L’Inde des Livres, une moisson d’idées-cadeaux pour les fêtes
Publié vendredi 28 novembre 2014
Dernière modification lundi 24 novembre 2014
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Rien de mieux qu’une balade au salon de l’Inde des Livres, organisé par l’association Les Comptoirs de l’Inde, les 15 et 16 novembre derniers, pour en repartir avec une énorme cargaison de livres. Et bien sûr, comme Noël approche à grand pas, on a quitté les grandes salles accueillantes de la Mairie du XXe arrondissement de Paris avec une longue liste de cadeaux à offrir ou à se faire offrir.
Maintenant bien rodée, cette manifestation annuelle en était à sa 4e édition. Et il n’y avait pas que des livres — ce qui aurait déjà été bien —, mais beaucoup d’autres choses… Le salon était aussi l’occasion de découvrir plusieurs expositions très intéressantes. L’art des tribus était représenté par les étonnantes peintures en noir et blanc des Warlis, qu’auraient pu réaliser des aborigènes d’Australie qui auraient oublié la polychromie, par l’art des Gond plus coloré, ou encore par des masques himalayens.
Et pour commémorer le centenaire de la Première Guerre mondiale, une exposition consacrée aux Troupes indiennes en France : 1914-1918 était déployée dans des espaces voisins de la grande librairie. Un livre de Douglas Gressieux accompagne cette exposition du centenaire. Des photographies aussi, celles des Bishnoïs, cette communauté strictement non violente et écologiste du nord de l’Inde, à propos de laquelle Irène Frain, présente au salon, a publié en 2011, chez Michel Lafon, La Forêt des 29… Nous ne passerons pas en revue la liste des dédicaces, débats et rencontres que vous avez ratés. Il y en avait pour tous les goûts.
Bien sûr, comme l’an dernier, la musique, la danse et les arts martiaux étaient au rendez-vous. La gastronomie indienne ne fut pas oubliée : entre deux débats ou spectacles vous pouviez déguster un tchai (délicieux) et quelques samossas ou autres friandises. Les plus gourmands, ou les plus motivés, avaient même une chance de recevoir un livre de cuisine, Inde Cuisine intime et gourmande de Beena Paradin (La Martinière 2013), en répondant à un quiz sur la cuisine indienne, tandis que les accros du 7e art pouvaient espérer gagner quelques DVD en répondant au quiz cinéma. La projection du vendredi soir leur donnait aussi l’opportunité de découvrir ou redécouvrir le beau film d’Alain Corneau, Nocturne indien.
Mais, parlons livres. Regrouper en un seul lieu la plupart des ouvrages récemment parus était évidemment le premier cadeau offert aux amoureux de l’Inde. Il y a ceux que vous aviez l’intention de lire, ceux dont vous ignoriez l’existence avant de vous y rendre et d’autres encore que vous ne pensez pas toujours à chercher lorsque vous farfouillez dans les rayons d’une librairie, dispersés qu’ils sont dans de multiples rayons : littérature, beaux-arts, sciences humaines, ethnologie, voyages, etc. Au détour des stands, deuxième avantage et non des moindres, la découverte d’anciens romans ou essais dont les ami(e)s vous avaient entretenu et que vous aviez fini par oublier. Chic ! Vous pouviez ainsi feuilleter et acquérir quelques livres maintenant à peu près introuvables ailleurs. Un seul regret, n’avoir pas trouvé de nouveautés dans le domaine qui intéresse en priorité Fantastikindia, celui du cinéma. Mais les organisateurs n’y sont pour rien, les publications dans ce domaine sont hélas fort rares, du moins en français. Hormis quelques essais déjà datés de spécialistes de la question, rien à se mettre sous la dent de ce côté-là.
Rien, j’exagère un peu. Je regrette beaucoup d’avoir raté un moment privilégié, la lecture d’un poème en ourdou par Javed Akhtar que les fidèles de Fantastikindia connaissent bien puisque ce grand poète est aussi scénariste et parolier de nombreuses chansons de films de Bollywood. Présent à Paris pour quelques jours, Akhtar était au salon le samedi à 11h, pour son inauguration, et en tout début d’après-midi. Il devait y dédicacer les premiers exemplaires de son recueil D’autres Mondes d’où était tiré son poème. Vous devrez patienter quelques jours pour vous le procurer, il paraîtra chez l’éditeur Janus, en janvier prochain, en édition bilingue.
