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Les Recettes du Bonheur

Titre original : The Hundred-Foot Journey

LanguesHindi, Anglais, Français
GenreComédie dramatique
Dir. PhotoLinus Sandgren
ActeursOm Puri, Juhi Chawla, Manish Dayal, Amit Shah, Farzana Dua Elahe, Charlotte Le Bon, Helen Mirren
Dir. MusicalA. R. Rahman
ParolierGulzar
ChanteursA. R. Rahman, Nakash Aziz
ProducteursSteven Spielberg, Oprah Winfrey , Juliet Blake
Durée122 mn

Bande originale

Afreen

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Alineji - le 6 novembre 2014

Note :
(8/10)

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Coproduit par le grand Spielberg, les Recettes du Bonheur, adapté du livre de Richard C. Morais « Le Voyage de cent pas », est sorti sur les écrans le 10 septembre dernier. Le film est réalisé par Lasse Hallström, auteur de plusieurs comédies plus ou moins bonnes, telles que Le Chocolat ou Des Saumons dans le désert. Il a pour cadre principal un charmant village du sud-ouest cher au cœur de l’auteure de ces lignes, Saint-Antonin-Noble-Val, niché au fond d’une vallée des Gorges de l’Aveyron, qui devient rapidement un des protagonistes de l’histoire, avec ses ruelles médiévales étroites, sa halle de pierre, sa place de la mairie et son marché. Oui, oui, il est exactement dans le film comme dans la vraie vie ! Pittoresque, complexe et plein de contradictions.

Assez parlé de Saint-Antonin. Un beau jour ensoleillé, la famille Kadam, qui a fui l’Inde à la suite d’émeutes raciales, déboule dans un break fatigué sur les coteaux qui surplombent le bourg. Une grande maison à vendre à l’entrée du village donne au père (Om Puri) l’idée d’ouvrir un restaurant indien et de renouer avec la tradition familiale, et ce d’autant plus que le second fils, Hassan (Manish Dayal), a non seulement le goût de cuisiner mais aussi un réel talent pour cela. Tout irait pour le mieux s’il n’y avait un tout petit problème propre à gripper ce beau projet. De l’autre côté de la route, à cent pas seulement, est implantée l’auberge de Madame Mallory (Helen Mirren), le Saule pleureur, 1 étoile au Michelin, que le président de la République lui-même et divers ministres honorent régulièrement de leur présence.

Cette comédie familiale, culinaire et romantique, marche un peu sur les traces de The Lunchbox. Assurément la bonne chère permet aux personnes solitaires de renouer avec la vie et ses plaisirs. Sans avoir la subtilité du film de Ritesh Batra, la cuisine du réalisateur suédois est digeste et légère. D’aucuns lui ont reproché d’être trop sucrée. Pour que la sauce prenne dans ce genre de composition, mieux vaut nous semble-t-il mettre du sucre ou du miel, plutôt que du fiel. Toutefois, au détour de quelques situations burlesques, sont abordés, bien sûr sans s’y appesantir, des thèmes plus sérieux, le rejet de l’autre, le racisme, la compétition farouche entre rivaux. L’histoire d’une ambition et d’une réussite sociale et financière, celles d’un chef « venu d’ailleurs » parmi les grandes toques hexagonales, qui dans le livre était centrale, est ici reléguée au second plan ou même carrément évacuée. Et c’est très bien.

Les relations entre les personnages, leur évolution progressive vers une sorte de renaissance qui passe par l’apprivoisement des saveurs sont au cœur du film d’Hallström. En resserrant l’intrigue dans un temps assez court, le scénariste, Steven Knight, introduit une romance qu’il place habilement à la fois comme le moteur du désir de réussite d’Hassan, au lieu de l’ambition — peu cinématographique dans ce type de comédie —, et comme le garde-fou à cette dernière. L’émulation entre Hassan et la jeune sous-chef Marguerite (Charlotte Le Bon) est plus une joute amoureuse qu’une compétition professionnelle. Ils parlent le même langage, c’est ce qu’il veut lui démontrer et qu’elle ne comprend pas au début.

