et de Bommarillu. Pour ce faire, il emprunte plusieurs motifs qui avaient fait recette pour ces deux hits du box-office du cinéma régional telugu en y introduisant quelques variantes pour rafraîchir le tout. Le premier emprunt concerne le schéma narratif : la rencontre entre deux jeunes gens de milieux et de caractères opposés qui donne lieu aux classiques chamailleries avant l’évolution des sentiments débouchant inéluctablement sur la prise de conscience d’un amour réciproque ; l’opposition du père de la belle ; la mise à l’épreuve du jeune damoiseau (eh oui, il faut bien mériter sa dulcinée, gagner son cœur ne suffit pas, il faut aussi gagner celui du papa) et le dénouement final après moult péripéties. La variante introduite par Konchem Ishtam Konchem Kashtam réside dans l’épreuve en question : au lieu de trimer dans la boue et le purin comme dans Nuvvostanante Nenoddantana pour apprendre la valeur du travail, Siddhu doit ici réconcilier ses deux parents, séparés par les années et la rancœur, pour apprendre la valeur de la famille et c’est loin d’être une sinécure ! Cette variante du motif "épreuve" a, dans Konchem Ishtam Konchem Kashtam, une saveur aigre-douce, oscillant entre comédie et drame familial. Certaines scènes, comme Prakash Raj affublé d’un tablier multicolore faisant la cuisine vous font mourir de rire, alors que le pauvre Siddhu confessant, penaud, son échec vous tire une larmichette.
Pour le casting, Kishore Kumar se livre, comme pour le schéma narratif, à ce jeu de reprises et de variantes. Prakash Raj, valeur sûre du cinéma du sud, quel que soit le rôle (parrain mafieux ou père dans tous ses états) rejoue le papa de Siddharth, comme dans Nuvvostanante Nenoddantana et Bommarillu. Siddharth reprend aussi son rôle de jeune décontracté bien dans ses baskets qui se transforme en chevalier servant pour les beaux yeux de sa belle. Son interprétation est excellente dans ce registre, mais il est dommage qu’on ne le retrouve plus, ces derniers temps, dans un rôle dramatique à la Rang De Basanti ou à la Aayutha Ezhutu. Dans le rôle du papa de Geeta, en homme aussi droit dans ses principes que dans son dhoti, on retrouve Nasser, qui campait un personnage similaire dans Poovellam Kettupaar.
Du côté féminin, en variable d’ajustement en quelque sorte — si vous me permettez cette réflexion ironique et néanmoins révélatrice du statut de la femme dans l’industrie cinématographique indienne, quelle que soit la région —, c’est Tamanna, la nouvelle coqueluche du sud révélée, à juste titre, par Kalloori qui est l’héroïne, remplaçant en cela Trisha ou Genelia. Le jeu de Tamanna est assez sobre, pas d’exagération dans la mimique, tout est dans son regard, en revanche elle partage moins d’alchimie sur la pellicule avec son partenaire que les deux premières. Trop de froideur, de distance ? Allez savoir, en tout cas, la complicité entre les deux héros ne saute pas aux yeux. Si Siddhu se bat pour surmonter l’épreuve qu’il s’est imposée, on a parfois l’impression que la belle rame à contre-courant. Quant à Ramya Krishna, il est loin le temps où elle jouait la harceleuse de Chahaat. La quarantaine ayant frappé, elle est désormais cantonnée aux rôles de mère, ce qu’elle fait bien en étant celle de Siddharth dans le film, sans avoir pour autant perdu sa hargne, puisqu’elle est ici aveuglée non plus par le désir, mais par le ressentiment.
La musique est le seul élément véritablement novateur de ce film. Composée par le trio Shankar-Ehsaan-Loy, habitué du cinéma hindi, elle mêle habilement les sonorités du nord à celles du sud comme dans la chanson Panchirey où l’on entend (et voit) les dhol punjabi. D’ailleurs, Siddharth, en kurta noire — qu’il porte à merveille — gratifie le spectateur de quelques pas de bhangra. La chanson Andha Sidhanga met en scène nos deux héros affublés de curieux costumes, mi-modernes mi-traditionnels, avec une conception de la modernité tout à fait caractéristique de la mode telugu… Quant à Abacha, on y retrouve la voix de Shilpa Rao, habituée de BO hindi. Elle chorégraphie une petit numéro de séduction de l’héroïne, aidée de ses amies, pour l’anniversaire de son héros.
En dépit des quelques réserves émises, Konchem Ishtam Konchem Kashtam est un film agréable à regarder, d’autant que la photographie, très belle, met remarquablement en valeur les couleurs des différents polos de Siddharth (allant du jaune poussin au rose fuchsia) et des chorégraphies. C’est une comédie classique, rafraîchie par la musique et le casting. En revanche, la morale finale, qui stigmatise les enfants de parents divorcés, laisse un arrière-goût d’amertume. Il est vrai que le mariage est l’institution magnifiée par la cinématographie indienne quelle que soit la région, et que, par conséquent, le divorce est représenté de façon négative, jetant l’opprobre sur ceux qui l’ont pratiqué. Mais faut-il pour autant laisser penser que les enfants, déjà victimes d’avoir grandi avec des parents divorcés, reproduiront fatalement le schéma qu’ils ont connu et qui les a rendu malheureux ? C’est faire preuve d’une exagération mal placée dans le déterminisme social surtout pour un film qui revendique par la musique, les chorégraphies, les costumes, les décors et les milieux sociaux représentés, une certaine modernité.