Cette année les invités d’honneur de l’Inde des Livres étaient l’écrivain Pavan K. Varma, auteur de plusieurs essais sur la société indienne et l’évolution de son pays, et dernièrement d’un beau roman, les Falaises de Wangsisina dont nous avons déjà parlé, et Catherine Clément qui dédicaçait un peu plus tard son Dictionnaire des Dieux et des déesses, et son beau roman maintenant en édition de poche, La Reine des Cipayes. Tous deux ont aussi répondu aux questions des visiteurs au cours d’un débat, le samedi après-midi.
Maintenant, il ne vous reste plus qu’à attendre un an la prochaine édition. Pour patienter jusque-là et pour conclure, en plus des livres déjà mentionnés, voici une petite sélection complémentaire d’idées-cadeaux, forcément subjective, que nous y avons glanée :
– Le Cricket Club des Talibans, de Timeri N. Murari, paru en mars 2014 au Mercure de France : sans doute quelques nuits d’insomnie en perspective, car vous aurez du mal à le lâcher avant de l’avoir terminé.
– Bollywood Apocalypse de Manil Suri, publié en mars aussi chez Albin Michel, délirant et haletant.
– Comme des Barbares en Inde de Jean-Claude Perrier, pour suivre les traces de Pierre Loti, André Malraux, Henri Michaux et André Gide en Inde, un essai paru en mai 2014.
– Du même Perrier, dans la petite collection du Mercure de France, « le Goût de… », dont le principe en est une sélection de textes d’écrivains sur un même thème présentés par un auteur. N’hésitez pas donc pas à vous plonger le Goût des Villes de l’Inde, paru en 2005, réédité en 2012.
Si comme moi, vous adorez cette collection, hélas un peu chère, de l’éditeur Plon, le Dictionnaire amoureux de l’Inde de Jean-Claude Carrière, déjà ancien mais toujours disponible, et le Dictionnaire amoureux des dieux et des déesses de Catherine Clément, qui vient de paraître, sont faits pour vous. Moins chers, du premier, un Petit dictionnaire amoureux de l’Inde, paru chez Pocket en 2013, et une Promenade avec les Dieux de l’Inde, de la seconde, dans la collection Points Sagesses, sont toutefois de bonnes entrées en matière.
Côté livres d’art : pour quelques euros, vous ne regretterez pas d’acquérir l’album de l’exposition qui se termine le 11 janvier 2015 à la Pinacothèque de Paris, Le Kâma-Sûtra : spiritualité et érotisme dans l’art indien, hors-série de Connaissance des Arts, ou mieux encore, pour un prix raisonnable, le catalogue de cette belle collection d’œuvres d’art venues en partie d’Udaïpur. Et, l’Art ancestral des Warlis, aborigènes de l’Inde, par Christian Guillais et Michelle Panhelleux aux éditions Lulu, ces surprenantes peintures dont il a été question plus haut, ne devrait pas vous laisser indifférents. A moins que vous ne préfériez commencer par le commencement. Dans ce cas, deux Guides des Arts de l’éditeur Hazan constituent une bonne initiation : L’Inde et L’Hindouisme, très pédagogiques et très bien illustrés.
Et si le père Noël jouait le dépaysement cette année ? Il serait bien avisé de suivre le conseil que donnait Marine il y a quelques mois, et de déposer dans les petits souliers des enfants de tout âge (de 7 à 77 ans selon la formule consacrée), Les Contes aux parfums d’une Inde sacrée. Et que rien ne l’empêche d’ajouter au pied du sapin, pour les petits, quelques albums illustrés d’Anuskhka Ravishankar, Où est Petit Tigre ? (Syros), Un deux trois… dans l’arbre (Actes Sud) ou encore Les éléphants n’oublient jamais (Tourbillon). Pour les plus grands, il peut y adjoindre les Contes du roi Vikram de Viney Nourjehan, paru chez Actes Sud.