Il faut dire également que le film est porté par les acteurs. On a plaisir à retrouver Om Puri à ce point excellent et dans un rôle attachant et contrasté. Du pater familias indien, attendrissant mais un peu borné, au charmeur maladroit, il développe avec beaucoup d’élégance une palette de jeu très nuancée, face à la redoutable et impériale Helen Mirren. Parfaite comme d’habitude. Et on se fiche pas mal qu’une actrice anglaise ait été choisie pour incarner une restauratrice typiquement frenchie, quand elle a son talent. Charlotte Le Bon, ex Miss météo de Canal Plus, campe une Marguerite, aussi fraîche que le nom qu’elle porte dans le film. La palme va à Manish Dayal. Le jeune acteur américain, qui a plutôt tourné dans des séries télévisées jusqu’à présent, est non seulement très beau, mais il apporte aussi au rôle toute la candeur (parfaitement craquante pour le public féminin) qui lui est indispensable. On a envie de le revoir très souvent au cinéma. Un mot encore à propos de Juhi Chawla, que l’on voit malheureusement très peu, dans un caméo un peu développé de la partie indienne du scénario. En mère de famille mûre, elle est étonnante et on se prend à regretter que son personnage ne survive pas plus longtemps.

Le seul qui semble moins à l’aise est Michel Blanc. Dans la peau du maire, il assure le service minimum. Il faut reconnaître que son personnage est sacrifié ; on le voit en permanence attablé, sous le regard réprobateur de son épouse. Mais peut-être est-ce là l’image, le cliché, qu’ont inspiré Saint-Antonin et ses environs au scénariste et au réalisateur ? Une région aussi gâtée par la nature ne pourrait avoir que des édiles bons vivants dont la principale occupation serait de manger et de régler les vagues problèmes locaux entre la poire et le fromage. Curieuse caricature quand-même, même dans un long-métrage tournant autour de la haute gastronomie !

Côté humour, le registre est plutôt celui de la délicatesse et de la tendresse. L’air scandalisé des enfants lorsqu’ils apprennent que leur père a marchandé leur première nuit d’hôtel, à leur arrivée dans le village, ou les dialogues imaginaires qu’entretient Om Puri avec son épouse défunte en sont de bons exemples. Mais la rivalité entre le Saule pleureur et la Maison Mumbai donne lieu à des scènes cocasses, comme lorsque Papa Kadam racole littéralement la clientèle à la porte de son restaurant affublé d’un grand turban, après avoir hissé un improbable décor kitchissime devant sa porte sous les yeux effarés de la très distinguée Madame Mallory : l’illustration parfaite du choc des cultures.

La musique devient elle-même rapidement un des personnages du film, parfois utilisée comme une arme de guerre, parfois comme un outil de réconciliation. On la doit à A. R. Rahman. On pouvait difficilement trouver mieux pour s’accorder aux sentiments des personnages. Il mêle subtilement les accents et les morceaux occidentaux à des extraits de chansons bollywoodiennes (on entend au passage Lata Mangeshkar et Kishore Kumar) au gré des humeurs. La danse d’Helen Mirren et Om Puri sur une mélodie nostalgique d’Aznavour (Yesterday) est un grand moment d’émotion.

Alors pour conclure, Les Recettes du bonheur est un vrai « feel good movie », un moment de cinéma dont on ressort heureux… au moins pour les quelques heures qui suivent la projection. Car, il faut bien reconnaître que si le film rassasie, il ne vous laisse pas un souvenir impérissable comme quelques grandes comédies américaines d’antan. Mais qui sait ! Laissons le vieillir, il tient beaucoup du conte et comme tous les contes, il se bonifiera sans doute en prenant de la bouteille.

La bande-annonce

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