Le Secret de Kanwar (Qissa), sortie le 3 septembre
Publié vendredi 29 août 2014
Dernière modification jeudi 28 août 2014
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Nous en avions rêvé, Zootrope l’a fait. Cette jeune société (10 ans) qui avait déjà distribué Shakhti en 2006 a, pour notre plus grande joie, mis à son catalogue le film mi-réaliste mi-fantastique d’Anup Singh, projeté pour la première fois au festival international de Toronto en 2013, Qissa : The Tale of a Lonely Ghost (Qissa : le conte d’un fantôme solitaire).
Après avoir raflé de nombreux prix, un des derniers étant celui du jury à Vesoul au mois de février dernier, Qissa sort enfin en France le 3 septembre prochain sous un nouveau titre, le Secret de Kanwar. Il raconte l’histoire d’un homme, Umber Singh, père de famille sikh, contraint, lors de la partition de 1947, de quitter avec les siens son village, situé du mauvais côté de la frontière. Il a déjà trois filles, a tout abandonné derrière lui, et son dernier espoir serait d’avoir un fils, un héritier. Plus tard, au Pendjab où il a recommencé une nouvelle vie, lorsque sa femme Mehar accouche de leur quatrième enfant, une fille, il refuse l’évidence et décide de l’élever comme un garçon. Ce sera Kanwar. Les choses commencent à se compliquer lorsqu’Umber marie Kanwar avec une jeune gitane, Neeli…
L’œuvre traite bien sûr des questions du déracinement et de l’identité, de la situation des femmes, et interroge sur le rapport, la cohabitation, entre la part féminine et la part masculine en chaque individu. Le point de départ de l’intrigue s’inspire de la vie du grand-père du cinéaste, contraint lui-même de fuir après la partition, mais a aussi des résonances particulières avec l’histoire personnelle d’Anup Singh qui a ressenti son départ de sa terre natale, la Tanzanie, comme un arrachement. Né dans ce pays en 1961, le metteur en scène y a grandi jusqu’à l’âge de 14 ans. Il a été ensuite contraint d’en partir pour échapper à des violences politiques et a déménagé à Bombay avec sa famille, d’origine sikh et pendjabi, comme son héros, avant d’émigrer en Grande-Bretagne où il a passé ensuite vingt-cinq ans.
Après The Name of the River, tourné en 2002, Qissa, ou le Secret de Kanwar, est le deuxième film d’Anug Singh. Son long métrage est le fruit d’une coopération et d’une coproduction assurée par quatre pays associés : l’Inde, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Il a été tourné au Pendjab, et en langue pendjabi. Pour incarner son héros, Umber dont il dit qu’il est déjà un fantôme lorsqu’il quitte son pays, il a choisi l’excellent, et plus qu’excellent, Irrfan Khan. Ce dernier nous avait parlé de ce film lorsque nous l’avions rencontré l’automne dernier. C’est ici.
Nous ne savions pas alors si nous aurions un jour la chance de voir Qissa dans les salles hexagonales, et Irrfan nous avait dit qu’il l’espérait pour nous parce que ce film pourrait bien changer la vision des français sur le cinéma indien. Après la très bonne réception du public faite à The Lunchbox, depuis sa sortie en décembre dernier, nous souhaitons encore plus pouvoir lui donner raison. Et qu’autant de spectateurs se pressent aux projections du Secret de Kanwar. D’autant plus que la promo du film rappelle habilement à ceux qui ne connaissent pas encore très bien cet acteur exigeant qu’ils ont déjà pu l’apprécier dans ce succès mérité.
Pour terminer, deux mots sur le reste du casting. Tisca Chopra est Mehar Singh, la femme d’Umber, tandis que Tillotama Shome, qui a débuté avec Mira Nair dans le Mariage des moussons, incarne Kanwar, sa fille devenue fils malgré elle. Et, encore un dernier mot, sur la lumière et l’image ; elles sont particulièrement soignées, dans des plans composés comme des tableaux, ainsi qu’on peut déjà s’en rendre compte dans la bande-annonce.
La voici sous-titrée en français :